L’inclusion numérique fait irruption dans le top 3 des thématiques les plus matures des collectivités, selon le baromètre 2023 de la maturité numérique des territoires. Le numérique responsable arrive, lui, en dernier.

Le thème de l’inclusion numérique se positionne en deuxième position des thèmes les plus matures du baromètre 2023 de la maturité numérique des territoires (réalisée par EY, en partenariat avec France urbaine, Intercommunalités de France et les Interconnectés). C’est un des principaux enseignements de cette édition, qui fait suite à deux premières versions publiées en 2018 et 2021. Il s’agit d’une progression remarquable, car ce thème figurait parmi les moins matures en 2021. Cette évolution traduit la volonté forte des collectivités de développer un numérique inclusif sur leur territoire.

« Ce classement illustre les efforts importants du bloc local et son positionnement tout autant politique que technique en matière de médiation numérique. À présent, près de 7 répondants sur 10 (69%) ont mis en œuvre un plan d’inclusion numérique, ce qui marque une volonté, au plus haut niveau, de lancer et de coordonner des actions en faveur de cette thématique », analysent les auteurs du rapport.

L’effort se concentre en priorité sur les plans d’action destinés à faciliter l’accès au numérique à moindre coût pour les populations les plus fragiles. Sur ce point, la maturité est sensiblement la même, quel que soit le statut des collectivités (d’un côté, les métropoles, villes, communautés urbaines, communautés d’agglomération et de l’autre, les communautés de communes), ce qui met en avant la volonté des structures interrogées de répondre aux besoins des populations les plus susceptibles d’être éloignées du numérique.

On note cependant un écart de maturité entre collectivités concernant la capacité à conformer les services au Référentiel Général d’Amélioration de l’Accessibilité (RGAA). 56 % des métropoles, agglomération, villes et communautés urbaines y parviennent contre seulement 26 % des communautés de communes.

La proposition qui est la plus en retrait pour cette thématique de l’inclusion numérique concerne la montée en compétences des élus : moins d’un tiers des répondants (32%) a mis en place un plan de développement de leurs compétences numériques.

 

Le numérique responsable en dernière position

Dans cette édition 2023 du baromètre, le numérique responsable est quant à lui considéré, pour la première fois, comme un thème à part entière. Cette thématique, qui consiste à prendre en compte dans sa stratégie tous les effets induits par le numérique sur le plan environnemental, qu’ils soient positifs ou négatifs, figure au dixième et dernier rang du classement thématique.

Les réponses aux questions relatives à la réalisation d’actions en faveur du numérique responsable montrent que les exécutifs locaux privilégient la mise en place d’actions concrètes comme la structuration d’une filière de recyclage, de reconditionnement et de réemploi des équipements, et intègrent des pratiques de sobriété dans le fonctionnement de la collectivité. La mise en place de stratégies globales à l’échelle du territoire reste à construire et est nettement en retrait.

Cette tendance s’observe quels que soient le statut et le nombre d’habitants du territoire, avec néanmoins des degrés de maturité variables selon la taille de la population. La mesure de l’empreinte carbone de la collectivité est de mieux en mieux intégrée aux villes de plus de 200 000 habitants et espaces métropolitains (50 %). Ces collectivités confirment par ailleurs leurs avancées concernant la mise en place d’une démarche (59 %) visant à identifier les leviers et champs d’action de la collectivité et des acteurs du territoire pour plus de sobriété numérique. Une nécessité réglementaire depuis la promulgation de la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique (REEN), qui préfigure une montée en puissance de l’ensemble du bloc local, communauté de communes incluses.

Globalement on constate un fort écart selon le statut des collectivités. Ainsi, toutes les collectivités de plus de 50 000 habitants, ciblées par la Loi REEN, ont un niveau global de maturité bien plus important que les collectivités de moins de 50 000 habitants.

« La transformation numérique des collectivités vit. Certaines priorités se détachent en fonction des réalités territoriales, en témoigne la nette montée en puissance du thème de l’inclusion dans ce baromètre, devenu l’une des priorités majeures des gouvernances locales. Pour qui en douterait, les solutions technologiques offertes par le numérique doivent avant tout servir l’humain », conclut Jean-Marc Eiclier, Associé et responsable de l’offre transformation numérique pour les territoires chez EY Consulting.