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La formation professionnelle face au choc de la crise et du « new normal »

Les formations en ligne se sont fortement développées pendant le confinement, aiguisant les attentes des salariés. En parallèle, la formation professionnelle poursuit sa transformation, sur fond de difficultés de financement.

La formation professionnelle face au choc de la crise et du « new normal »

La formation professionnelle face au choc de la crise

Pendant le confinement de nombreuses organisations ont mis les possibilités de formation en avant, afin de profiter des avantages proposés en la matière par les autorités pendant cette période inédite. L’occasion également pour les entreprises de surfer intelligemment sur le désir des salariés de mettre à profit un agenda parfois plus calme pour monter en compétence sur divers sujet. Cette dynamique a été d’autant plus saluée que les changements majeurs de modes de travail poussés par la crise ont bien fait prendre conscience à de nombreux dirigeants que leurs collaborateurs devaient ajouter des cordes (souvent numériques) à leur arc pour traverser plus sereinement la période d’adaptation post-confinement.

Durant l’été, la plateforme de formation en ligne Udemy s’est intéressée aux attentes des particuliers eux-mêmes en matière de formation. Si tous les pays ont été confrontés aux problématiques de confinement et donc de la digitalisation de la formation, les efforts se sont concentrés sur des sujets différents, d’un endroit à l’autre. Avec parfois quelques surprises, qui pourraient être indicatives d’évolutions des attentes vis-à-vis des programmes de formation professionnelle.

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En France, l’analyse financière, les outils bureautique (suite Office, mais aussi Google Drive et équivalent…) et le marketing (en particulier sur les réseaux sociaux) se sont ainsi imposés comme le top 3 des compétences recherchées par les particuliers. Une approche assez « sérieuse et technique » des compétences personnelles, qui rappelle les choix des allemands sur les méthodes agiles (Scrum), la communication et le marketing. A l’inverse, l’étude montre des aspirations personnelles bien différentes dans d’autres pays européens, comme le Royaume-Uni et l’Italie, qui font figurer en tête de liste des compétences artistiques, que ce soit l’apprentissage de la musique ou de photoshop.

Formation professionnelle en transformation et défis de financement

La montée en puissance des programmes et plateformes destinés aux particuliers, boostée par le bond des usages digitaux provoqué par la crise, est d’autant plus importante à surveiller pour les entreprises que l’évolution de la formation professionnelle connaît des soubresauts ces dernières années. En particulier, un récent rapport des Inspections générales des finances et des affaires sociales a mis en avant des manques importants en termes de financements pour assurer la réforme de l’apprentissage et de la formation professionnelle.

Ce rapport fait suite à la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018 et à la mise en place de France Compétences, nouvel établissement public qui a remplacé quatre entités différentes (CNEFOP, FPSPP, CNCP, COPANEF). L’organisme a la responsabilité de la qualité des formations et de la régulation de leurs coûts, mais est déjà à la peine au niveau financier. France Compétences a ainsi dû emprunter pour assurer le financement de contrats d’apprentissage et de formations liées au CPF, évalués à 2,5 milliards d’euros. En tout, le rapport des Inspections estime qu’il manque 4,9 milliards d’euros en l’état pour financer correctement la réforme. Une partie de ce trou pourrait être comblé en 2021 par des dotations spécifiques intégrées dans le plan de relance Covid du gouvernement.

Ce flottement autour de la formation professionnelle, alors même que celle-ci cherche à bien se digitaliser au pas de course, reste donc une épée de Damoclès pour les entreprises qui veulent accélérer leur transformation efficacement. Une dissonance à régler au plus vite alors que le Centre européen pour la compétitivité numérique (au sein de l’ESCP Business School de Berlin) mettait récemment à l’honneur la France comme premier des « Digital Riser » des pays du G7, pour saluer les progrès faits jusque-là en termes de compétitivité permise par le numérique.