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Syntec Numérique veut passer à une autre échelle

Ca y est ! Syntec Numérique est devenu l’interlocuteur incontournable du gouvernement sur de nombreux sujets en matière de numérique, se félicitait ce matin Godefroy de Bentzman, son président, lors de la séance habituelle des vœux de début d’année.

Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique (DR)

Il est vrai que le syndicat représentant la profession (80 % du secteur de l’immatériel et des services) est chanceux : le numérique est un enjeu largement compris par notre jeune président, Emmanuel Macron, et soutenu par le gouvernement.

A commencer par Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’Etat au Numérique, actuellement en déplacement au CES de Las Vegas. Ce dernier serait ainsi plus « écouté » et aurait un « impact plus grand que ces prédécesseures » qui, toutefois, ont été très actives.

 

 

La conférence annuelle de début d’année a surtout été l’occasion de rappeler les priorités du syndicat, que le président a listé au nombre de quatre. « Des chantiers critiques pour nous ! », a-t-il précisé. Les voici :

1/ Les données

Sur les 2 000 adhérents du Syntec Numérique, 500 sont des start-up de moins de 3 ans et de moins de 10 personnes ; 200 des TPE et 100 ETI.

« L’économie de demain va être nourrie par les données, qu’il faut collecter, héberger, traiter… Tout le monde a son avis là-dessus, même si beaucoup n’ont pas encore saisi l’urgence autour de ces enjeux », a expliqué Godefroy de Benztman.

Cette année verra également l’application du RGPD sur les données personnelles… « Un sujet sur lequel il reste encore beaucoup d’interrogations et sur lesquelles il y a du flou. Pour autant, avec le RGPD, il faut préserver une économie innovante. L’urgence là est de clarifier la responsabilité des sous-traitants par exemple sur la RGPD. Les grands donneurs d’ordres jouent beaucoup trop avec le flou ».

Reste qu’il y a beaucoup d’autres sujets à traiter autour de la donnée, que ce soit en France (Loi de modernisation) ou en Europe, comme l’économie des données issues de l’IoT, l’anonymisation des données personnelles, l’ouverture des données publiques (open data, stockage en France…)… « Notre idée est de réunir tous les acteurs qui ont un avis sur ces sujets : ceux qui sont d’accord avec nous et ceux le sont moins… afin de mieux comprendre les avis divergents. Il faut arriver à voir comment concilier innovation des entreprises et données personnelles ! Il faut que nous échangions avec tout le monde. »

Il y aurait ainsi beaucoup de retard sur le traitement de la data dans l’industrie, l’automobile, le tourisme… « L’avenir de ces secteurs doit être dans la circulation des données !, insiste le président. Il ne faut plus qu’ils travaillent tout seuls, mais avec nous. Il faut organiser la circulation des données sans tuer l’innovation. Par exemple, on veut aller plus vite que l’Alliance pour l’industrie du futur… Ce que nous voulons faire, la dépasse largement ».

2/ La formation professionnelle et la reconversion

« Dans les années à venir, 30 millions d’actifs vont changer de métiers. Mais, il est clair que c’est un défi de maintenant. C’est un tsunami qui nous arrive dessus… beaucoup n’en ont pas conscience. On veut être aux côtés du gouvernement à ce sujet. On veut rapidement des expérimentations… Hélas, on est face à un conservatisme de toutes les parties prenantes. Mais, nous, Syntec Numérique, on veut que cela bouge ».

Et de rappeler que 20 à 30 % des ingénieurs sont à côté du chemin… « Nous commençons à travailler avec l’IESF sur ces sujets. Demain, il faut une filière des métiers du numérique, qui porte ceux qui font le numérique pour les autres », insiste-t-il.

3/ La modernisation du dialogue social

« Nous avons la conviction que chaque entreprise doit disposer des outils adaptés à sa taille et à son activité. Il faut un cadre modernisé et agilisé, avec un socle commun ; une annexe qui s’adaptera à nos métiers, et un kit pédagogique pour rassembler les bonnes pratiques, les accords-types pour les PME… Nous allons créer une école de la négociation, puis une plate-forme pour les plus petits de nos adhérents. »

4/ Le Syntec Numérique « Nouveau »

Enfin, le dernier point concerne la vie « interne » du Syntec Numérique et sa représentativité.

« Comment Syntec Numérique va lui-aussi s’adapter à ce monde nouveau ? Nous devons également nous transformer en tant que syndicat et, plus le temps passe, plus ce sera critique pour nous pour arriver à pousser des sujets, a reconnu le président. Nous devons repenser la manière dont on travaille et interagit… »

D’où l’idée de créer un « nouvel » espace de rencontres : « Un de mes rêves est de créer l’Espace du Numérique où l’on pourrait rassembler beaucoup d’acteurs impactés par le numérique. Ce serait un espace d’échanges pour travailler le plus en amont possible et faire avancer de vrais sujets ».

Mais à nouveau lieu, nouvelle gouvernance ! « Il faut se réinventer pour servir nos adhérents et le pays. En 2018, il faut que ce projet devienne réalité. »

Mais, alors quid de « Tech in France » ou « France Digitale » ? « Evidemment, nous collaborerons avec eux, mais ce sont des acteurs de notre secteur et, aujourd’hui, le numérique n’est plus une activité verticale, mais bien plus large. C’est pourquoi nous voulons travailler de façon différente aussi bien avec le Cigref que les filières professionnelles. Ce sera notre « Station F » à nous pour faire avancer les chantiers ensemble. »

Quid de la renaissance ratée du Conseil national du Numérique (CNNum) ? « Le CNNum est sociétal, il a acculturé. Il n’a pas la même fonction que Syntec Numérique, davantage tourné vers le business. »

A priori, le message séduit. Le syndicat affiche un taux de recouvrement de 98,2 % (un record), avec entre 30 à 40 nouveaux adhérents chaque mois.

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