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Petite start-up française deviendra grande

L’institut G9+, qui regroupe 50 000 professionnels du numérique, a organisé lundi 13 avril une soirée sur le thème de l’hypercroissance des start-up françaises. Les maîtres mots de cette rencontre ? L’internationalisation et la levée de fonds.

De gauche à droite : Frédéric Mazzella (Blablacar), Cyril Hullin (Mobiquithings), Christine Halliot (Total), Philippe Berna (Bercy). © G9+

Comment Blablacar, Sigfox ou encore Criteo sont-elles devenues des start-up à la renommée internationale ? Pour tenter de percer le secret de ces réussites made in France, l’institut G9+ a organisé lundi 13 avril deux tables rondes sur le thème de l’hypercroissance de nos jeunes pousses françaises. Start-up, grands groupes et organismes publiques ont tenté de déterminer les ingrédients qui transforment de jeunes entreprises innovantes en ETI (toujours aussi innovante, espérons-le).

L’internationalisation a évidemment fait l’unanimité parmi les intervenants des tables rondes. Mais s’envoler à l’étranger ne s’improvise pas. La culture, le mode de vie et les usages tendent à différer d’un pays à l’autre. « Quand on arrive dans un nouveau pays, on n’est clairement pas dans notre zone de confiance car il faut trouver de nouveaux marchés et recruter de nouvelles équipes », témoigne Cyril Hullin, président de Mobiquithings, un opérateur mobile dédié au Machine-to-Machine. Pour venir en aider à ces jeunes sociétés, plusieurs institutions et dispositifs existent. « Business France est un des meilleurs outils pour accompagner les start-up à l’étranger car elle leur trouve des relais sur place », explique Philippe Berna, Médiateur de l’innovation à Bercy.

Encore faut-il penser à s’exporter au bon moment. Philippe Berna conseille aux start-up de commencer par avoir de bonnes références en France avant de tenter sa chance à l’étranger. De son côté, Frédéric Mazzella, le fondateur du site de covoiturage Blablacar, estime qu’il faut conquérir au plus vite d’autres marché. « Dans le digital, il faut être global avant même d’être rentable », assure-t-il. « En France, tout le monde semble surpris de l’expansion de Blablacar alors qu’aux Etats-Unis ça parait normal ». Fondé en 2006, cette « scale-up » (d’après le néologisme utilisé par son dirigeant) a réussi son internationalisation puisqu’elle a lancé la version espagnole de son site dès 2009 et est aujourd’hui présente dans 18 pays, dont les derniers en date sont la Hongrie, la Croatie, la Serbie et la Roumanie. Frédéric Mazzella met également en garde les start-up face au « paradoxe français ». « Nous sommes dans un pays de taille intermédiaire. Du coup, on pense que la France est le premier marché à qui on s’adresse. C’est un piège qui nous empêche de penser global dès le début ».

Entre fonds d’investissement et entrée en bourse

Selon les participants, la capacité d’hypercroissance vient notamment des moyens de financement à disposition. Le chemin « classique » de recherche de fonds passe en général par des business angels puis par des fonds d’investissements tels que Partech Ventures ou ISAI. Enfin, quand la start-up est en phase de mid stage*, il existe le capital-développement ou capital-innovation. « C’est très agréable d’être accompagné par des gens qui ont l’habitude de travailler avec des start-up en hypercroissance. Ça nous permet d’avoir beaucoup de marraines et de parrains qui nous conseillent », raconte Frédéric Mazzella. La BPI cible, elle, au-delà du capital-risque et capital-innovation. Elle a créé en 2014 Large Venture, un fonds destiné aux entreprises de la santé, du numérique et de l’environnement. « Souvent, il existe deux « vallées de la mort » à l’amorçage, où le taux de chute est le plus important, et quand on est encore en capital-innovation, pour accélérer. Ce segment « Large Venture » permet de fournir aux start-up des tickets d’entrée à partir de 10 millions d’euros » a indiqué Maïlys Ferrère, directrice Pôle Investissement Large Venture de la BPI.

L’entrée en bourse peut aussi être envisagée par une start-up malgré son jeune âge et un modèle économique incertain. « Une jeune société n’a pas besoin d’être rentable pour envisager la bourse. Les investisseurs particuliers ont un appétit fort pour les start-up. Et ça leur donne une visibilité à l’international », a soutenu Eric Forest, président directeur général d’EnterNext, la filiale d’Euronext dédiée au financement et à la promotion des PME et ETI. Ces pistes de financement ne sont pas encore à portée de l’ensemble de l’écosystème des start-up françaises comme le souligne Frédéric Mazzella : « On n’est seulement en train de structurer ce système financier. Et il faut que ça bouge vite car on a 15 ans de retard ! »

 * Le mid stage est une phase où les start-up ont bien défini leurs produits et ont trouvé leur business model. Elles ont souvent déjà levé des fonds.

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