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François Stephan (IRT SystemX) : « Un lieu neutre de collaboration pour concrétiser des ruptures technologiques »

François Stephan, directeur général adjoint en charge du développement et de l’international de l’Institut de recherche technologique SystemX, revient sur les trois premières années d’activité de l’institut, tout en insistant sur l’intérêt d’une meilleure collaboration entre les entreprises et le monde académique.

François Stephan, directeur général adjoint en charge du développement et de l’international de l’IRT SystemX

Alliancy, le mag. Avant tout, pouvez-vous nous rappeler la spécificité de l’IRT SystemX ?

François Stephan. Nous sommes focalisés sur des projets en ingénierie numérique des systèmes du futur. Notre objectif est d’apporter aux entreprises qui conçoivent des produits et services innovants, les outils et les méthodes d’analyse pour les optimiser, assurer leur conformité par rapport à une exigence particulière, travailler sur l’autonomie des systèmes, leur interopérabilité, leur adaptabilité, leur sûreté de fonctionnement ou encore sur la sécurité numérique. Pour cela, nous nous appuyons principalement sur les notions de modélisation et de simulation que nous appliquons aux cas d’usages portés par nos partenaires, et ceci dans quatre grands domaines que sont l’ingénierie des systèmes, le transport autonome, les territoires intelligents et l’internet de confiance (lire encadré).

Vous avez obtenu votre labellisation fin 2012, quel bilan tirez-vous de ces trois premières années d’existence ?

Nous comptons près de soixante-dix partenariats avec des entreprises dont plus d’un tiers impliquées dans au moins deux projets. Pour nous c’est déjà un signe de la pertinence de nos travaux. Ces entreprises y contribuent de trois manières : en apportant une part du financement ; en proposant des cas d’usages et/ou en apportant des technologies et, enfin, en intégrant nos équipes. Nous avons déjà lancé une vingtaine de projets de recherche dont certains ont donné lieu à des dépôts de brevets ou fait l’objet de transferts technologiques. Cela représente plus de 60 millions d’euros d’engagements financiers, dont la moitié provient des fonds du Plan d’Investissements d’Avenir (PIA). Nos équipes sont composées d’une trentaine de doctorants, ainsi que d’une cinquantaine d’ingénieurs de recherche, dont beaucoup sont des jeunes diplômés qui viennent de terminer une thèse dans un domaine scientifique, ou bien ont suivi une formation supérieure en mathématiques ou en informatique.

Quel sont les débouchés concrets de ces projets ?

Ils conduisent tous à des résultats de R&D qui vont ensuite pouvoir être transférés aux partenaires. Nous intervenons dans la phase de maturation technologique, les entreprises pouvant ensuite poursuivre le développement ou industrialiser les solutions à des fins commerciales.

« Nous souhaitons envoyer nos propres chercheurs en dehors de la France »

Qu’est-ce qui motive principalement vos partenaires à investir dans l’institut ?

C’est la perspective de mettre en commun, dans un même lieu, de multiples compétences. C’est le principe de co-localisation ! Pour les grands groupes, c’est aussi un bon moyen pour déployer une stratégie d’innovation ouverte. Le numérique est un sujet transverse à de nombreux domaines et ses acteurs gagnent à s’ouvrir pour partager des défis communs. Ils ont d’ailleurs tout intérêt à mutualiser certains travaux qui peuvent s’avérer complexes, pour obtenir des résultats plus rapidement.

L’autre atout que présente l’institut est notre capacité à mettre en relation les entreprises avec le monde de la recherche académique, avec qui elle sont rarement en contact pour des activités communes. Lorsque c’est le cas, elles le sont souvent avec un seul laboratoire. Ce que nous leur proposons, c’est de pouvoir collaborer, pour un même projet, avec plusieurs laboratoires et ainsi faciliter la mise en relation avec les scientifiques les plus pertinents selon le sujet de recherche.

Enfin, SystemX permet aux entrepreneurs de se rencontrer sur des travaux concrets, notamment les grandes entreprises avec les PME et les start-up innovantes. Finalement, nous sommes un lieu neutre de collaboration pour concrétiser des ruptures technologiques et d’usages.

Justement, concernant les start-up, pouvez-vous nous parler de votre nouveau programme Start@SystemX ?

Nous avons lancé cet appel à start-up lors du Festival Futur en Seine en juin dernier. A ces jeunes pousses, nous offrons un accès facilité à nos plateformes technologiques, afin qu’elles puissent intégrer nos projets de R&D avec leurs solutions et leurs technologies.

D’autres projets en cours ?

Nous souhaitons évidemment poursuivre cette phase de montée en puissance. En termes de niveau d’activité (l’équivalent du chiffre d’affaire, ndlr), nous étions à 15 millions d’euros en 2015, et nous souhaitons doubler ce montant d’ici à 2020.

Nous allons également développer notre positionnement à l’international. Cela commence par engager des partenariats de nature scientifique avec d’autres instituts de recherche étrangers au fonctionnement proche du nôtre et améliorer notre capacité d’accueil de chercheurs et ingénieurs internationaux sur des durées relativement longues.

Enfin, nous souhaitons envoyer nos propres chercheurs en dehors de la France pour qu’ils participent à des projets collaboratifs internationaux et qu’ils aient accès à des terrains d’expérimentation variés afin d’alimenter, en données, les modèles que nous mettons en œuvre ici. En effet, l’expérimentation est essentielle pour toute activité scientifique et il faut toujours pouvoir la conjuguer avec de la modélisation et de la simulation pour rendre un projet de R&D le plus pertinent possible.

Quatre domaines d’expertise

L’IRT SystemX est l’un des huit Instituts de recherche technologique créés par l’Etat pour soutenir l’innovation en France et renforcer l’attractivité des territoires. Objectif : réunir, dans un même lieu, des équipes de recherche issues des secteurs public et privé. En mutualisant les efforts et les compétences, l’IRT SystemX accélère la R&D au sein de l’industrie française dans quatre domaines. Le premier, celui de l’ingénierie des systèmes, vise à accompagner la transformation numérique du métier de l’ingénieur en développant des méthodes et des outils numériques de collaboration, de travail simultané et de partage de modèles afin de permettre aux ingénieurs d’être beaucoup plus flexibles, agiles et efficaces dans leur travail.

Dans le transport autonome, les projets visent à contribuer à la mise sur le marché de ces systèmes complexes par le développement de nouvelles architectures sécurisées et sûres, en intégrant les nouveaux usages, les systèmes embarqués critiques et l’évolution des infrastructures de plus en plus communicantes.

Les projets de recherche du domaine des territoires intelligents contribuent, eux,  à créer de nouveaux outils d’aide à la décision pour l’optimisation et la planification opérationnelle de l’évolution des territoires, en s’appuyant notamment sur le traitement massif de données, avec des applications pour la mobilité ou  la gestion de l’énergie par exemple.  Enfin, sur l’internet de confiance, les projets de recherche touchent la sécurité numérique et s’appliquent aux architectures, protocoles, algorithmes et logiciels de contrôle et de management des infrastructures numériques, comme les techniques de virtualisation cloud dans les systèmes de télécommunications.

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