Un nouvel Observatoire sur les technologies et la souveraineté numérique

Télécom Paris et Netexplo annoncent le lancement, sous le haut patronage de Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques, d’un Observatoire consacré aux « Technologies » et à la « Souveraineté numérique ». Rejoint par Capgemini Invent, EdF, Renault Group, Orange Business Services et Le Village by CA, ce projet vise à créer plus de synergies et à promouvoir les bonnes pratiques en matière de transformation digitale pour que l’Union européenne ne devienne pas une colonie du monde numérique.

Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, se sont rendus ce jeudi 20 mai à la Pop School à Paris pour présenter leur plan de financement à hauteur de 90 millions d’euros. Le but étant plus précisément de créer dès septembre 10 000 formations supplémentaires à destinations des personnes les plus éloignées de l’emploi.

Elisabeth Borne, ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, se sont rendus ce jeudi 20 mai à la Pop School à Paris pour présenter leur plan visant à créer dès septembre 10 000 formations supplémentaires à destinations des personnes les plus éloignées de l’emploi.

Après s’être rendu le 20 mai dernier à la Pop School à Paris pour présenter son plan de financement de 90 millions d’euros pour former les talents numériques, le Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques, Cédric O a participé le même jour au lancement d’un nouvel Observatoire consacré aux « Technologies » et à la « Souveraineté numérique ». La conférence de presse en ligne, organisée par Télécom Paris et Netexplo, a réuni tous les dirigeants de chaque grand groupe partenaire : Capgemini Invent, EDF, Renault Group, Orange Business Services et Le Village by CA.

« Il n’y a pas de souveraineté tout court sans souveraineté technologique et numérique, déclare Cédric O. Nous voyons tous pendant ce confinement à quel point c’est un sujet important. » Ce dernier rappelle l’importance du travail sur les écosystèmes de start-up, une dynamique à accentuer avec l’aide des grands groupes.

Gaëlle Regnard, directrice générale de la Fédération nationale du Crédit Agricole, partage cet avis et défend l’importance du sourcing de start-up présentes dans les différents villages du Crédit Agricole implantés dans toute la France. Cela permettrait aux entreprises de s’inspirer des métiers qui sont les plus ancrés dans le monde numérique – comme le secteur du paiement – et diffuser le savoir à travers les écosystèmes territoriaux.

Cédric O enchaîne en rappelant la nécessité d’investir davantage les secteurs des technologies critiques comme l’intelligence artificielle, le quantique, la cybersécurité et le cloud pour que l’Europe puisse garder sa place dans la compétition internationale. 

S’agissant du cloud par exemple, le réseau mondial de cabinets d’audit et de conseil KPMG estimait récemment que, sans prise de décisions majeures sur ces enjeux, l’Europe pourrait perdre 20 à 50% de l’impact économique estimé sur ce marché.

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« La souveraineté se jouera dans la guerre des talents »

« Nous ne pouvons pas comprendre les enjeux politiques et économiques sans prendre en compte les enjeux technologiques », précise Nicolas Glady, Directeur de l’école Télécom Paris. Selon lui, l’enjeu de l’Observatoire est de donner de la visibilité aux connaissances sur les technologies et les délivrer aux décideurs et chefs d’entreprise.

En effet, le premier rôle de cet Observatoire est de mettre en relation les acteurs politiques, économiques et sociaux autour de travaux d’études. Cette recherche permettra d’appuyer d’une part les grandes décisions stratégiques en matière de transformation numérique et d’autre part d’alimenter les formations professionnelles sur ces enjeux.

Pour Etienne Bonhomme, patron d’OBS, « la stratégie qui va gagner sera celle du collectif » et de se féliciter de voir la complémentarité des membres du projet, entre acteurs publics, académiques et grandes entreprises. « La souveraineté numérique, c’est aussi la souveraineté des talents », conclut-il avant de préciser que grâce à sa présence dans 130 pays dans le monde, OBS va pouvoir apporter ses compétences et retours d’expérience pour aider le travail de sourcing de l’Observatoire.

Les études produites par l’Observatoire ont vocation à mettre en lumière les bonnes pratiques et des cas d’usage transverses pour adapter les cursus de formations aux nouvelles technologies, et ainsi, augmenter leur qualité.

Nicolas Glady prône à ce sujet le modèle d’école d’ingénieurs “à la française” qui forme des talents non pas par domaines technologiques spécialisés mais sur des questions de recherche fondamentale jusqu’aux cas d’usage. 

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« La souveraineté se jouera dans la guerre des talents”, scande Cédric O avant de préciser qu’il faut adapter les formations aux technologies émergentes comme la Deeptech et la 5G. Concernant la 5G par ailleurs, le secrétaire d’État affirme que le potentiel est énorme – notamment dans le secteur des urgences ou de l’agriculture – et il faudrait mettre davantage en valeur les gains possibles dans les territoires. La question de l’innovation est source de tension et ce dernier prend l’exemple des vaccins et de la 5G qui « ont du mal à convaincre ».

L’agriculteur et membre du Conseil National du Numérique (CNNum) Hervé Pillaud vient ensuite corroborer les propos de Cédric O en précisant que la 5G, les objets connectés et l’intelligence artificielle sont nécessaires pour « produire plus, produire mieux et rester compétitif ». De son côté, le maire de Nevers Denis Thuriot, pense que tout l’enjeu est de savoir comment la technologie, et en particulier la 5g, peut-elle contribuer à réduire la fracture numérique dans nos territoires.

Débureaucratiser la recherche française

C’est au tour du chercheur en électronique et informatique Claude Berrou de prendre la parole. Le fondateur de la start-up OSO-ai développant une solution de télésurveillance sonore dans les hôpitaux et les résidences pour seniors, réagit également aux propos de Cédric O sur l’excellence de la recherche française et sa capacité, à travers la création de start-up, de nous équiper numériquement sans l’aide d’acteurs non-européens. Pour lui, la multiplication des dispositifs encourageant l’innovation nuit au travail du chercheur, qui doit faire face à des freins administratifs relatifs aux demandes de financements. 

Ce à quoi Cédric O répond que « le jardin à la française reste beaucoup plus compliqué à faire à cause de la bureaucratisation de la recherche ». Il rejoint Claude Berrou sur le besoin de simplifier les démarches administratives qu’entreprennent les chercheurs, notamment sur les appels d’offres.

La souveraineté est aussi un enjeu critique pour l’industrie automobile. Pascal Candau Renault déplore le fait que le tournant du véhicule autonome va se heurter à un problème d’approvisionnement en matière de composants électroniques, principalement produits par la Chine. « Nous aurons aussi besoin de logiciels, poursuit-il, et sur ce point nous sommes plutôt souverains. […] Nos concurrents chiois et américains ont déjà fait leurs alliances et l’Europe doit en faire de même. » Ce dernier félicite l’initiative Software République officialisée dernièrement pour réunir plusieurs grands acteurs industriels au sein d’un écosystème de compétences dédié à la mobilité.

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Marko Erman, Senior Vice President et Chief Scientific Officer de Thales, est aussi partenaire du projet Software République. Il estime que la souveraineté technologique est multiforme : la formation des talents et le développement d’une culture d’entreprise autour du numérique doivent tenir compte du contexte géopolitique et des développements technologiques en cours. « Ces réflexions sur la souveraineté guident la recherche sur le quoi, le comment, le où, avec qui et pour qui… ajoute-t-il. Nous ne pouvons pas nous contenter d’un des pans de la souveraineté car un système de production ne peut pas fonctionner sans les talents entre autres. »

Marko Erman est un des derniers intervenants à clôturer cette table ronde et pour lui, une chose est sûre : il n’y aura pas de souveraineté nationale sans souveraineté européenne.  Il conclut : « On reste maître de son destin… mais avec d’autres ! ».