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Salon Big Data & AI : Des stands flashy pour attirer, des discours musclés pour alerter

 

Derrière les gadgets et animations ludiques du salon Big Data & AI, les intervenants sonnent l’alarme : l’Europe doit accélérer sur la souveraineté numérique face aux géants américains, pendant que les PME, elles, tentent encore de comprendre comment adopter l’IA.

 

Elle est fraîche ma data ! Pour aimanter les 17 000 visiteurs vers leurs stands, les 220 exposants du salon Big Data & AI ont rivalisé d’ingéniosité. Mais ici, ni criée ni boniments, mais des stratégies marketing tape-à-l’œil. Ces 1er et 2 octobre 2025, le stand Oracle propose, par exemple, aux passants de s’adonner à la conduite virtuelle d’un véhicule de F1. “Nous sommes bien obligés d’utiliser des stratégies de différenciation”, explique le spécialiste de l’IA Matteo Procoppe, tout en pointant du menton le babyfoot proposé par IBM. Celui-ci analyse le jeu des deux adversaires grâce à des caméras situées au-dessus du terrain miniature. “Ça attire l’œil”, confirme un visiteur, tout en précisant que ces stratagèmes sont habituels dans ce genre de salon. Le rendez-vous de l’écosystème data et IA n’a donc pas échappé à la règle. Ni au sujet prégnant de cette année : la souveraineté.

 

 

Une menace géopolitique

 

La thématique fut posée sur la table d’entrée lors de la conférence d’ouverture de cette treizième édition par Cédric Villani. Mathématicien de renom et ancien député, il était, en 2018, co-auteur d’un rapport commandé par Edouard Philippe, alors premier ministre,sur l’intelligence artificielle. Un rapport qui “anticipe les enjeux d’aujourd’hui”, selon la nouvelle directrice du salon Big Data & AI, Emilie Pierre-Desmonde, . Cédric Villani anticipait déjà que “l’échelon européen était indispensable, pour des questions de taille de marché”. Aujourd’hui, le mathématicien constate encore une concentration de ce marché de la part “des gigantesques géants de la tech américaine”. “Elle est contraire à toutes les doctrines d’économie du marché, y compris la doctrine libérale sincère, et fait courir un risque politique”, a-t-il insisté d’un ton véhément devant un auditoire exceptionnellement attentif.

 

 

Des PME éloignées du sujet

 

Pour Sylvie Houliere-Mayca aussi, “il y a un risque d’ingérence de puissances étrangères”. La directrice générale France-Middle East Africa & BeLux d’OVHCLOUD a confirmé les propos de l’ancien député, ajoutant que “le cloud est devenu un enjeu aussi stratégique que l’énergie” pour les comités exécutifs des entreprises et les DSI, conscients de leur dépendance technologique. Chez les petites et moyennes entreprises également, l’idée peine encore à faire son chemin. “La plupart de ces entreprises en sont encore au stade de se demander comment adopter l’IA”, a confié Brigitte Fauvet, consultante chez Arkange. L’accompagnement des PME dans leur transition numérique fait d’ailleurs l’objet de la plupart des conférences du nouvel espace “zone PME”. Celles-ci ne désemplissent pas. “Cet espace est un ajout nécessaire qui attire un autre public”, conclut Brigitte Fauvet.

 

L’IA agentique source de préoccupations

 

Les autres conférences du salon, elles, se concentrent sur les innovations telle que l’IA agentique. Déjà, des premières preuves de faisabilité (Proof of Concept – POC) ont fait leur apparition chez Sodexo, Danone ou encore BNP Paribas. Leur adoption signera-t-elle la mort des logiciels ? “Si le software est une simple interface utilisateur fonctionnant grâce à une base de données transactionnelles, effectivement, il ne servira plus à rien”, a témoigné Axel Droin, directeur des produits data et IA pour Danone. Celui-ci a confié son inquiétude envers ce sujet en vogue : “J’en attends beaucoup de problèmes.” Pour les éviter, pas d’autres choix de sensibiliser en allant parfois jusqu’à “faire peur au comité de direction en leur rappelant que des problèmes IT peuvent bloquer l’entreprise”, a énoncé Axel Droin Ses homologues ont aussi insisté sur le besoin d’engager la responsabilité du personnel, en plaçant “une vraie personne en charge, pas un département, un product owner”, a détaillé Léa Deleris, responsable IA, robotoque et technologie à BNP Paribas.

 

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