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Energie, climat : le plan du Shift Project pour des réseaux sobres et des usages connectés résilients

le plan du Shift Project pour des réseaux sobres et des usages connectés résilients

Alors que la consommation énergétique du numérique est en forte augmentation (+6% par an), The Shift Project livre deux nouveaux rapports avec l’ambition de proposer une vision de ce qu’implique un numérique sobre et résilient. Le think tank propose des pistes de solution pour des réseaux et des usages connectés cohérents par rapport à la trajectoire de décarbonation du numérique à suivre pour respecter nos engagements.

Les deux faces d’une même pièce : offre et usage. L’un ne va pas sans l’autre. Il n’y aura pas d’usages sobres sans réseaux sobres et inversement. Sur cette pièce, les mondes virtuels et les réseaux mobiles sont les nouvelles manifestations de cet entraînement vers une trajectoire que The Shift Project qualifie d’insoutenable et qui entre en contradiction avec les objectifs de décarbonation que le secteur numérique s’est lui-même fixés, à savoir – 45 % à 2030 par rapport à 2020 au niveau mondial pour tenir l’accord de Paris.

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C’est ce que mettent en avant les deux nouveaux rapports du think tank présidé par Jean-Marc Jancovici, publiés le 28 mars sur l’impact environnemental du numérique. Pourtant, il est encore possible de reprendre la main. The Shift Project livre ainsi des pistes de solution pour redonner au numérique une place juste dans un monde sous contraintes physiques.

Trajectoire globale, rôle des réseaux mobiles

Les trajectoires de déploiement entérinées en 2020 ont acté la montée en puissance de l’infrastructure : déploiement de nouveaux sites 5G, couvertures des autoroutes et routes, généralisation des performances augmentées, etc. Les réseaux mobiles, au cœur de ces décisions, représentent, selon le rapport, entre 12 % et 25-35 % de l’empreinte carbone du numérique dans le monde. Ce poids est de 5,5 % en France selon une étude de l’ADEME-Arcep en 2023.

Si cette part est plus relative en France, entre autres due à notre mix-énergétique faiblement carboné, la consommation électrique liée au réseau mobile n’en est pas moins interpellante. En constante hausse, elle représente déjà 60% de la consommation électrique des quatre opérateurs français selon l’Arcep.

Pour The Shift Project, l’adoption à grande échelle d’usages intenses permise par ces choix de déploiement engendrerait ainsi une multiplication par 2,5 de la consommation électrique des réseaux mobiles entre 2020 et 2030. Le think tank indique également que le déploiement indifférencié des services des mondes virtuels (metaverse) contribuerait à placer le numérique sur une trajectoire d’impact représentant près de 7 % des émissions carbone mondiales en 2030.

Dans le viseur également du Shift Project : les services de connectivité en orbites basses. Ces réseaux satellitaires représentaient en 2022 autant que le reste des activités spatiales, une dynamique qualifiée à nouveau comme insoutenable par le think tank. L’empreinte annuelle d’une constellation comme Starlink s’élèverait à près de deux fois celle des réseaux fixes et mobiles français en 2020.

La dynamique insufflée aujourd’hui aux infrastructures et usages est ainsi cyclique : l’un alimente l’autre et vice-versa. Les infrastructures et réseaux sont dimensionnés à l’aune des usages attendus. Ce dimensionnement entraîne un surplus d’usage et des nouveaux usages plus énergivores que par le passé. Ils atteignent alors un nouveau pallier appelant à une nouvelle augmentation de la capacité des réseaux. Pour The Shift Project cette alimentation commune de l’offre et de l’usage ne peut se faire sans régulation choisie. Ou alors elle se fera de manière subie.

Les pistes pour une trajectoire résiliente

L’évaluation et la transparence doivent être les premiers leviers à activer pour faire des choix technologiques vers une trajectoire plus sobre. Par exemple, The Shift Project rappelle que la 6G est déjà en pleine préparation, pourtant, il s’agit là d’un véritable choix de société. Les deux nouveaux rapports publiés ont justement pour objectif de permettre le débat éclairé sur ces enjeux et de le porter au niveau européen.

Dans cette logique, The Shift Project met en avant la nécessité de la réorganisation collective vers la sobriété. C’est le modèle numérique que The Shift Project questionne ici. Entre autres, les rapports préconisent de réviser le déploiement des réseaux mobiles et de développer des services numériques qui poussent à la sobriété. L’écoconception des services numériques comme des technologies est une clé complémentaire de réussite. La formation de toutes les parties prenantes apparaît alors nécessaire pour créer l’effet d’entraînement vers la sobriété et faciliter l’optimisation des technologies.

A travers ces recommandations, The Shift Project estime que les réseaux mobiles peuvent devenir le point de pivot d’un numérique sobre et résilient. Ce n’est, à l’heure actuelle, pas la trajectoire suivie. Indexer les stratégies de déploiements futurs sur des scénarios d’évolution des usages compatibles avec la trajectoire de décarbonation du numérique est pourtant fondamental pour réconcilier les enjeux à court terme et à long terme. The Shift Project le rappelle : la pérennité de nos usages essentiels ne sera garantie que par l’adaptation du système numérique à la double contrainte carbone, c’est-à-dire la contrainte représentée par le changement climatique et la raréfaction progressive des ressources énergétiques en pétrole et en gaz naturel.

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