Alliancy

[Tribune] Courtiers fantômes : l’IA au secours des assureurs

Sofiane Gomri, Expert Métier Souscription chez Shift Technology, revient sur le rôle de l’IA et de la gestion des données des assurés pour lutter contre les courtiers frauduleux dont les pratiques se sont sophistiquées ces dernières années. De même, ce risque peut avoir d’importantes conséquences sur la confiance que les assurés adressent à leur compagnie d’assurance.

Sofiane Gomri, Expert Métier Souscription chez Shift Technology

Sofiane Gomri, Expert Métier Souscription chez Shift Technology

De nos jours, souscrire à une assurance n’a plus grand-chose à voir avec ce qui se faisait il y a encore quelques décennies – voire quelques années. Le digital est désormais le principal canal vers lesquels se tournent les futurs assurés. Courtiers d’assurance en ligne, sites de comparaison des prix et des offres… ces nouveaux réflexes modifient le parcours d’achat par une simplification des démarches et un accès facilité à l’information.

A lire aussi : La donnée est le troisième actif rare de Société Générale

Interagir directement avec un courtier en ligne pour connaître les meilleures offres du marché est assurément le chemin le plus court. Ces derniers se sont d’ailleurs multipliés sur la toile ; et avec eux fatalement, le risque de voir apparaître des agents peu scrupuleux, aux méthodes douteuses. Alors, comment détecter ces assureurs et courtiers « fantômes » ?

Des assureurs 2.0 peu scrupuleux

Leur objectif : vendre de faux contrats d’assurance en ciblant les consommateurs pas assez regardants et à la recherche de l’offre la moins chère. Un profil qui correspond en particulier aux jeunes, peu informés quant aux tenants et aboutissants de ce type de contrat. Plus d’un tiers des victimes sont en effet âgées de 17 à 29 ans, attirées par les publicités sur les réseaux sociaux. Les jeunes sont d’autant plus exposés à ce risque que l’inflation continue de sévir en France et ne semble pour le moment pas prête de ralentir.

Les procédés de ces courtiers sont plus ou moins sophistiqués. Ils prétendent la plupart du temps être agréés par des compagnies d’assurance, or il n’en est évidemment rien. Ces arnaques consistent dans leur grande majorité à proposer de faux contrats d’assurance, grâce à la falsification de documents provenant de compagnies le plus souvent imaginaires. Les courtiers fantômes n’hésitent pas, par ailleurs, à faire souscrire plusieurs clients à un seul et même contrat, en fournissant de fausses informations sur les futurs assurés afin de faire baisser artificiellement leurs tarifs. Ces pratiques frauduleuses représentent un énorme risque pour les acteurs du secteur, dans la mesure où elles tendent à détériorer la confiance entre assurés et assureurs. De plus, le coût de ces escroqueries est important pour les assureurs, qui doivent mobiliser toujours plus de ressources dans le but d’investiguer et de démanteler les contrats frauduleux, à la suite de sinistres. 

Une mise en commun des données et… le recours à l’IA pour lancer la chasse aux sorcières

Les courtiers fantômes tirent parti du cloisonnement des informations liées aux clients des grandes sociétés d’assurance. Ils sont en mesure, par exemple, de faire passer un jeune détenteur de permis de conduire pour un conducteur expérimenté. Le temps de vérification de l’âge réel d’un assuré est souvent long, et peut ainsi ouvrir des failles exploitables pour les courtiers malveillants.

Comme évoqué plus haut, la création d’un même contrat pour plusieurs assurés est une pratique courante. Si les compagnies d’assurance ne disposent pas d’un système centralisé au sein d’une même base de données leur permettant d’accéder rapidement aux informations des assurés, il est probable qu’elles ne découvrent la supercherie que bien trop tard.

Certes, il incombe aux assurés de redoubler de vigilance face à ce phénomène. Toutefois, les assureurs doivent également prendre leur part de responsabilité afin de limiter les dommages causés à leurs clients. Mettre l’accent, dans un premier temps, sur la sensibilisation et la pédagogie est indispensable pour lutter efficacement contre cette fraude organisée. Elles peuvent de même intégrer des solutions technologiques basées sur l’intelligence artificielle, pour améliorer la prise de décision, mais aussi éliminer les silos de données afin de gagner du temps et réduire les risques de fraude.

L’innovation pour rétablir la confiance

L’IA est aujourd’hui capable de détecter rapidement les modes opératoires des courtiers frauduleux, d’identifier précisément les schémas de fraude, et de les signaler rapidement aux experts qui seront chargés de les investiguer. Le recours à cette technologie est salutaire pour les acteurs du secteur, engagés malgré eux dans une lutte sans merci contre des réseaux criminels organisés dont les méthodes sont de plus en plus sophistiquées.

Implémenter ces outils permettra d’une part de freiner les méfaits des courtiers fantômes, mais également de restaurer la confiance entre les assureurs et leurs clients. La fraude représente un enjeu réputationnel majeur pour les compagnies d’assurance, qui doivent à tout prix tout mettre en œuvre si elles veulent mitiger ce risque et améliorer leur expérience client.

Quitter la version mobile