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Start-up / Grand groupe : l’heure de la maturité a sonné

Fabrice Marsella

Fabrice Marsella

Trop souvent la relation entre les grands groupes et les start-up est encore vue de façon caricaturale. Dans l’esprit de beaucoup, le grand groupe serait un prédateur, à la recherche de jeunes pousses dont il pourrait capter les innovations à son seul avantage. Cette vision est tout simplement fausse et dépassée.

Fabrice Marsella, Maire du Village by CA

Quel rapport, par exemple, entre Philips et les vers à soie ? Aucun, sinon que par l’intermédiaire du Village by CA, le géant de l’électronique s’est retrouvé à collaborer avec Séricyne, un pionnier de l’« agritech », qui développe une technique unique de production soie. A leur contact Philips a eu l’idée de créer des abat-jours innovants en soie … Pour autant, Philips n’a jamais envisagé d’absorber Séricyne ou de s’approprier sa technologie !

Les grandes entreprises ont désormais compris que pour continuer à innover, elles avaient tout intérêt à se rapprocher et s’inspirer des gens et des secteurs qui ne leur ressemblaient pas. Les structures d’incubation, d’accélération ou d’investissement fournissent l’environnement idéal pour ces « hybridations ».

Les start-up, elles aussi, ont évolué

De l’autre côté de la barrière, les start-up, elles aussi, ont évolué : elles ont compris tout l’intérêt qu’elles avaient à s’appuyer sur des partenaires déjà bien établis. Que ce soit pour rassurer leurs clients, développer leur chiffre d’affaires ou accélérer leur processus d’innovation, la collaboration avec d’autres acteurs s’impose.

Les dix-huit mois d’existence du Village by CA ont déjà suscité leur lot de collaborations fructueuses. Izroom (ex- Leboncolocataire) a ainsi décidé de s’associer avec un acteur établi du logement, Square Habitat, pour développer des services co-brandés et Wynd vient de recevoir un investissement conséquent de la part du tout nouveau fonds de « corporate venture » de Sodexo.

Quant à la start-up Data&Data, elle s’est intéressée à l’univers du médicament après une rencontre avec les équipes de Sanofi, alors qu’elle développait jusqu’alors une solution destinée à la lutter contre la contrefaçon dans le luxe…

Ces quelques exemples, pris parmi beaucoup d’autres, illustrent un véritable changement d’état d’esprit. Aujourd’hui, rester tout seul, c’est se condamner à la consanguinité. Multiplier les rencontres, au contraire, permet de développer la « sérendipité », pour faire naître des idées qui n’auraient jamais pu voir le jour autrement.

Certes, les freins à la collaboration sont encore nombreux. Souvent les opérationnels se montrent extrêmement enthousiastes, mais la machine met du temps à se mettre en route. Bonne nouvelle : les process des grandes entreprises évoluent rapidement, notamment au niveau des directions achats ou des directions informatiques, qui sont en train de repenser leurs méthodes pour intégrer des prestations de start-up.

Petit à petit, l’open innovation s’impose comme une nouvelle manière d’innover, à côté des modèles d’innovation classique, pour le plus grand bénéfice de tout l’écosystème. Car ce n’est que si chacun y trouve son compte que la rencontre des grands groupes avec les start-ups pourra créer de la valeur et aboutir à des réalisations concrètes.

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