Le baromètre 2025 de Silkhom révèle un essoufflement généralisé des salaires dans les métiers du numérique. Face à cette inflexion, les entreprises ajustent leurs stratégies d’embauche et redéfinissent l’impact du télétravail.
C’est la fin de l’euphorie salariale dans la tech. Après des années d’augmentations à deux chiffres, 2025 signe un retour à la raison. L’étude annuelle de Silkhom, un cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers de l’informatique et de l’électronique, révèle une hausse moyenne limitée à +3 %, contre +7 % l’année précédente. Cette décélération marque la fin d’une dynamique de surenchère salariale portée par une forte tension sur les compétences. Derrière cette moyenne se cachent de fortes disparités entre profils très demandés et métiers généralistes. Si un directeur technique (CTO) voit son salaire augmenter jusqu’à +8,3 % dans les grandes villes, un développeur Java en région peut subir une baisse allant jusqu’à -3,6 %. Le phénomène touche tout particulièrement les profils généralistes et les postes en début de carrière. Certains métiers conservent toutefois une forte valorisation. C’est le cas des spécialistes en cloud, cybersécurité ou intelligence artificielle. Les architectes techniques affichent ainsi une hausse de rémunération allant jusqu’à +5,6 % à Paris, et les responsables sécurité des systèmes d’information restent recherchés avec des hausses de +4,6 % en zone urbaine. Cette dynamique traduit la difficulté persistante à recruter sur des compétences critiques. À l’inverse, les développeurs .Net ou Fullstack JS voient leurs salaires reculer de -7 à -10 %, pénalisés par une offre de candidats devenue excédentaire.
Des recrutements plus sélectifs
En outre, le travail à distance, désormais normalisé, influence fortement les politiques de rémunération. Certaines entreprises ajustent les salaires en fonction de la localisation, tandis que d’autres adoptent une politique homogène. Ce choix stratégique impacte directement leur attractivité. Les talents privilégient les employeurs capables de conjuguer flexibilité, autonomie et reconnaissance, quelle que soit leur zone géographique. Dans les grandes villes, l’écart de rémunération peut atteindre jusqu’à +5 % par rapport aux régions. Mais avant d’atteindre le télétravail, encore faut-il être embauché. Côté recrutement, la prudence s’installe. Le rapport observe un allongement des processus d’embauche, avec des exigences accrues. Les critères ne se limitent plus aux savoir-faire techniques. La capacité d’adaptation, l’adhésion à la culture d’entreprise et la stabilité des parcours deviennent des priorités. Cette évolution marque un basculement vers une vision plus long-termiste du recrutement, dans un contexte de rationalisation budgétaire. De ce fait, la montée en compétences devient un impératif. Pour pallier la pénurie sur les profils pointus, les entreprises misent sur la formation continue, les bootcamps ou encore les reconversions. Mais le rapport souligne un décalage persistant entre les besoins du marché et le temps nécessaire pour former des spécialistes opérationnels, notamment en IA ou cybersécurité. Le délai de « production » des talents reste trop long face à une demande qui s’intensifie.
