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« Souveraineté numérique : l’Europe ne pliera pas »

 

Face aux coups de menton de Donald Trump et aux pressions des géants américains du numérique, l’Europe choisit de ne pas plier. Paris et Berlin rappellent que réguler n’est pas une faiblesse mais un acte de souveraineté. Une posture qui, pour une fois, donne à Bruxelles des airs de puissance assumée.

 

On croyait avoir tout vu dans la grande série des bras de fer transatlantiques. Mais il faut toujours compter sur l’Amérique de Donald Trump pour remettre une pièce dans la machine. La menace est claire : si l’Europe continue à vouloir appliquer ses règles du jeu numérique (comme le fameux DMA, qui briderait la toute-puissance des géants américains), Washington dégainera ses sanctions. À croire que la libre concurrence et la régulation, quand elles viennent d’Europe, deviennent soudain des mots grossiers.

Or, cette fois-ci, Paris et Berlin n’ont pas tremblé. Non seulement la France et l’Allemagne ont rejeté en bloc les injonctions américaines, mais elles l’ont fait avec une fermeté inhabituelle. C’est comme si l’Europe, trop souvent accusée d’être lente, bureaucratique et naïve, découvrait enfin qu’elle peut hausser le ton. Et cela change tout : la souveraineté numérique n’est plus un slogan, mais une posture assumée.

Car derrière les tweets rageurs et les menaces de taxes, c’est une évidence : l’Europe n’a pas bâti un arsenal législatif, du RGPD au DSA, pour qu’il soit balayé au premier froncement de sourcil venu de l’autre côté de l’Atlantique. La régulation, c’est notre affaire. Et c’est bien ce qui fait peur. Les GAFAM savent manier l’innovation, le lobbying et la communication à la perfection, mais ils n’aiment guère quand les règles du jeu leur échappent.

Alors oui, l’Europe marche sur une ligne de crête : trop de régulation, et l’on risque d’asphyxier ses propres champions ; pas assez, et l’on continue à subir la loi des monopoles. Mais c’est précisément cette tension qui fait la force de son modèle. La souveraineté, en matière de numérique, ce n’est pas l’autarcie, non, c’est le droit d’écrire ses propres règles, même si elles déplaisent à Washington.

En réalité, cette crise a une vertu : elle nous oblige à choisir. Plier ou tenir. La bonne nouvelle, c’est que cette fois-ci, l’Europe a choisi de tenir. Et qu’au jeu de la crédibilité, cela vaut déjà toutes les armes commerciales.

 

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