Sobriété énergétique : le gouvernement invoque la responsabilité collective

À l’occasion de la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) organisée par le Medef, la Première ministre Élisabeth Borne a présenté plusieurs mesures pour faire des économies d’énergie. Entreprises, collectivités et citoyens sont appelés à la responsabilité collective.

Elisabeth Borne lors de son discours à la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) ce lundi 29 août.

Elisabeth Borne lors de son discours à la Rencontre des Entrepreneurs de France (REF) ce lundi 29 août.

« L’été que nous venons de passer est un puissant rappel à l’ordre », scande d’emblée la Première ministre Elisabeth Borne lors du premier jour de la REF, événement de Rencontre des entrepreneurs de France organisé chaque année par le Medef. En effet, la période estivale a été marquée par des épisodes de canicule, de sécheresse et d’orage sans précédent et aux dégâts non négligeables.

« Le dérèglement climatique n’est plus une vérité qui dérange, c’est un réalité qui détruit », poursuit-elle avant de rappeler le danger que cela peut porter sur notre économie. Mais le dérèglement climatique n’est pas la seule crise à l’agenda : la crise ukrainienne est aussi avancée comme une atteinte à la démocratie et à l’unité européenne. 

À lire aussi : Le Medef et l’Essec revisitent le concept d’autonomie stratégique au cœur des crises

Faisant référence au discours de Volodymyr Zelensky enregistré pour l’événement, Elisabeth Borne souhaite manifester son soutien à l’Ukraine et rappeler les sanctions financières et commerciales pour « rendre le prix de la guerre insupportable pour la Russie ». Ces décisions ne sont pas sans conséquence et Elisabeth Borne reprend l’adage prononcé par Emmanuel Macron quelques semaines plus tôt : « la liberté a un prix ».

Un plan de sobriété énergétique par entreprise

Il est question de se préparer à l’éventualité où la Russie déciderait de couper l’approvisionnement en gaz pour toute l’Europe. Et puisque l’inflation du prix de l’énergie est à son comble, Elisabeth Borne ne voit pas d’alternatives que la sobriété pour compenser ce risque. D’autant plus si l’on constate les difficultés récentes à redémarrer les parcs nucléaires français à l’arrêt. 

Est donc arrivée l’heure de la « responsabilité collective » pour baisser notre consommation globale d’énergie. Dans la lignée du plan de sobriété énergétique annoncé le 14 juillet par le gouvernement, chaque ministère sera chargé dès septembre d’élaborer un plan dédié à son secteur pour atteindre l’objectif de 10 % de consommation d’énergie en moins d’ici deux ans. 

L’objectif sera en premier lieu « d’arrêter les consommations d’énergie non indispensables » afin de « préférer les économies choisies plutôt que les coupures subies ». La grande distribution a déjà passé des accords cet été en ce sens mais tous les secteurs seront mis à contribution. Deux décrets sont d’ailleurs examinés par le Conseil d’Etat sur les règles d’interdiction de publicités lumineuses la nuit et sur l’obligation de fermeture des portes pour les commerces climatisés ou chauffés.

La cheffe du gouvernement a également repris l’idée évoquée plus tôt dans la journée par le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux qui consiste à nommer des ambassadeurs de la sobriété dans chaque entreprise. Un concept directement inspiré des référents Covid-19 expérimentés pendant la crise sanitaire.

Chaque secteur sera scruté par les ministères compétents qui détermineront très bientôt des objectifs d’adaptation et une liste de solutions concrètes à mettre en œuvre. Dès septembre, les premiers objectifs stratégiques qui vont retenir l’attention du gouvernement seront : une meilleure gestion des forêts et de la biodiversité ; la baisse des prélèvements en eau et la lutte contre le gaspillage hydrique ; la production d’énergie décarbonée grâce au nucléaire et au renouvelable. 

Un suivi constant du secrétariat général à la planification écologique sera assuré au cours des prochains mois et des mesures de rationnement en énergie seront même envisagées si certaines entreprises ne jouent pas le jeu.

La transition écologique comme opportunité de croissance

Ce programme de planification écologique s’inscrit directement dans la lignée du « Green Deal européen » qui prévoit une réduction de 55% émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Cela suscite une complète refonte de notre manière de nous déplacer, de nous nourrir, de nous loger et de consommer.

Pour Elisabeth Borne, il est à tout prix nécessaire de se défaire de la décroissance qui « attaquerait nos niveaux de vie » et mettrait à mal notre stabilité sociale. Des mesures spécifiques sont promises pour protéger le pouvoir d’achat des Français de la spirale inflationniste, sans oublier ceux qui sont en situation de précarité énergétique.

À lire aussi : Quelle place pour le numérique dans la planification écologique à venir ? 

Côté entreprises, le fait de cantonner une part du salaire des dirigeants pour l’atteinte d’objectifs RSE est considérée comme une « excellente chose ». Comme promis, la baisse sur les impôts de production est bien planifiée pour 2023, tout comme la suppression de la CVAE (Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises). 

En parallèle de l’incitation aux éco-gestes en interne, Elisabeth Borne appelle les entreprises à limiter les déplacements de ses collaborateurs et à encourager le recours aux « mobilités plus propres ». Les mécanismes permettant un meilleur partage des richesses sont aussi présentés comme une nécessité pour les organisations qui souhaitent se démarquer dans la guerre des talents. 

Enfin, la Première ministre a tenu à prévenir les entreprises qui ne parviendraient pas à concilier leur développement avec des objectifs durables. Ces dernières seront tout simplement amenées à disparaître car selon Elisabeth Borne la transition écologique deviendra une condition sine qua none de la compétitivité. Elle guidera – par la force des choses – notre manière de produire, d’investir et de consommer dans les années à venir.

En attendant, il faut bien préparer l’hiver qui approche et le président Emmanuel Macron a annoncé vouloir organiser un Conseil de défense vendredi prochain pour assurer l’approvisionnement en gaz et électricité de la France.