Le top 10 des acteurs de la tech qui mènent les discussions sur l’IA en France

[What’s Next, CIO ? Le détecteur] Dans le cadre de son programme What’s Next, CIO ? Alliancy, en partenariat avec Motherbase, identifie les acteurs majeurs sur les thématiques clés de l’IT d’un marché en transformation. A chaque article, une question et un instantané des tendances récentes, pour vous aider à détecter les signaux qui comptent à long terme.

>> Un article What’s Next, CIO ? L’observatoire des tendances stratégiques et opérationnelles des DSI

Qui parle d’intelligence artificielle en France et dans quel but ? Depuis 18 mois, la médiatisation du sujet de l’intelligence artificielle générative a réactivé sur les réseaux sociaux, et en particulier LinkedIn, les discussions autour de l’IA, de façon plus ou moins sérieuse. Difficile d’échapper aux partages d’articles ou aux posts où chaque professionnel y va de son expérience ou de son conseil. Mais que ressort-t-il vraiment de ce « bruit » quand on regarde un peu plus spécifiquement les échanges de l’écosystème français ?

C’est cette question qu’Alliancy a posé à son partenaire Motherbase. Ce dernier a donc passé au crible plus de 80 000 conversations impliquant depuis deux ans environ 13 000 entités, mentionnant le concept d’intelligence artificielle.

Premier enseignement, le « boom » de l’IA en termes de messages et de commentaires se voit particulièrement à partir du premier trimestre 2023, puis avec un fort regain le mois de septembre suivant, pour ensuite plafonner en début d’année 2024.

Messages IA par mois en france

Ensuite, les grandes entreprises françaises sont plutôt éloignées des discussions en tant que telles, de même que les entités publiques. Si quelques médias poussent évidemment largement le thème, il reste que plus de la moitié des messages échangés sont portés par des petites structures innovantes de type start-up ou des acteurs de la tech (logiciel, intégration, conseil…) de taille moyenne. Parmi ces acteurs de la tech qui s’exprime sur le sujet, ceux qui sont le plus actifs ont en majorité une activité directement lié à l’IA nous indique encore Motherbase. Un élément rassurant donc : le bruit autour de l’IA générative, et dans son sillage autour de l’IA en général, est bien orchestré avant tout par des spécialistes de la question.

Mais qui a le plus de succès dans ces échanges ? Pour y voir plus clair, Motherbase a classé les acteurs en fonction du nombre de messages produits impliquant l’IA, mais également des « likes » et des commentaires que ceux-ci ont généré en retour. Un moyen de vérifier l’engagement provoqué et la résonnance acquise par ces discussions.

Certaines entreprises se montrent ainsi très actives en nombre de messages, sans pour autant avoir beaucoup d’échanges de la part de leurs audiences. Cependant, parmi toutes les entités observées, un certain nombre se retrouve au contraire dans le haut du classement sur les trois critères (nombre de messages, likes, commentaires). Nous vous en proposons ci-dessous notre Top 10.

Surprise, les représentants de l’IA générative sont loin de truster le podium, s’inclinant devant des représentants d’offres plus traditionnelles. Mention particulière également à l’innovation médicale française, qui place dans ce classement quatre de ses jeunes entreprises.

Et que l’on se rassure, s’il n’apparait qu’en 6e position de notre classement, le jeune champion français Mistral.AI signe deux des messages du top 10 des messages les plus liké. A chaque fois, l’annonce d’un nouveau modèle par le Petit Poucet hexagonal aux grandes ambitions a donc rencontré un vif succès.

Le podium 

N°1 – Preligens (Défense) 

Créée en 2016 par deux ingénieurs français, Arnaud Guérin et Renaud Allioux, cette start-up utilise l’intelligence artificielle pour « automatiser l’analyse de ces données multi-sources et orienter les analystes vers des événements inhabituels nécessitant leur expertise ». Elle s’adresse en priorité au monde de la Défense et du renseignement. Depuis sa création, Preligens a levé 23 millions d’euros, atteint 150 employés et s’est développée au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Belgique et à Singapour.  

N°2 – Quicktext (Tourisme) 

Cette start-up se définie comme la « SuperApp IA de l’hôtellerie » en proposant un chatbot pour générer des réservations et augmenter les conversions des visiteurs sur le site web. Son produit « Velma » est présentée comme une « assistante virtuelle » capable de répondre à 85% des questions en 35 langues. La jeune entreprise créée par Daniel Doppler et Benjamin Devisme en 2016 compte aujourd’hui plus de 120 salariés

N°3 – AZmed (Médical) 

Cette spécialiste de la « medtech » utilise le deep learning et la computer vision pour détecter les anomalies en radiologies. Elle a levée 15 millions d’euros début 2024 pour étendre son action à d’autres champs de l’imagerie médicale et pour continuer à s’exporter. Créée en 2018, la start-up s’est en effet déjà déployée dans plus d’un millier d’établissement de santé dans 40 pays. Elle a été fondée par Julien Vidal et Alexandre Attia, chercheur en intelligence artificielle, avec Elie Zerbib-Attal qui était en 2018 interne en médecine au sein de l’AP-HP.

Le reste du Top 10

N°4 – Quantmetry (Conseil) 

N°5 – Giskard (AI Testing)

N°6 – Mistral AI (Gen AI) 

N°7 – Eden AI (Gen AI) 

N°8 – Oso-AI (Médical) 

N°9 – TribunHealth (Médical) 

N°10 – Incepto (Médical) 

Le regard de Guillaume Buffet – Motherbase

Guillaume Buffet - CEO de Motherbase« Pour réaliser ce classement des acteurs de la tech qui mènent les discussions sur l’IA en France, il ne suffisait pas seulement de surveiller les entités qui ont recueilli le plus de réactions à leurs messages comprenant le terme intelligence artificielle. Nous avons déjà dû mettre en place un plancher en termes de nombre de messages par entité, pour éviter le syndrome du « one shot » opportuniste qui aurait un effet viral. Un très bon exemple en la matière est le fait que, toute catégorie confondue, le message le plus commenté en France depuis deux ans sur l’intelligence artificielle est celui sur l’affiche promotionnelle des Fermiers de Loué, qui explique que l’intelligence artificielle ne fera jamais pondre des œufs aux poules…

Il nous a fallu également exclure les très nombreux acteurs du marketing, qui sont en général de simple relais. De même pour les médias. Dans ces nombreux cas, l’IA apparait dans ces messages avant tout comme un buzzword, plutôt que comme une discussion de fond entre experts.

Pour l’exercice, nous avons également écarté les organisations que nous qualifions de « catalysts » c’est-à-dire des organisations professionnelles qui animent naturellement l’écosystème. Parmi les plus actives, il y a ainsi évidemment le Hub France IA et la Maison de l’intelligence artificielle, mais également la French Tech, Numeum ou encore la CNIL. On soulignera également les très bons ratios d’engagement de l’association Women in AI.

D’autres entités comme Sophia Antipolis ou la HEC Fondation se démarquent également. Les grands groupes de leur côté écrasent assez naturellement par leur nombre de « likes » les autres entités, mais pour un nombre de messages très faible, du fait de la nature de leur communication très descendante et de leur audience sur les réseaux sociaux.

A ce titre, ce sont bien les start-up qui mènent les conversations sur l’IA. Et ce qui est rassurant en la matière, c’est que le « top » de ces startups vient plutôt du domaine de l’intelligence artificielle directement : on aime et on commente plutôt les messages d’expert ! Ouf !

Quant au plateau en termes d’activité que l’on remarque depuis décembre : est-ce la fin de l’effet « wahou » et le début des premières désillusions ? Difficile à dire pour le moment, car il pourrait également s’agir d’un simple effet de saisonnalité vu que l’on retrouvait déjà cette dynamique l’an passé. »