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Modèles d’affaires de demain : quels signaux faibles fallait-il détecter à Vivatech ?

A Vivatech, les petits pas feront-ils les grandes ambitions ?

Quelle est la différence entre un Salon et une Foire ? Peut-être la taille des ambitions : discours feutrés dans le premier et slogans vendeurs dans la seconde. Pragmatisme contre rêve. Qu’est-ce  qui sépare Vivatech du CES ? Voire l’Europe des Etats-Unis ?

Le ton était donné dès l’entrée au Hall1 du Parc des Expositions de la Porte de Versailles où trônait l’aéromobile slovaque, qui se présente comme l’une des voitures volantes les plus abouties.

Mais dans un univers qui compte, selon un rapport du MIT, 19 fabricants, elle est l’une des rares qui ne soit ni électrique ni autonome. Ses clients doivent donc posséder et un permis de conduire, et une licence de pilote, ce qui confine le produit – annoncé à 1.5M€ tout de même, à un marché confidentiel.

Plus loin, le français HoverTaxi compte opérer comme taxi dès 2021 la voiture volante Whisper, électrique elle, mais toujours non autonome. Une reconversion rêvée comme pilote pour les jockeys, tant il est vrai que le poids aéro-transporté est critique dans le bilan énergétique de ces aéronefs. Plus sérieusement, le pilotage autonome pourrait bien être un « must-have » sur ce marché, ce qui relativise les deux innovations précitées.

Le ton avait été donné dès 2017 pourtant, où le drone porte passagers de Ehang, électrique et autonome, avait fait le buzz au CES de Las Vegas. Et les annonces qui ont suivi, DUBAI ouvrant sa première ligne commerciale de navettes volantes, autonomes et électriques en 2023, Uber Elevate se préparant pour la même date avec la … NASA (non, ce n’est pas pour aller en VTC sur la lune, mais pour relier les toits des gratte ciels par les airs), Air New Zealand visant la première place au classement des compagnies aériennes faisant voler des avions-taxis autonomes (en l’occurrence, développés par Kitty Hawk, start up financée par Larry Page, cofondateur de Google) montrent l’engouement pour la « mobilité urbaine aérienne », il est vrai surtout en dehors de l’Europe.

Fort opportunément, Vivatech a vu dans ce domaine l’annonce du partenariat entre Airbus et la RATP. Une vraie nouveauté écosystémique, qui marie l’industriel ayant livré 357 hélicoptères en 2018  à plusieurs millions d’euros pièce et l’opérateur qui gère des pics de trafic à 20 000 passagers par heure sur la ligne 13. Tous deux ont dû mesurer le chemin qui les sépare de la navette volante CDG – La Défense, mais aussi le potentiel disruptif de la technologie pour leurs métiers. Premières conclusions fin 2019, à suivre donc !

Toujours sur le thème du véhicule autonome, il était surprenant de constater que le concept car présenté par Citroën avait toujours … un volant.

Demi -innovation, ou plutôt reflet de la position de principe du groupe PSA : l’autonomie des véhicules individuels ne saurait dépasser le niveau 3, car les niveaux 4 et 5 coûtent beaucoup trop cher pour le client habituel. Sauf que le client habituel laisse sa voiture au parking 96% de son temps, c’est-à-dire quand il ne la conduit pas, alors qu’une voiture autonome peut faire le taxi en l’absence de son chauffeur. Nouveau modèle d’affaire, dont Tesla commence à faire la promotion : votre voiture vous rapporte quand vous ne vous en servez pas, sur l’exact modèle d’AirBnB. C’est le fondement même de la quatrième transformation digitale : quand l’innovation amène l’entreprise à repenser son modèle d’affaire. Très différent de l’entreprise qui limite la sophistication de l’innovation pour coller à son business existant.

Repenser son modèle d’affaire à cause de l’évolution de l’écosystème : c’est ce à quoi risque d’être contraint Bayer quand le robot de Vitirover désherbe de façon autonome, et qu’il le clame très directement.

Plus généralement, Capteurs Connectés, Intelligence Artificielle et Robots Autonomes changent les règles du jeu économique de tous les secteurs.  Et il ne suffit pas d’héberger la startup disruptive sur son stand pour se mettre à l’abri.

Surtout qu’il peut s’agir de billard à 3 bandes, comme, par exemple, quand le fabricant de machines de nettoyage de sols Diversey rachète Intellibot Robotics en 2015. Quatre ans plus tard à Vivatech, il montrait sur le stand Sodexo son robot autonome de nettoyage de sols, vendu 2 à 3 fois plus cher à l’opérateur qui n’a plus, en contrepartie, besoin d’y affecter du personnel.

En conséquence, la valeur de l’activité nettoyage migre tranquillement depuis l’opérateur vers le fabricant de machines, suivant une règle digitale universelle : « la valeur remonte vers l’objet ». Tous les opérateurs qui emploient beaucoup de personnel sont concernés, et doivent d’urgence trouver de nouvelles activités plus valorisantes, et rémunératrices, pour leurs employés. On pourrait penser qu’avec 700 machines vendues en 18 mois par le leader Diversey, les Sodexo et autres ISS ont encore le temps de réfléchir à leur avenir, mais l’expérience a montré, avec Nokia, Blockbusters, Kodak et quelques autres, que le compte à rebours se fait en années, pas en décennies, et qu’une réaction un peu tardive ne permet plus de revenir dans le jeu économique.

Attendons-nous à la multiplication de ces exemples, car l’innovation accélère encore, et pas toujours les prises de conscience.

Il fallait donc à Vivatech rechercher les signaux faibles, dans la Santé, l’Agriculture, la Sécurité des Données, la Smart City, la FinTech, l’Environnement, tous domaines bouillonnants, sans s’arrêter à l’usage qu’en annoncent les grandes entreprises installées, qui, pour durer, ne peuvent plus « changer le monde », en tous cas le leur.

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