Ecosystem Leader pour le programme « What’s Next CIO ? » d’Alliancy, Gérard Guinamand résume les enseignements de la dernière étude qu’il a mené sur la façon dont les chief information officers incarnent leur responsabilité de garantir un socle technologique, sécuritaire et éthique viable, afin de tirer pleinement parti de l’IA.
L’IA est perçue comme une technologie qui bouleverse les organisations d’une manière inédite depuis 40 ans, en raison de sa rapidité d’évolution et d’adoption. Les changements se produisent en quelques mois, rendant les méthodes de conduite du changement classiques difficiles à appliquer. L’impact potentiel sur le business est radical, car de nouveaux acteurs peuvent émerger avec des modèles opérationnels et des structures de coûts totalement différents, menaçant les entreprises établies. Cependant, un contrepoint historique rappelle que des ruptures majeures ont déjà eu lieu. Les CIO doivent donc s’appuyer sur ces expériences pour mieux appréhender la vague actuelle. Ils doivent à la fois accompagner la modernisation des infrastructures, introduire de nouvelles technologies et garantir la résilience face aux risques croissants de cybersécurité et de dépendance technologique. D’autres sujets clés entrent également en jeu : les budgets dédiés à l’IA, les compétences internes, la gouvernance des données, la réglementation, l’éthique et la responsabilité numérique…
Les convergences de neuf organisations françaises de référence
Dans le cadre du programme « What’s Next CIO ? » d’Alliancy, j’ai récemment pu mener une étude qui se focalise sur le cœur de métier du CIO à l’aune de cette transformation IA majeure. Son objectif ? Analyser comment le CIO peut gérer la tension entre les fortes attentes du COMEX en matière de projets d’IA et sa responsabilité de garantir un socle technologique, sécuritaire et éthique viable, sans être perçu comme un frein. Autrement dit, l’enjeu est de comprendre quel est le profil ou le portrait-robot du CIO « AI Ready », aujourd’hui et à un horizon de 2-3 ans. Pour parbenir à définir ce portrait-robot, douze organisations françaises de premier plan ont contribué à définir les axes à aborder au cours d’un atelier ou ont été interviewées: BPCE Solutions informatique, Bpifrance, Bristol-Mayer Sqibb, La Cnam, Médiamétrie, Paprec, Thalès, Transdev, RTE, Matmut Sacem ainsi qu’Elastic, partenaire du programme.
Pour esquisser ce profil du “CIO AI Ready”, c’est-à-dire du CIO prêt à tirer pleinement parti de l’IA pour les années à venir, il est nécessaire de passer en revue six thématiques clés, qui donnent autant de visages complémentaires au CIO.
| Axe | Profil du CIO | Description |
|---|---|---|
| Axe 1 : Demande & Types d’IA | Le CIO « Stratège Pédagogue »
« L’IA doit répondre à un besoin, pas l’IA pour l’IA » « Former et inspirer, écouter les préoccupations » |
Centré sur le métier, il garde toujours le cas d’usage métier en ligne de mire. Il canalise l’engouement pour l’IA générative (GenAI) vers des projets industrialisables pour servir une finalité business claire. Il sait dire non aux gadgets technologiques. C’est un communicant efficace. Il brise les silos et il crée du lien entre experts techniques et experts métiers. Il « évangélise » son Comex sur les potentiels de l’IA, tout en suscitant des attentes réalistes en ce qui concerne les bénéfices. Il impulse l’acculturation de masse pour transformer l’IA en compétences fondamentales pour tous. C’est un acteur de l’écosystème externe, il échange avec d’autres CIO, participe à des ateliers, comme ceux du programme « What’s Next, CIO ? » d’Alliancy, pour effectuer des analyses comparatives et s’inspirer des meilleures pratiques. |
| Axe 2 : Investissements | Le CIO « Architecte Hybride Pragmatique »
« Chef de projet ROIste et investisseur avisé » |
Il maîtrise l’argumentaire financier autour de l’IA. Il sait construire un business case (ou une vision de la valeur) pour obtenir des financements malgré l’incertitude initiale et pour contrer les vœux pieux (wishful thinking). Il intègre les coûts cachés (il n’annonce pas que l’IA est « gratuite » une fois la preuve de valeur apportée). Il sait aussi dialoguer avec la finance et les métiers en parlant concrètement du retour sur investissement (temps gagné, ventes additionnelles, etc.). Il investit prioritairement dans les plateformes de gestion des données et les infrastructures de calcul (GPU), tout en gérant l’incertitude par la modularité et le choix de solutions hybrides (cloud et on-premise). |
| Axe 3 : Make or Buy | Le CIO « Garant de la Maîtrise Souveraine »
« Optimiser les ressources en combinant le meilleur de l’interne et de l’externe » |
Équilibriste pragmatique, il adopte une posture sans dogme sur le make or buy. Il privilégie une stratégie hybride (fabriquer ce qui est central, acheter ce qui est standard). Il maîtrise les critères de décision (coût complet, différenciation, compétences, souveraineté) et peut les expliquer au Comex. Le CIO développe des compétences internes (MLOps, RAG) pour être un acheteur intelligent. Il assure la souveraineté sur les sujets critiques (on-premise, open source) et exige de « blinder » les contrats face à la dépendance. |
| Axe 4 : Data Management | Le CIO « Catalyseur de la Qualité Data »
« Sans “data readiness”, pas d’IA performante ! » |
Chef d’orchestre de la transformation data, il a compris que l’IA n’est que la partie émergée de l’iceberg – dessous il y a la donnée. Le CIO œuvre à mettre en place une solide gouvernance data (ou collabore étroitement avec un CDO, et il clarifie les rôles entre IT et métiers. Il garantit l’existence de données de qualité, accessibles et gouvernées. En outre, il milite pour que la qualité de ces données soit reconnue comme une responsabilité partagée, avec l’IT comme support et les métiers comme propriétaires. Il utilise l’IA pour éclairer la gouvernance. Il promeut le désilotage via des architectures sécurisées. |
| Axe 5 : Résilience & Éthique | Le CIO « Régulateur de Confiance »
« Confiance et sécurité d’abord » |
Il intègre la sécurité by design et anticipe l’AI Act. Il porte également haut le message que la DSI garantit la sécurité, mais que les métiers garantissent l’éthique des cas d’usage. Il n’hésite pas à mettre des garde-fous (brider l’usage de certains outils ou imposer une validation humaine des décisions IA). Il déploie une stratégie de défense IA contre IA. Il se pose en conscience de l’IA dans l’organisation : il rappelle les risques de biais, s’assure qu’on les évalue, évite les applications contraires aux valeurs de l’entreprise. |
| Axe 6 : Sobriété & Environnement | Le CIO « Visionnaire de la Soutenabilité »
« Maximiser la valeur, minimiser l’impact » |
Il inscrit son action dans la durabilité. Il est sensible à l’empreinte écologique et sociale de l’IA. Il promeut des actions pour réduire la consommation énergétique (choix d’infrastructure efficiente, mutualisation des data centers, modèles/usages frugaux). Il dialogue avec la direction RSE pour fixer des objectifs en la matière et intègre le coût énergétique/carbone dans les critères d’investissement. Le CIO s’assure que l’IA ne se fait pas au détriment de l’humain. |
L’étude complète d’une cinquantaine de pages est disponible auprès d’Alliancy.
Tech In Sport
Green Tech Leaders
Alliancy Elevate
International
Nominations
Politique publique


