Au sommet franco-allemand de Berlin sur la souveraineté numérique, Paris et Berlin ont affiché un front commun. Le CESIN salue l’élan mais avertit : sans infrastructures maîtrisées, réglementation lisible et investissements massifs, l’Europe restera dépendante.
Berlin a promis un sursaut numérique. Mais pour le CESIN un sursaut n’est pas une stratégie. Le sommet franco-allemand de Berlin a voulu envoyer un signal clair : reprendre la main sur les infrastructures critiques, soutenir les solutions européennes, réduire les dépendances qui fragilisent administrations et entreprises. Le CESIN, qui réunit plus de 1 200 responsables cybersécurité, y voit une impulsion bienvenue mais refuse l’illusion d’un tournant déjà accompli. Pour l’association, la souveraineté ne peut exister qu’avec des capacités de calcul, d’IA et de stockage opérées et protégées en Europe, hors de portée des juridictions extraterritoriales. Tant que ces briques fondamentales resteront contrôlées par des acteurs non européens, la résilience restera un idéal plus qu’une réalité opérationnelle.
Une régulation trop dense pour être efficace
Deuxième point d’alerte : la réglementation. L’Omnibus Cyber et les dispositifs associés empilent normes et obligations, au risque d’étrangler des équipes déjà sous pression. Le CESIN appelle à une régulation lisible et proportionnée, condition essentielle pour permettre aux acteurs publics et privés de consacrer leur énergie à la protection effective plutôt qu’à la gestion bureaucratique. Selon le club, la compétitivité européenne dépend désormais de ce réalisme réglementaire : une règle incomprise affaiblit la sécurité au lieu de la renforcer.
Un déficit d’investissements qui menace l’autonomie européenne
Troisième chantier : l’argent, encore trop rare. Pour rivaliser avec les écosystèmes nord-américains ou asiatiques, l’Europe doit financer massivement ses infrastructures, ses clouds, ses solutions cybersécurité. Le CESIN plaide pour un effort coordonné, associant financements publics, capitaux privés et soutien institutionnel, faute de quoi les acteurs européens resteront condamnés à suivre le tempo technologique des autres. L’association rappelle aussi l’importance d’un diagnostic objectif. Il faut identifier les dépendances, mesurer les risques, comprendre les marges d’action. Pour que l’ambition franco-allemande devienne plus qu’un symbole, l’Europe devra construire ce qu’elle promet, à savoir, des infrastructures qu’elle maîtrise, des règles qu’elle peut appliquer et des investissements à la hauteur des discours.
