La neuvième édition du salon Vivatech s’est ouverte le 11 juin, en présence d’Emmanuel Macron, mais aussi des dirigeants de Nvidia et de Mistral AI. La première journée de l’évènement fut l’occasion d’annoncer un partenariat jugé bénéfique pour la France mais aussi de résoudre des enjeux de représentation pour des entreprises de tout horizon.
Pour sa neuvième édition, le rendez-vous international de l’innovation, Viva Technology, prévoit d’accueillir 165 000 visiteurs entre le 11 et 14 juin 2025, à Paris, Porte de Versailles. « Une affluence record », prédit le PDG du groupe Les Echos-Le Parisien, Maurice Levy. L’homme d’affaires ajoute , sans surprise, que l’intelligence artificielle sera le sujet majeur de cet évènement. « Une chance », selon Clara Chappaz, ministre déléguée au numérique, ravie de ne pas avoir besoin de voyager jusqu’à Las Vegas pour aborder ces sujets : « Désormais, le monde se rend à Vivatech pour parler tech », ajoute-t-elle. Les invités de marque ne manquent pas au sein de l’évènement : le dirigeant de Nvidia Jensen Huang, le fondateur de Mistral AI Arthur Mensch, sans oublier le président français. Emmanuel Macron s’est entretenu avec les deux pointures du numérique lors de l’après-midi, après avoir bravé le bain de foule traditionnel.
Un partenariat « pour l’autonomie stratégique”
Ce point fut l’occasion d’annoncer un partenariat entre le géant des puces électroniques et la licorne française. Le but : concevoir une plateforme de cloud où les modèles de la start-up tricolore seront disponibles. Baptisée « Mistral Compute », elle sera dotée de « 18.000 superpuces Blackwell », parmi les plus avancées du géant américain. « Complètement indépendante », selon Arthur Mensch, elle permettra aux utilisateurs de « ne plus s’appuyer sur certains fournisseurs américains ». Le résultat d’un « combat pour l’autonomie stratégique », explique Emmanuel Macron. Il a ensuite vanté l’accord passé avec Nvidia pour produire le packaging des puces graphiques en France. « Une première étape avant de les produire entièrement en Hexagone », espère-t-il.
Des espoirs européens
Les discussions autour de l’avenir européen se sont poursuivies lors d’une table ronde entre le président et des startups représentant la French Tech. Un futur paraissant plus brillant depuis les récentes décisions américaines. « Les États-Unis ne pourront pas rester longtemps les numéros un de l’IA avec cette politique migratoire chassant les talents », a développé le chef de l’Etat. Questionné sur la stratégie envisagée par la France et l’Union européenne pour créer une « European tech », celui-ci a énoncé plusieurs mesures telle que « avoir une politique pro-business ». Plusieurs fondateurs de start-ups ont évoqué l’idée de créer un « Small Business European Act » pour briser le plafond de verre des start-ups européennes. À l’instar des États-Unis, cette initiative aurait pour but de protéger les intérêts des petites entreprises ainsi que de les assister. Un rôle que le président se targue déjà d’avoir. Il illustre d’ailleurs cette position en proposant à Sweep, une startup numérique œuvrant à la décarbonation, de collaborer avec l’État.
Le recrutement, un défi du passé ?
« Gardez confiance en notre pays », a conclu Emmanuel Macron. Notamment en ce qui concerne le recrutement de talents, un défi bien connu dans l’écosystème. Il recommande de piocher directement dans les jeunes diplômés issus des neuf clusters français pour l’IA : « Le cluster de Saclay a annoncé former 50 000 étudiants à l’IA ». Rechercher de nouveaux talents, c’était aussi l’objectif de La Poste en installant son stand au salon, pour la neuvième année consécutive. « La Poste fait partie du paysage du salon désormais », s’amuse Véronique Jau-Poupineau, directrice marque employeur de l’entreprise. Dorénavant, les étudiants en alternance dans le numérique viennent à eux : « Notre stand est utile à notre positionnement en tant qu’acteur de la tech », confie la directrice.
L’enjeu de la représentation au salon
Pour d’autres organisations présentes, l’enjeu est tout autre. Hakima Berdouz, dirigeante de la start-up Hope Valley, récemment sortie de l’incubateur de l’Inria, cherche « de nouvelles utilisatrices afin que leurs retours améliorent leur plateforme de détection précoce de cancers », confie-t-elle. « C’est aussi important qu’on soit là comme rôle model féminin. » À l’international, les enjeux de représentation se jouent aussi. Depuis plusieurs années déjà, le rendez-vous s’internationalise. Après le Japon en 2024, le pays mis en valeur cette année est le Canada, soit la première nation au monde à avoir mis au point une stratégie nationale sur l’IA. Le pays des grands lacs aura donc, du 11 au 14 juin, la plus grosse délégation étrangère sur place avec plus d’un millier d’entreprises.
Une entente internationale
« Les entreprises de nos deux pays doivent multiplier les échanges commerciaux pour étendre l’entente entre la France et le Canada », a déclaré le ministre Evan Solomon, dont le ministère de l’IA fête son premier mois. D’autant plus, au vu du « réalignement politique en cours menaçant nos valeurs depuis environ six mois », indique-t-il, en faisant référence, sans beaucoup de détours, à l’investiture de Donald Trump. Les deux nations ont pour point commun la présence d’un vivier de talent en IA dans leurs contrées respectives. En effet, « 10% des talents IA dans le monde sont canadiens », affirme le ministre. Autre similarité avec la France : un écosystème de recherche avancé dans l’IA. Le Canada est d’ailleurs le deuxième pays au monde produisant le plus de recherches en IA par habitant. Le challenge pour eux est donc de sortir l’IA du laboratoire pour l’intégrer dans toutes les industries. Pour cela, ils peuvent compter sur Scale AI, un consortium d’entités privées, de centres de recherche, d’universités et de startups canadien, présent à Vivatech. « Scale AI est une véritable vitrine », témoigne Nicholas Ning, le dirigeant de Farpoint Technologies, à travers le brouhaha ambiant du salon.
