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Magali Olivier (Atlantic 2.0) « Faire de Nantes la ville la plus cool pour installer son entreprise innovante »

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Magali Olivier, Directrice opérationnelle du festival Web2Day et Atlantic 2.0 © Atlantic 2.0

Après un festival Web2day réussi début juin, la « start-up associative » Atlantic 2.0 se tourne vers un second semestre 2015 plein de promesses. Magali Olivier, directrice des opérations et de l’organisation répond à nos questions sur la dynamique qui anime l’écosystème nantais depuis quelques années.

Atlantic 2.0 s’est créée en 2008. Qu’est-ce qui a le plus changé pour vous depuis ?

L’une des étapes clés a été l’ouverture en 2011 de la Cantine, en plein centre-ville. Nous sommes allés à la rencontre des acteurs institutionnels, publics et des investisseurs privés. Notre budget a augmenté, mais surtout, nous avions enfin un lieu physique à montrer, pour provoquer des rencontres, augmenter la visibilité et accélérer la dynamique du mouvement. Dans la foulée nous avons lancé notre accélérateur, la start-up Factory. En 2012, le festival Web2day, que nous organisons chaque année depuis notre création, a également pris une toute autre dimension. Nous avons changé de lieu, nous l’avons organisé sur deux jours au lieu d’un seul, nous lui avons donné un caractère international, qui a accentué sa médiatisation et son influence.

L’évènement est souvent qualifié de 2e festival français du numérique, derrière Le Web. L’édition 2015 a été un nouveau succès ?

Nous avons continué avec un parti-pris à la fois international et local. Nous ne nous sommes pas limités aux acteurs américains : certains speakers sont venus d’Amérique du sud ou d’Afrique. Pour nous différencier de Le Web, nous avons également imaginé une track dédiée aux développeurs, Tech2Day, qui a été un succès et sera reproduite en 2016. Nous avons également souhaité développer l’approche « quartier » en élargissant Web2Day au-delà d’un seul lieu. Notre modèle est SouthbySouthWest (SXSW) à Austin, au Texas. A terme l’objectif est de faire vivre tout Nantes au rythme du festival, quitte à le faire durer plus longtemps, un peu comme ce que l’on peut voir avec Futur-en-Seine à Paris. Et en gardant toujours notre volonté de satisfaire tous les publics, de l’individu à l’entreprise, en allant plus loin que les sujets de conférences sur les business models ou le marketing.

Espace Stereolux à Nantes qui a accueilli le festival Web2Day © Atlantic 2.0

Comment expliquez-vous cette réussite nantaise autour du numérique ?

La taille de la ville, ni trop grande, ni trop petite, n’y est pas étrangère : il est plus facile de fédérer beaucoup d’acteurs et surtout de faire apparaitre la volonté commune de rendre la ville plus visible, plus dynamique – ce dont n’a pas autant besoin Paris par exemple. L’an dernier, nous avons reçu le label French Tech, qui est une belle reconnaissance alors que nous avons été parmi les premiers à nous positionner sur le sujet. Mais contrairement à d’autres villes, nous avions déjà la « force du collectif » avant Nantes Tech. Le label nous permet d’aller plus vite dans notre développement, et aussi de renforcer les axes clés d’innovation que sont l’e-santé et les nouveaux matériaux. Le but est de ne pas rester concentré uniquement sur les sujets logiciels et web ; le numérique et l’innovation ne se limitent pas à cela. Notre objectif est de faire de Nantes la ville la plus cool pour installer son entreprise innovante.

Qu’est-ce qui fera la différence ?

Il faut montrer que l’écosystème est ouvert pour les nouveaux acteurs, que des structures existent pour les aider à s’installer, à se développer. La politique de la ville doit aussi être dynamique, apporter de l’aide pour trouver des locaux, pour faire des rencontres, pour se financer. Enfin, il est nécessaire d’offrir des opportunités de recrutement pour que les entreprises puissent innover grâce à nos talents. Dans la région, les écoles me paraissent extrêmement à l’écoute et réactives vis-à-vis des besoins des entrepreneurs en la matière. Elles adaptent depuis plusieurs années leur cursus et elles favorisent le lien entre étudiants et entreprises. Nantes est en avance sur tous ces points, même s’il est toujours possible de faire encore mieux.

De la start-up au grand groupe, tout le monde y trouve-t-il son intérêt ?

Nous allons continuer à « booster » les start-up mais il est vrai qu’il faut également diffuser la culture numérique auprès des acteurs de taille plus importante. Nous constatons un vif intérêt de la part de ces derniers. Une entreprise comme ERDF, membre depuis 2012, est un de nos partenaires très actifs par exemple. Nous menons également des cycles d’action, intitulés « Webisons l’industrie », qui sont en quelques sortes la « rencontre des capuches avec les cravates ». Cela va de rencontres informelles entre acteurs de tailles variées jusqu’à des évènements dédiés pour les grands comptes. Les entreprises de taille intermédiaire et les PME sont sans doute les plus difficiles à toucher, mais depuis 7 ans, nous voyons les mentalités évoluer et les ponts se créer. Goubault Imprimeur (5,6 M€ de CA pour une cinquantaine d’employés, ndlr) par exemple s’est montrée particulièrement ouverte sur le numérique, avec une forte motivation de son PDG Dominique Goubault. Nous voulons entretenir cet intérêt. Nous sommes aussi partenaires des « Learning Expeditions » organisée par la région. Celles-ci envoient tout un panel d’acteurs, grands comme petits – et nous avec – à San Francisco pendant une semaine pour faire face à l’expérience américaine. Sur place, nous assurons le liant entre des représentants d’entreprises très différentes… Et au retour, chacun ne se contente pas de repartir de son côté : cette expérience outre-Atlantique intense permet de maintenir des liens pour dynamiser l’écosystème.

Que prévoyez-vous d’ici la fin de l’année ?

Le grand rendez-vous de la rentrée sera la Nantes Digital Week, du 17 au 27 septembre. Ces dix jours vont regrouper plus d’une centaine d’évènements consacrés au numérique. Une partie sera dédiée au grand public, mais il y aura également des sujets pour les professionnels. Nous organisons notre start-up weekend à cette occasion, qui devrait accueillir près de 140 personnes. A plus long terme, nous allons développer notre accompagnement des entreprises, notamment à deux niveaux : le financement, qui reste concentré dans les sphères parisiennes, et l’hébergement. D’ici fin 2017, le quartier de l’île de Nantes, nouveau cœur de la ville, sera fin prêt pour accueillir une version 2 de la Cantine, encore plus ambitieuse qui nous permettra notamment d’héberger par nous-mêmes des start-up.

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