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L’interaction entre intelligence artificielle et intelligence humaine à la source d’une nouvelle ère collaborative

Ces derniers mois, des développements significatifs dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) ont généré des inquiétudes chez de multiples personnes – politiciens, scientifiques ou simples particuliers… Tandis que certains voient dans l’IA une source d’émancipation pour les humains, qui pourraient être secondés, voire libérés de multiples tâches, d’autres entrevoient un futur sombre, où les machines pourraient prendre le pas sur les humains. Pourtant, de nombreuses interactions et collaborations sont possibles entre les IA et l’intelligence humaine.

Nicolas Roger, Senior Manager, Global Solutions Architect chez Equinix

Nicolas Roger, Senior Manager, Global Solutions Architect chez Equinix

Cerveaux organiques et cerveaux de silicium

Une question fondamentale réside dans la différence entre une intelligence artificielle et une intelligence humaine : une machine est-elle capable de faire preuve d’intelligence ou seulement de la simuler ? En d’autres termes, l’intelligence humaine peut-elle se réduire à une suite de calculs ? Personne n’a la réponse, mais nous pressentons tous qu’il y a dans l’être humain plus qu’un algorithme. Une machine peut-elle avoir conscience qu’elle est une machine, peut-elle appréhender des concepts abstraits tels que la beauté, l’infini, la foi, la confiance, le sacrifice, l’amour ?

Laurent Alexandre, chirurgien, neurobiologiste et romancier opère une distinction entre les cerveaux organiques – ceux des humains – et les cerveaux de silicium des intelligences ­artificielles. Parmi les cerveaux de silicium, sont classées les intelligences artificielles « faibles », distinctes des IA « fortes » qui auront un jour conscience d’elles-mêmes. Comment faire pour que le cerveau humain reste compétitif face aux cerveaux de silicium ? Pour Laurent Alexandre, les cerveaux qui tireront leur épingle du jeu seront complémentaires de l’intelligence artificielle. Mais ils seront plus rares et vaudront plus cher.

Un autre enjeu est celui de la gestion de l’organisation de l’entreprise entre cerveaux organiques et cerveaux de silicium. Une fusion de l’IT et de la DRH devrait alors s’opérer. On managera ensemble et de façon synergique les deux types d’intelligence.

Un datacenter entièrement géré par des robots

Aujourd’hui les centres logistiques sont hautement automatisés. Des robots transportent les produits à l’intérieur de l’entrepôt pour optimiser la livraison des commandes. En extrapolant ce concept dans un Datacenter, on peut imaginer des robots déployant des serveurs, du stockage ou des équipements réseau. Poussons un peu la sophistication avec des robots plus agiles, capables d’enficher des câbles, de connecter les machines et de les démarrer. Ceci ne paraît pas si éloigné, en particulier pour les datacenters hébergeant des clouds, qui sont extrêmement industrialisés et homogènes. Il ne semble pas déraisonnable d’imaginer de larges Datacenters confinés et entièrement automatisés, où tous les déploiements seraient réalisés par des robots. Les conditions environnementales seraient alors mieux adaptées pour les machines et aucun humain n’aurait à pénétrer dans le bâtiment. Une IA en charge du Datacenter pourrait elle-même organiser le changement d’un équipement défectueux, voire une augmentation des capacités en fonction de la demande. Avec la commande automatique d’équipements, on obtient un Datacenter physiquement « auto-scale ».

En Juin 2018, Microsoft a immergé un Datacenter pour évaluer les gains potentiels au niveau de l’efficacité énergétique, mais également la capacité à déployer des machines partout où cela peut s’avérer nécessaire. Même si cette expérience ne concerne qu’un container, elle démontre que ce container est autosuffisant et qu’aucun humain n’a besoin d’y accéder. Cette particularité permet à Microsoft de diminuer autant que possible le taux d’oxygène et d’humidité dans le container, et donc de limiter la corrosion qui est un problème pour les machines. Dans ce cas précis, le fait de supprimer l’interaction humaine augmente la durée de vie des machines.

Vers le binôme IA / intelligence humaine

Nous ne sommes alors plus si loin d’un système autonome dans la gestion de ses ressources et capable d’augmenter sa propre capacité en fonction de ce qu’il décide, ou disons plutôt en fonction de ce que les humains auront initialement programmé.

Mais revenons au présent et à l’usage de la donnée, un enjeu majeur pour toutes les entreprises. L’adoption massive des services cloud et l’augmentation gigantesque du volume des données créées, stockées, analysées, nécessitent des systèmes de plus en plus performants pour prendre des décisions basées sur ces volumes colossaux de données. Peu de solutions totalement intégrées existent et les entreprises utilisatrices ont tendance à s’appuyer sur des fournisseurs multiples, qui doivent être interconnectés entre eux et avec la propre infrastructure de l’entreprise afin de bénéficier du meilleur des technologies actuellement disponibles.

Réussir à interconnecter ces différents composants entre eux de manière efficace, afin qu’ils puissent partager des volumes de données énormes, implique de trouver un emplacement où ces données pourront être aussi proches que possible des différents systèmes et les rendre accessibles avec un débit très élevé et un délai de transmission très réduit. Un binôme IA / intelligence humaine semble détenir la capacité à mener à bien ce projet et créer alors le data center de demain.

 

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