Alliancy

OTAN en emporte l’Europe

 

[Billet d’humeur] Alors qu’Emmanuel Macron a profité du sommet de l’OTAN à La Haye pour vanter la puissance technologique de la France et sa volonté de souveraineté numérique, le décalage entre discours et réalité continue de grandir. À force de multiplier les annonces sans stratégie lisible, le numérique tricolore risque de se perdre dans les vents contraires de la géopolitique et de la communication.

 

À force de courir derrière les grandes causes, la tech française finit par s’essouffler. Cette semaine encore, au sommet de l’OTAN à La Haye, Emmanuel Macron a voulu projeter la France comme une puissance techno-souveraine, résiliente, dotée d’une base industrielle solide. Le tout, bien sûr, sur fond de réarmement géopolitique et de cyberdéfense. Autant dire que les mots ont fusé plus vite que les drones.

Mais à force de faire feu de tout bois – IA, cloud, cybersécurité, quantique, défense – le discours présidentiel prend parfois des airs de feuilleton de guerre technologique, avec cliffhanger permanent. Et nous, dans l’écosystème numérique, on a un peu l’impression d’assister à un blockbuster où la France veut jouer Iron Man avec le budget de Kaamelott.

Certes, il faut saluer la prise de conscience : la guerre est aussi numérique, les données sont un enjeu de souveraineté, et les câbles sous-marins sont devenus les nouvelles lignes Maginot. Mais à force de vouloir tout faire, tout de suite, on finit par multiplier les annonces sans toujours réussir à poser des fondations solides. Un jour on célèbre l’« autonomie stratégique », le lendemain on annonce une nouvelle dépendance à Microsoft pour équiper nos ministères.

La tech française mérite mieux qu’une stratégie de communication à jet continu. Elle a besoin de cap, de cohérence, de moyens à la hauteur des ambitions affichées. Et surtout de temps – ce précieux temps que les start-up, les chercheurs, les ingénieurs réclament pour transformer les promesses en produits, les idées en infrastructures.

Mais le temps, c’est bien ce que la politique semble le plus redouter. Il faut des résultats vite, très vite. Et pendant que les discours s’envolent au sommet de l’OTAN, sur le terrain, dans les PME ou les labos, on rame. Autant dire que pour l’instant, OTAN en emporte le vent… et la tempête numérique, elle, continue de souffler.

 

 

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