Réunies au siège du groupe La Poste, les ministres Astrid Panosyan-Bouvet et Clara Chappaz ont officialisé la lettre de mission de la future Académie de l’IA, tout en saluant l’engagement de l’entreprise au logo jaune et bleu à montrer l’exemple en matière de formation.
La Poste officiellement ambassadeur du plan Osez l’IA
« La Poste est le bon endroit pour mettre en avant le plan « Oser l’IA » de cette façon : nous avons beaucoup d’atouts qui répondent au cahier des charges du réseau de 300 ambassadeurs que veut constituer le gouvernement », a introduit Valérie Decaux, la DRH du groupe. La dirigeante a rappelé à quel point la transformation avec le numérique et l’IA était une « voie de sortie » pour l’entreprise et ses 170 000 salariés, alors que son activité historique se restreint d’année en année. « Nous voulons donc être partie prenante de cette aventure, pour nos salariés mais aussi pour la société tout entière, en offrant l’appui de nos 17 000 points de présence sur le territoire à des fins de formation, car il n’est pas question de laisser des gens sur le bord de la route », a-t-elle souligné.
Une expérience de sensibilisation à l’IA et de formation à l’échelle
Le groupe postal souhaite ainsi partager son expérience de formation et d’accompagnement à grande échelle. Devant les ministres, les représentants de l’entreprise ont notamment mis en avant la formation en interne de 83 000 de leurs salariés. Le programme Cap Compétences Numériques, lancé il y a 5 ans, a ainsi permis de cibler l’ensemble des postiers. Pierre-Etienne Bardin, Chief Data Officer du groupe, a abondé : « L’enjeu était de mettre en œuvre une montée en compétence à l’échelle de tout l’écosystème postal. Nous avons donc formé et certifié les collaborateurs sur le terrain mais également le management et les cadres dirigeants, afin qu’ils sachent donner la possibilité à leurs équipes de lancer des projets IA ». Le CDO a aussi insisté sur l’attachement de l’entreprise à démontrer l’évolution de carrière possible pour les postiers, vers la data science ou la data analyse par exemple. « Depuis 3 ans, cette école interne fonctionne avec un engagement de parité. Et nous l’avons construit autour d’une charte Data-IA qui répond aux valeurs du groupe, avec des principes transparents sur le fait que l’IA est là pour se mettre au service de l’humain et pas pour le remplacer ».
Répondre aux inquiétudes des salariés
Trois niveaux d’actions pour toucher jusqu’aux TPE
Clara Chappaz a décrit le lien très clair qui existait entre le plan dévoilé le 1er juillet et la construction de l’autonomie stratégique de la France sur le numérique. « Nous sommes 5e dans la compétition mondiale. Le Sommet pour l’action sur l’IA de février a montré que nous avions des talents et des moyens pour investir. Il nous reste cependant un verrou culturel majeur à faire sauter. Celui de l’adoption de l’IA. Il faut le dire : en la matière, nous ne sommes pas trop en avance ». La ministre a notamment mis en avant le combat à mener auprès des PME. « De Quimper à Toulouse, j’ai entendu les commerçants, les artisans, les dirigeants de TPE-PME dire que l’IA intimide, qu’il y avait un sujet de confiance, que s’en emparer était trop cher, risqué, complexe. Le plan Osez l’IA doit répondre à ces inquiétudes ». Pour y parvenir, le programme compte s’appuyer sur trois niveaux d’actions. D’abord, la sensibilisation portée par 300 ambassadeurs, auxquels s’ajoute donc le renfort de poids qu’est La Poste. Ensuite, un accompagnement financier et technique construit autour d’une enveloppe de 200 millions d’euros pour aider les petites organisations à se lancer. Enfin, un cadre de formation ambitieux autour de l’Académie IA menée par Hélène Clément et Antoine Amiel, pour toucher plus d’un Français sur cinq d’ici 2030.
Le dialogue social pour accélérer la diffusion de l’IA
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a pour sa part conclu la rencontre en insistant sur les points complémentaires que le plan devrait forcément aborder : l’intégration de l’apprentissage, de l’alternance et de la reconversion ; la validation des acquis de l’expérience (VAE) et des « usages de Shadow IA » qu’ont déjà les salariés ; la mobilisation du Compte Personnel de Formation (CPF). La ministre a aussi expliqué son engagement important sur le sujet : « Une étude de l’OCDE m’a inquiétée en février dernier : France et Italie paraissaient être les deux derniers pays du G7 capables de capter les gains de productivité apportés par l’IA, à cause d’un manque de diffusion dans leurs économies et d’appropriation par le plus grand nombre. Le dialogue social peut changer cela : nous devons construire un cadre de confiance collectif. Et c’est aussi le dialogue social qui permettra de déterminer ce qui est fait du temps que l’IA va nous faire gagner au quotidien. Partage de valeur, augmentation de revenus… le dialogue social peut accélérer la diffusion de l’IA en permettant de traiter ces sujets clés. Nous en avons besoin pour rester dans la course. »
