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[50 ans Inria] Therapixel décroche le Digital Mammography Dream Challenge

La start-up française Therapixel remporte la première phase du « Digital Mammography Challenge », un concours à l’échelle mondiale qui renforce son potentiel dans la lecture d’images médicales via l’intelligence artificielle.
 
therapixel Inria

Dans l’ordre de gauche à droite : Yaroslav Nikulin, chercheur pilote sur ce projet, Pierre Fillard, CTO et co-fondateur, Olivier Clatz, CEO et co-fondateur, Antoine Lannessi, Radiologue consultant et co-fondateur


Therapixel, éditeur français de logiciels spécialisé dans le traitement des images médicales, vient de remporter le Digital Mammography Dream Challenge. Un concours international, organisé par une dizaine d’organisations américaines (dont IBM, Sage BioNetworks, Amazon…). Objectif : proposer de nouveaux algorithmes d’intelligence artificielle capables d’augmenter le taux de détection de cancers à partir de mammographies de dépistage, tout en réduisant le taux de biopsie inutiles (le taux de « faux positifs »).

 

« C’est un enjeu de santé publique majeur. La difficulté de détection de ces cancers est telle que plus de 5 % d’entre eux ne sont pas détectés aujourd’hui à la première lecture du radiologue. Aussi, trop de femmes à qui on demande de faire une biopsie sont inquiétées inutilement », explique Olivier Clatz, le cofondateur de la société, qui, avec son associé Pierre Fillard, ont pris début 2016 le virage de l’intelligence artificielle en développant une activité autour de l’aide à l’interprétation des images médicales.

 Lors de ce challenge, près de 1 200 équipes participantes ont présenté des modèles prédictifs basés sur plus de 640 000 images de mammographie numérique anonymisées, provenant de plus de 86 000 patientes dans le monde. Au bout des quatre phases de compétition, Therapixel en est sortie vainqueur. « Nous avons travaillé sur le sujet pendant neuf mois, raconte Olivier Clatz. Les algorithmes peuvent détecter aussi bien qu’un radiologue un certain nombre de pathologies par l’image.»

 

De fait, les algorithmes développés par Therapixel exploitent les réseaux de neurones convolutifs, dont les performances ont récemment surpassé leurs homologues humains dans plusieurs domaines. « La véritable difficulté de ce challenge résidait dans l’extraordinaire quantité de données mise à disposition, couplée à des ressources de calculs très limitées. Seulement 14 jours de calcul dans le Cloud d’AWS… », précise Olivier Clatz. L’algorithme vainqueur représente donc un compromis issu de ces contraintes.

Importante levée de fonds prévue début 2018

Confiante dans le potentiel d’amélioration de la performance de cet algorithme, et déjà lauréate des concours i-LAB 2011 et 2013, ainsi que du Netva 2016, Therapixel souhaite révolutionner la radiologie diagnostique avec des algorithmes aux performances similaires à celles des meilleurs experts du domaine. « Dans le secteur public, on manque cruellement de radiologues, rappelle le dirigeant. Avec environ 40 % de postes vacants, ils ne s’en sortent plus. Notre solution apportera des outils performants qui permettront de traiter bien plus d’images avec le même nombre de personnes. Ce sera certes une évolution du métier, mais certainement pas sa disparition ». Car son idée est claire : « On essaie de détecter davantage de cancers, sans baisser le nombre de biopsies. »

Si les premières ventes de licence devraient se faire d’ici à deux ans maximum, Therapixel commercialise d’ores et déjà Fluid, une solution interactive de visualisation et d’analyse d’images médicales au bloc opératoire, intégralement conçue pour un usage sans contact, produit à l’origine de sa création. « Demain, nos prestations seront vendues à l’acte, estime Olivier Clatz. Reste à savoir qui paiera : la mutuelle, le radiologue ou le patient directement… ». Tout dépendra de la façon dont le chercheur compte attaquer le marché à l’international, par les Etats-Unis ou l’Europe, puis l’Asie… ou les trois à la fois, sachant que l’offre sera d’entrée internationale, mais différente selon les continents. Décision qui impactera également le montant de la levée de fonds qu’il envisage pour le début de l’année prochaine…

Après avoir ouvert depuis quelques semaines une plateforme gratuite d’échanges d’images, Therapixel travaille avec différents établissements de santé en France (Université Côte d’Azur, Centre anti-cancéreux Antoine-Lacassagne de Nice, APHP…) pour construire des algorithmes autour des radiographies standards, comme les images thoraciques (en plus des mammographies), ce marché représentant le volume le plus important réalisé, notamment aux Etats-Unis. « Avec l’APHP par exemple, on travaille sur l’EDS, l’entrepôt des données de santé*. On en est encore au tout début de nos travaux », conclut-il.

* L’EDS vise à rassembler progressivement les données des différents systèmes d’information cliniques de production de l’APHP ; il permettra d’organiser l’utilisation de ces données à des fins de recherche et d’amélioration des soins.

Fiche Therapixel

  • Editeur de logiciels pour l’imagerie médicale
  • Création en juin 2013 par deux chargés de recherche d’Inria : Olivier Clatz et Pierre Fillard
  • 12 salariés
  • CA confidentiel
  • Fonds levés depuis la création : 900 000 euros (soutenu par IT-Translation notamment)
  • Deux établissements en France et présence commerciale sur plusieurs continents
  • il y a également quelques semaines, Therapixel s’était déjà distinguée en arrivant cinquième du Data Science Bowl, une compétition qui avait réuni plus de 10 000 participants et qui avait pour but d’utiliser l’intelligence artificielle contre le cancer du poumon.

 Consultez le dossier dédié : « Inria : du chercheur à l’entrepreneur »

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