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Les drones agricoles comme outil d’expertise

Au Salon de l’agriculture, parmi les solutions en faveur d’une activité de précision, le drone est présenté comme un élément clé de décision pour l’exploitant.

| Cet article fait partie du dossier « Agriculture : des hommes et des champs connectés »

Julien Guéry, en charge des partenariats d’Airinov, rappelle que la France est l’un des premiers pays à avoir légiférer sur l’utilisation des drones.

Au sein de l’espace Agri 4.0 du Salon de l’agriculture, les drones sont présents sur de nombreux stands. L’institut Irstea présente entre autres son appareil dédié à l’irrigation, conçu pour déterminer, à l’aide d’une caméra hyperspectrale, la quantité d’eau et la proportion de produits phytosanitaires à apporter aux cultures.

Déployés sur le marché depuis 2011, les drones sont utilisés dans le milieu agricole pour deux principaux usages. L’aéronef sert d’une part à la surveillance des cultures. « Les drones offrent une vision et des mesures sur la totalité de la parcelle de manière précise, il n’y a pas de zone aveugle », assure Julien Guéry, en charge des partenariats à Airinov. D’autre part, l’objet aérien est utilisé à des fins d’expertise, notamment dans la détection de maladies. « L’analyse de l’image permet d’ajuster la quantité d’eau, d’intrant ou de pesticide à apporter », détaille Lénaic Grignard, chef de produits Agriculture à Delair.

Airinov constate un intérêt de ses clients pour effectuer de l’agriculture de précision. « Les semenciers cherchent à obtenir la céréale la plus résistante parmi des milliers de variétés. Les drones permettent d’observer celles aux meilleurs potentiels sur les parcelles », confirme Lénaic Grignard. La start-up travaille notamment avec le groupe agroalimentaire Maïsadour sur un projet pour sélectionner les plantes les plus dynamiques dans la production de chlorophylle, moteur de leur croissance. Consciente de ce besoin de sélection, la start-up Hiphen s’est spécialisée dans le phénotypage pour évaluer la quantité de feuilles d’une certaine culture.

Vers une interopérabilité avec les robots

Fondée en 2011, Delair propose des offres spécifiques à l’agriculture depuis deux ans. ©DR

L’adoption de ces nouvelles pratiques reste encore un défi pour les divers acteurs, les drones étant encore marginaux dans les fermes. Airninov note toutefois une démocratisation de cette technologie. « Avec la baisse des prix, qui ont été divisés par six en quatre ans pour aboutir à un investissement inférieur à 5 000 euros, et le gain qu’ils engendrent, les drones deviennent essentiels. » Delair évalue également de son côté un ROI de 100 euros par hectare et par an.

La prochaine étape dans le secteur d’activité sera d’assurer une interopérabilité avec les robots agricoles. « Les deux sont complémentaires, reconnaît Julien Guéry. Les drones repèrent en amont tout problème et les robots agissent pour y remédier donc leur association est une évolution naturelle. » Dans cette optique, Delair a noué un partenariat avec John Deere pour combiner ses aéronefs à l’action des tracteurs connectés.

Delair imagine aussi dans le futur des modèles de prédiction par intelligence artificielle grâce à une meilleure compréhension des végétaux : « Nos connaissances vont s’enrichir par l’observation et la mesure. Par exemple, on pensait que tout stress hydrique impactait négativement le rendement du maïs. Or, un stress-hydrique modéré en début de cycle rend le maïs plus résistant à la sécheresse. Ce n’est que par la donnée que l’on peut apprendre cela. » Lénaic Grignard prédit aussi une meilleure information aux consommateurs sur l’origine des aliments. « On pourrait envisager par exemple avec un QR-code sur une boîte de conserve dont le contenu montrerait la traçabilité du maïs, du champ à l’assiette, avec une vision sur les différentes étapes de son évolution. »

Pour l’heure, Delair se concentre sur le développement de la plateforme de traitement de données issues de drones avec Intel et Airinov étudie une application de ses appareils à d’autres types de cultures.

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