Bpifrance et la Banque des territoires font le bilan d’étape de leur Plan climat 

Alors qu’Emmanuel Macron a profité ce lundi d’une conférence de presse pour détailler ses mesures sur la crise énergétique à l’échelle nationale et européenne, la transformation dans laquelle sont engagées les entreprises se joue au plus près des territoires. C’est tout le rôle que se donnent conjointement la Banque des territoires et Bpifrance depuis 2020 avec leur « Plan climat ». Les deux organismes publics ont organisé un point d’étape ce mardi.

Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance et Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires.

Nicolas Dufourcq, Directeur général de Bpifrance et Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires.

« Le déploiement massif avec la Banque des Territoires depuis deux ans, d’actions complémentaires au cœur des territoires, nous permet d’être au rendez-vous pour donner une nouvelle impulsion face à l’emballement climatique, déclare Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance ce mardi en conférence de presse pour faire un point d’avancement sur le Plan Climat. Nous croyons dans le potentiel de la technologie, de l’innovation et de la capacité d’adaptation des entrepreneurs et de l’ensemble des acteurs économiques. Voilà pourquoi nous proposons des solutions… à haute vitesse. »

Lancé en septembre 2020, le Plan climat mené conjointement avec la Banque des territoires prévoyait 40 milliards d’euros d’investissement d’ici 2024 pour accélérer la transition climatique des entreprises françaises.

Au 30 juin 2022, 17 milliards d’euros ont déjà été mobilisés, soit 43 % du montant total des financements (en prêt et en investissement). Le plan climat de Bpifrance et de la Banque des Territoires offre un continuum de solutions opérationnelles d’accompagnement, transverse aux deux entités. Il vise le financement simultané des projets de transition verte des entreprises et des acteurs publics des territoires en reposant sur trois piliers :

  1. Accélérer la transition des entreprises et des territoires avec un continuum mêlant financement et accompagnement,
  2. Accompagner le développement des énergies renouvelables (EnR) et contribuer à la croissance de champions internationaux,
  3. Financer et accompagner massivement l’innovation dans les Greentechs et dans les réseaux durables et résilients pour trouver les solutions technologiques de la TEE.

Sur le premier pilier, qui concentre la moitié des moyens disponibles (20 milliards d’euros), 9,6 milliards ont été mobilisés par les deux partenaires. Sur le deuxième pilier, près d’un tiers de l’enveloppe de financement a déjà été consommé, soit 4,5 milliards d’euros. Et sur le troisième pilier, près de 3 milliards ont été mobilisés, soit un peu plus de la moitié de l’enveloppe disponible au lancement.

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La Banque des Territoires a d’ores et déjà mobilisé 42% des enveloppes qu’elle déploie sur le Plan Climat. Ses principaux axes, qui restent d’actualité d’ici à fin 2024, ont permis de faire émerger des projets en lien avec les préoccupations actuelles :

  • la rénovation énergétique du logement social et des bâtiments publics : financement de la rénovation de plus de 210 000 logements sociaux et 1,1 million de m² de bâtiments publics,
  • les énergies renouvelables avec un objectif de déploiement renforcé du côté Gouvernement : 2,358 GW de puissance nouvelle d’énergie renouvelable financée à mi-parcours,
  • la décarbonation de la mobilité : financement de 97 968 points de recharge IRVE et 195 098 places dans les véhicules verts.

La Banque des Territoires va renforcer son action en faveur de l’adaptation des territoires au changement climatique : sécheresse, canicules, lutte contre les incendies. C’est une nécessité urgente au regard des phénomènes météos extrêmes vécus cet été. Elle compte également systématiquement intégrer la sobriété et la protection de la biodiversité dans les projets financés, y compris en ville en luttant par exemple contre l’artificialisation des sols. 

La Banque des Territoires compte enfin accélérer le développement de l’économie circulaire, notamment à travers les réseaux de chaleur, et du recyclage dont la réglementation élargit l’obligation en adaptant progressivement ses offres. 

En ayant déployé près de 45% de son enveloppe dévolue au Plan Climat, en ligne avec les objectifs, Bpifrance a permis :

  • de financer la rénovation thermique de près de 2 millions de mètres carrés de locaux d’entreprises, d’accélérer la mise en transition de 900 PME et ETI, ou encore de favoriser la sobriété énergétique de 1000 entreprises par des diagnostics ciblés,
  • d’engager 3,5 milliards d’euros dans 360 projets EnR.
  • de favoriser l’émergence de solutions technologiques dans le domaine de la transition énergétique et environnementale (TEE) par un financement massif des Greentechs au travers 1,5 Md€ d’aides à l’innovation et de prêts sans garantie et 100 millions d’euros investis en capital, dont 60% dans des Greentech industrielles

Bpifrance se donne pour objectif dès 2023 de tripler la mise en transition d’entreprises pour aboutir à 20 000 organisations en 2024. Face au contexte énergétique tendu, elle délivrera également un appui au redémarrage des projets solaires et éoliens dans les territoires et au financement de la production décarbonée d’hydrogène et de son stockage partout en France. Cela passera notamment par une amplification du financement de l’innovation dans les Greentech en portant son effort à 4,2 milliards d’euros d’ici 2024

« La Banque des Territoires va mettre en place dans les tous prochains mois une stratégie encore plus globale pour faire face à l’urgence climatique dans les territoires, complète Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires. La nécessaire transformation écologique est l’affaire de chaque ville et village. Elle ne doit pas être perçue comme un sujet « de la capitale ». C’est forcément au sein des territoires que les projets de transformation se décident et se concrétisent. Et il y aura nécessairement des besoins de financements nouveaux pour faire changer d’échelle la transformation écologique : nous donnerons aux porteurs de projets les moyens de les mener à bien. »

Comment Emmanuel Macron souhaite régler la crise énergétique

« Nous sommes en guerre. C’est un état de fait », a lancé hier le président Emmanuel Macron, lors d’une conférence de presse organisée à l’Élysée pour dévoiler sa stratégie nationale pour « passer l’hiver ». De fait, la transition climatique va de pair avec la transition énergétique… Et, à l’approche de l’hiver, la peur de manquer d’énergie remet sur la table la nécessité de rendre notre industrie plus résiliente. C’est pourquoi Emmanuel Macron a organisé un conseil de crise vendredi dernier pour réunir les « ministres compétents » afin de faire le point sur l’approvisionnement en gaz et en électricité de la France. Et, ce lundi, la conférence de presse a permis de rappeler les principales mesures à venir sur le sujet pour éviter les coupures cet hiver..

  • Sur la sobriété énergétique : avec un objectif d’économie d’énergie de 10% dans les mois à venir pour éviter le recours aux rationnements et coupures. Il est notamment exigé aux entreprises et ménages de baisser la climatisation et adopter une référence de chauffage des locaux autour des 19 degrés..
  • Sur le stockage de de gaz et l’importation d’électricité : la France a atteint près de 93% de ses capacités de stockage en gaz et envisage l’échange de gaz contre l’électricité allemande ou espagnole. Cela permettrait notamment de pallier les 32 réacteurs nucléaires à l’arrêt pour cause de corrosion et de maintenance.
  • Sur la concertation européenne : Emmanuel Macron a déclaré être favorable à des pratiques d’achat commun de gaz au niveau européen et au plafonnement du prix du gaz livré par gazoduc russe.