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EDF reconvertit des collaborateurs aux métiers de la Data

Pour accompagner l’évolution de ses métiers et répondre aux besoins de compétences Data, EDF a mis en place des cursus en interne – financés et certifiés. L’énergéticien a ainsi pu former Data Analysts, Data Scientists et Data engineers.

Laurence Tete responsable des programmes de formation et académies métiers

Laurence Tete responsable des programmes de formation et académies métiers

Les métiers du numérique sont sous tension en France. ESN, entreprises utilisatrices et pure-players s’affrontent pour attirer ces talents. Et parmi ceux-ci figurent notamment les experts de la donnée et de l’intelligence artificielle.

Le recrutement externe n’est cependant pas la seule option disponible pour pourvoir les besoins IT. Des entreprises comme Safran ou La Poste ont développé leurs cursus de formation et mis sur pied Digital Academy ou Ecole de la Data.

La reconversion professionnelle, une corde à l’arc d’EDF

Ces dispositifs permettent de former de nouvelles recrues, mais aussi d’activer des actions d’upskilling ou de reskilling. Ces démarches sont notamment déployées au sein d’EDF, engagé dans une transformation Data au service de l’amélioration de l’efficacité opérationnelle.

Laurence Tete, responsable des programmes de formation et académies métiers, est ainsi venue témoigner lors d’IT Paris 2023 du cursus mis en place deux ans plus tôt pour former en interne des collaborateurs au poste de Data Analyst.

Cette “expérience de reconversion” – menée en partenariat avec Global Knowledge – vers un métier de la Data est un succès, souligne-t-elle d’emblée. La gestion des compétences est critique chez EDF qui emploie 160.000 salariés (avec une ancienneté importante) répartis dans 230 métiers.

Ces métiers ne sont pas statiques, bien au contraire. Leurs évolutions s’expliquent en grande partie par la digitalisation. En 2018, l’énergéticien prend acte de la nécessité de faire évoluer profondément ses métiers, déclare sa responsable.

Dans ce contexte, EDF se trouve confronté à des difficultés de recrutement, “comme tout le monde”, sur des métiers du numérique, comme ceux de la Data ou de la cybersécurité. Pour répondre à ces besoins, l’entreprise choisit de privilégier la mobilité interne.

“Cela amène à une évidence. Des métiers disparaissent et des collaborateurs sont en redéploiement. Nous avons par ailleurs des besoins sur des fonctions émergentes. C’est ainsi le début d’une démarche de reconversion”, indique Laurence Tete.

500 à 800 collaborateurs en reconversion chaque année

Chaque année, ce sont 500 à 800 personnes qui doivent être redéployées. Compte tenu de ce nombre, une reconversion individuelle est difficilement envisageable. “Nous avons donc identifié des métiers avec de forts besoins afin de raisonner en promotions entières de reconversion.”

C’était notamment le cas du métier de Data Analyste. “Les besoins en Data Analystes se situent dans tous les domaines de l’entreprise, qu’il s’agisse de la comptabilité, du nucléaire, de l’hydraulique ou de tout autre pôle d’activité.”

Pour qu’un tel projet de reconversion fonctionne, des conditions doivent cependant être réunies, prévient la spécialiste de la formation. Cela commence, comme exposé, par l’identification de postes cibles. Et le démarrage d’une promotion n’est activé qu’une fois ces postes clairement identifiés. Les besoins en compétences sont aussi précisés, en partenariat avec les RH et les managers.

Un partenaire en charge opérationnellement de la formation est aussi nécessaire “pour construire le parcours de formation. Bien sûr, les organismes de formation proposent sur étagère tous les modules recherchés”, souligne Laurence Tete.

“Cependant, lorsque vous concevez un vrai programme de reconversion, ces modules doivent être agrégés pour constituer un parcours” ajoute-t-elle. Pour procéder à cette agrégation, EDF a donc fait appel à un CFA, l’AFIA, un “spécialiste du numérique” et de la formation en apprentissage.

Avec 700 heures de cours, EDF a opté pour des formations en alternance. L’AFIA a identifié les cursus et mené au choix de Global Knowledge. Autre exigence : des formations certifiantes afin d’en garantir le financement.

Une formation certifiante Bac+5 et l’accès au statut cadre

Pour permettre à des collaborateurs d’accéder au statut cadre, EDF a en outre défini un dernier prérequis, à savoir une formation certifiante de niveau Bac+5 – nécessaire pour valider l’accès à l’échelon cadre. Global Knowledge délivre des certifications sur des titres RNCP Bac+5. 

L’ensemble des modules identifiés, ils ont été agrégés pour composer le parcours de formation au métier de Data Analyst. Celui-ci comprend différents formats de cours (e-learning, distanciel, présentiel).

Assembler ces briques ne constitue pas le seul challenge. Il a fallu aussi acculturer les managers au recrutement de collaborateurs dont les compétences restent à acquérir.

“Un manager a l’habitude de recruter sur des compétences avérées, connues, bien listées dans le CV et qui ont fait leur preuve (…) là il doit recruter une personne dont les compétences sont en devenir. Cela fonctionne donc sur la confiance”, souligne Laurence Tete.

“C’est un changement culturel profond au sein d’une entreprise”, insiste la responsable formation. Pour tenir les promesses de départ, la sélection des candidats est donc critique. Cette étape a été réalisée en partenariat avec Global Knowledge. Pour prétendre à la certification, le collaborateur doit dès le départ réunir des prérequis.  

Bac+3 ou équivalent (en reconnaissance des acquis), le candidat devait démontrer aussi “l’aptitude à acquérir les compétences techniques, dont les mathématiques (…) et les capacités cognitives à se relancer dans un cursus d’apprentissage important.”

Plus de promotions, mais des formations Data à la demande

Les attentes sont en outre adaptées en fonction du département d’accueil, précise à Alliancy.fr la responsable d’EDF. Les compétences devront par exemple être plus pointues pour un data analyste destiné à rejoindre l’IT plutôt qu’une fonction moins mature sur la data, comme les RH.

Pour faire aboutir la montée en compétences, l’effet promotion est aussi important, considère l’experte d’EDF. Elle favorise l’entraide et le rattrapage des collaborateurs plus en difficulté. Le suivi de la promotion et du lien entre l’entreprise et les formateurs constitue un autre facteur clé de succès.

Depuis sa création, le cursus a permis de former trois promotions, soit au total 40 salariés. Un chiffre infime pour un groupe de 160.000 collaborateurs ? “40 reconversions réussies, ce n’est pas neutre”, défend Laurence Tete, d’autant qu’à 3 exceptions (un départ et 2 réorientations), tous les salariés concernés “ont poursuivi dans le métier de Data Analyst, voire progressé dans celui-ci.”

Le nombre de postes à pourvoir étant désormais insuffisant pour justifier la constitution de nouvelles promotions, EDF a fait évoluer son cursus afin de le maintenir et d’y inscrire “au fil de l’eau” de nouveaux collaborateurs en reconversion.

Sur la base de cette expérience, l’énergéticien a conçu d’autres parcours de formation à différents métiers, et pas seulement à IT. Sur la Data, EDF propose par ailleurs à ses collaborateurs de se former aux postes de Data Scientist et de Data Engineer – s’appuyant pour cela sur les services de DataScientest.

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