Souveraineté en clair-obscur : avancées spectaculaires, fragilités persistantes

Revue exPress’- Une semaine, entre souveraineté malmenée, IA qui s’émancipe, data centers en ordre de bataille et fiasco numérique d’État, le numérique français joue sur tous les tableaux. 

 
– La France déroule le tapis rouge aux data centers. Un guide officiel débarque pour accélérer leur implantation : 63 sites prêts, démarches clarifiées, task force dédiée. Objectif : attirer les milliards promis par le Sommet de l’IA et renforcer une souveraineté numérique bâtie sur une énergie pilotable et un foncier identifié.

– Souveraineté ou mirage ? L’IA juridique de l’État tourne… sur AWS.
L’exécutif promet une solution française et sécurisée avec Doctrine, mais l’infrastructure repose sur AWS, soumis au Cloud Act. Un énième grand écart entre discours souverain et dépendance réelle, qui interroge DSI et experts sur la cohérence des choix numériques publics.
– OVHcloud pris en étau : souveraineté promise, extraterritorialité imposée. La justice canadienne exige des données hébergées en France et au Royaume-Uni, en contournant les accords d’entraide. Mais la filiale canadienne ne peut techniquement y accéder, et la loi française interdit tout transfert direct. Obéir ou refuser : dans les deux cas, OVHcloud risque des sanctions.

– La France affûte ses boucliers avant l’assaut quantique.Thales et le CEA éprouvent les algo HAWK et FAEST face aux attaques par canaux auxiliaires pour bâtir les futures certifications européennes. Une course stratégique avant que le quantique ne rebatte toutes les clés.

– Inria et Doctolib unissent leurs labos pour muscler l’IA clinique européenne. Une équipe commune vise des modèles médicaux explicables, fiables et souverains pour améliorer diagnostics, parcours de soins et prévention.

– Bezos rallume le feu : Prometheus avale déjà sa première proie. La start-up General Agents et son agent IA Ace rejoignent le projet, renforçant ambitions et talents pour l’IA appliquée.

– Nouvelle licorne française : Brevo lève 500 millions d’euros et change d’échelle. La scale-up CRM veut accélérer aux États-Unis, poursuivre ses acquisitions et muscler ses agents IA, avec un cap fixé au milliard d’euros de revenus d’ici 2030.

– Le monde du numérique adore les femmes… tant qu’elles restent loin des postes techniques. D’après l’Opiiec, 38 % des recrutements des entreprises IT viennent de profils en reconversion, femmes comme homme. Pourtant, les profils féminins atterrissent surtout sur les métiers relationnels ou créatifs ; les postes techniques, eux, restent verrouillés par les exigences d’expertise.