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Formation professionnelle, au-delà des réformes, et si nous commencions à parler d’efficacité pédagogique ?

Réformes de 2004, 2009, 2014, ordonnances ad hoc de la Loi travail 2016, réforme de 2018… Chaque gouvernement entend « tout changer » dans la formation professionnelle avec, en toile de fond systématique, un enjeu majeur, l’employabilité.

Sébastien KUNTZ, fondateur de MiddleVR.

Sébastien Kuntz, fondateur de MiddleVR.

De leur côté, un grand nombre d’entreprises ne trouvent simplement pas les profils dont elles ont besoin. Bâtiment, restauration, industrie et désormais pénurie de profils « Tech », on parle ainsi en France de 300 000 emplois non pourvus chaque année (1). Le déficit de compétences dans certains métiers freine le développement de nombreuses sociétés alors que 85% des emplois de 2030 n’existeraient pas encore(2). D’où l’importance de la formation professionnelle, un marché qui pèse par ailleurs près de 25 milliards d’euros (3).

Sans rentrer dans des considérations techniques qui « perdent » déjà un grand nombre de petits patrons (rappelons que 99% des entreprises françaises sont des TME/PME pour la plupart sans fonction RH dédiée…), l’urgence commande de s’interroger : la réforme de 2018 peut-elle enfin contribuer à réduire le nombre de chômeurs et aider les milliers d’entreprises qui peinent à trouver les bons profils ? « Rendre les actifs acteurs de leur projet professionnel en les rendant plus autonomes », telle est la volonté générale de la Loi dite « Avenir professionnel ». Derrière elle, l’idée bien ancrée désormais dans l’inconscient collectif « qu’aujourd’hui on ne fera plus le même métier toute sa vie ».

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Conscient du niveau inégal des organismes de formation, le législateur entend aussi renforcer « l’obligation de qualité » à travers un référentiel en préparation qui demandera notamment aux professionnels de « bien identifier les objectifs pédagogiques et d’adapter les formations aux publics bénéficiaires ». Néanmoins, le respect de ces principes de base ne garantira pas la qualité finale des formations et l’atteinte des objectifs pédagogiques. L’acquisition de compétences passe pourtant, bien évidemment, par une formation efficace. Encore faut-il pouvoir mesurer cette efficacité pédagogique… La formation professionnelle a en effet profondément évolué ces dernières années et les études sur l’efficacité pédagogique des différentes approches aussi. En synthèse, l’apprentissage par le « faire » (ou « learning by doing ») est reconnu comme beaucoup plus efficace qu’une formation « à l’ancienne » avec un « sachant » qui parle et des « apprenants » qui écoutent. Notre « start-up nation » va-t-elle se mettre à la page et tirer les enseignements des meilleures pratiques pour recommander aussi bien aux actifs qu’aux entreprises de s’orienter – quand c’est pertinent – vers ce type de formations ? Peut-on, au-delà des réformes successives, enfin parler d’efficacité pédagogique quand il s’agit de l’avenir de millions de personnes, de l’argent public et des sommes énormes versées par nos entreprises ?

De l’efficacité pédagogique des formations par la réalité virtuelle

Désormais, « l’immersive learning » ou formation par l’immersion, révolutionne l’apprentissage et est plébiscitée par les organisations précisément car elle permet le passage d’une consommation passive de la formation aux résultats aléatoires à une formation active in situ avec des résultats mesurables –
enregistrables même – et directement opérationnels. Déjà, en 2017, 38% des projets de réalité virtuelle
développés dans les entreprises étaient portés par les départements en charge de la formation (4).

Développées sur-mesure pour des entreprises ou intégrées en tant que module additionnel pour
bonifier des formations existantes, les formations en réalité virtuelle et augmentée sont désormais
certifiantes, précisément car elles permettent de couvrir de nombreuses situations professionnelles
beaucoup plus facilement et parce que l’évaluation peut être automatisée…

Dans un contexte de formation professionnelle, l’usage de la réalité virtuelle et augmentée offre des
possibilités infinies : répéter un geste médical, se préparer à la prise de parole en public, se former à
l’utilisation d’une machine-outil, à la maîtrise des risques sur un échafaudage, à la conduite d’un
hélicoptère, se préparer à un exercice d’évacuation lors de catastrophes, etc. Apprendre par l’essai et
par l’erreur sans mobiliser le moindre équipement physique… Tout est possible, il n’y a pas de limite.
Les technologies immersives permettent par ailleurs une dynamique de formation, un engagement et
des acquis pédagogiques sans équivalent par le jeu des émotions (peurs, stress, contrôle, plaisir, …)
ressenties durant chaque expérience. Le « learning by doing », « by feeling » pourrait-on dire offrent
une appréhension facile des techniques et environnements complexes.

Motivation des collaborateurs en interne, séduction des talents et des candidats en externe

Formateurs, RH, collaborateurs, chefs d’entreprises, demandeurs d’emplois… Oui, il est tout à fait
possible de conjuguer efficacement besoins, enjeux et satisfaction de toutes les parties. Là aussi, une
réponse en écho à un des objectifs de la réforme…

Intégrer les technologies immersives dans les parcours de formation professionnelle révolutionne la manière dont la formation est envisagée et délivrée redonnant ainsi ses lettres de noblesse au métier de formateur. Avec les réalités immersives, ces derniers peuvent en amont coconcevoir des modules de formation sans aucune limite dans les scénarii puis où qu’ils soient dans le monde, se concentrer pleinement à l’accompagnement « humain » de chaque participant en disposant de tous les outils pour mesurer les progrès réalisés pour adapter les prochaines sessions et mesurer l’efficacité global d’une formation… Il ne s’agit plus de réunir formateur et apprenants dans une même pièce, autour d’un tableau ou de documents papiers, mais de les faire interagir ensemble dans un espace virtuel.

Gage de motivation des collaborateurs (et des DRH) qui regrettent souvent l’absence de feed-back sur la réalité de leurs acquis, l’évaluation de la progression des apprenants est en effet particulièrement facile, chaque session pouvant être enregistrée, chaque geste décortiqué et comparé en postformation. On quitte également les logiques de e-learning, dont les résultats n’ont souvent pas été à la hauteur des attentes. L’absence totale d’interaction dans le processus d’apprentissage démotivant souvent les apprenants et ne leur permettant pas de tirer le maximum de ces formations à distance. De fait, la réalité virtuelle permet d’aller plus loin que la formation traditionnelle. Avec les technologies immersives, le collaborateur ou le demandeur d’emploi est placé au coeur de la formation, il est très concrètement le principal acteur de sa montée en compétence. Très précisément l’objectif de la nouvelle réforme… L’entreprise de son côté peut viser un retour sur investissement mesurable et augmenter la productivité de ses équipes.

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Sur un autre plan, et notamment pour les entreprises du secteur industriel, les PME et ETI qui peinent
à recruter des profils qualifiés, c’est disposer d’un outil particulièrement efficace et séduisant pour
faire découvrir ses métiers à de potentiels collaborateurs. Pour un salarié c’est la possibilité aussi de
tester sur de nouvelles missions en étant immédiatement immergé dans des situations « terrain » pour
savoir très rapidement s’il souhaite poursuivre. Si ce n’est pas le cas, l’entreprise économisera une
longue formation…

Pour les grandes entreprises qui sont présentes sur de nombreux sites et qui doivent former des
centaines de collaborateurs, la réalité virtuelle est un outil précieux. Avec une accessibilité simplifiée,
les sites de formation pouvant être dupliqués, la réduction des coûts est évidente et aucune usure des
équipements n’est évidemment constatée. Par ailleurs, les frais associés aux formations
(déplacements, hôtellerie) sont ici réduits à zéro : il suffit pour chaque apprenant d’être équipé d’un
casque adapté, objet désormais performant et tout à fait accessible.

Les réalités virtuelle et augmentée, fers de lance sur « learning by doing », représentent une immense
opportunité pour les enjeux de formation et la technologie, bénéficiant d’une baisse massive des coûts
des matériels, est désormais accessibles à toutes les entreprises, de la PME aux grands groupes.
Alors n’attendons pas tout des réformes successives et de l’Etat, c’est bien aux entreprises, aux
dirigeants, à la fonction RH et aux actifs qui souhaitent réellement monter en compétences de
s’intéresser aux modes de formation les plus efficaces.

(1) Source : Pôle Emploi
(2) Source : Rapport de Dell et l’Institut pour le Futur
(3) Source : DARES
(4) Source : IDC

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