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Systematic roule pour l’industrie 4.0.

Le 20 juin 2012 se déroulait, au Palais Brongniart, à Paris, la convention annuelle de Systematic à laquelle Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME de l’innovation et de l’Economie numérique, a assisté. A sa droite, Jean-Luc Beylat, président du pôle.

L’ouverture de l’IRT SystemX, et la finalité de sa nouvelle feuille de route 2013-2018 – qui introduit l’Usine du futur comme nouvelle thématique –, donne au cluster francilien les moyens d’être l’« usine à innovations technologiques » tant attendue.

 

Porté par le pôle Systematic, qui l’a labellisé et soutenu dans sa candidature auprès de l’Agence nationale de la recherche (ANR), l’Institut de recherche technologique SystemX (IRT) était très attendu.

Inauguré le 21 février dernier sur le plateau de Saclay, l’IRT confère au pôle de compétitivité francilien un réel « plus » en matière de transfert technologique. « L’IRT est la courroie de transmission qui manquait pour avoir l’efficacité en aval qu’ont, par exemple, les instituts Fraunhofer en Allemagne », explique Jean-Luc Beylat, président de Systematic et président d’Alcatel- Lucent Bell Labs France.

« SystemX a pour mission d’appuyer ceux de nos membres qui ont signé le contrat de l’IRT par une recherche en propre, qui n’existait pas jusqu’ici. Les projets seront travaillés dans une dynamique “bottom-up” [ascendante] pour faire émerger des solutions pour lesquelles les partenaires voient des applications commerciales d’ici trois à quatre ans », renchérit Pascal Cléré, président de SystemX, par ailleurs vice-président de la division Alstom Transport Systèmes.

Huit ans après sa création, en 2005, Systematic Paris-Région se veut de plus en plus pragmatique. « Le pôle s’est construit sur la problématique de la maîtrise des grands systèmes complexes et autour de l’idée que tous les secteurs applicatifs majeurs subissaient une révolution du fait de l’essor des technologies numériques », rappelle Dominique Potier, directeur recherche et technologie. Des thématiques ont été lancées pour définir les axes d’études et de développement. « Deux problématiques sous-tendent l’action du pôle. Avec quelles technologies concevoir le cœur numérique des systèmes ? Comment définir le modèle et les bases techniques des logiciels libres ? » poursuit-il. De cette analyse ont découlé les projets de R&D à mener.

 

Partager connaissances et recherches
Tout repose sur le constat que, pour construire un système intelligent ou un objet complexe, il faut mettre en œuvre de très nombreuses technologies numériques et faire appel aux systèmes embarqués, aux objets connectés, au cloud computing et aux big data, ou encore aux logiciels libres et aux calculateurs haute performance (HPC). L’open innovation, que permet l’écosystème du pôle, s’impose alors comme une nécessité. « Une grande entreprise doit suivre 60 à 70 technologies ! Seul le partage des connaissances et des recherches menées en commun lui permet d’être compétitive », insiste le directeur recherche et technologie.

Nouveau système d’imagerie robotisé mobile (à gauche sur la photo) intégré dans un bloc chirurgical de GE Medical Systems

Dès 2005, des groupes thématiques (Automobile & transports, Confiance numérique & sécurité, Télécoms, Logiciels libres, Outils de conception et développement de systèmes) ont été créés pour porter les projets. Les feuilles de route successives ont précisé la donne. En 2009, deux thématiques nouvelles – TIC & santé et TIC & ville durable – sont introduites. En 2012, la gestion intelligente de l’énergie est lancée. « La feuille de route 2013-2018, en cours de finalisation, introduira comme thème nouveau “l’usine du futur” », indique Dominique Potier.

Des projets seront expertisés dans les domaines du manufacturing avancé et de la gestion du cycle de vie des produits. « Il faut se projeter sur les plates-formes industrielles de demain qui seront extrêmement numérisées et interactives. Elles reposeront sur des systèmes de systèmes complexes, des infrastructures numériques et des outils de conception et de simulation, qui font que cette problématique est au cœur du savoir-faire de Systematic », indique Jean-Luc Beylat.

 

Accentuer la finalité commerciale

Caméra Vigiscan d’HGH Systèmes Infrarouges, intégrant des technos issues du projet Safearound

La nouvelle feuille de route du pôle comporte également, en réponse au rapport Gallois sur la désindustrialisation, une inflexion liée à une demande de l’État pour accentuer la finalité économique des projets. « Nous devrons montrer, de façon plus précise, leur capacité à déboucher sur un service ou un produit commercialisable », explique Dominique Potier. C’est l’un des messages que font passer Jean- Luc Beylat et Pierre Tambourin, directeur de recherche à l’Inserm et directeur général du Genopole d’Evry, dans le rapport sur la politique de l’innovation et la productivité, qu’ils viennent de remettre au Gouvernement *. « La politique des pôles est bonne. Elle fédère des écosystèmes et diffuse de l’innovation, mais il faut contourner les barrières entre la recherche scientifique et l’application industrielle », plaide Jean-Luc Beylat. Faire en sorte que, comme le rappelle Fleur Pellerin, ministre chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique à nos confrères des Echos, « les pôles de compétitivité, qui ont longtemps été des usines à projets, deviennent des usines à produits ».

 

Parmi les leaders européens
L’inflexion vers l’aval que donne la nouvelle feuille de route 2013-2018 et la création de l’IRT SystemX (l’un des cinq IRT seulement déjà lancés sur les huit retenus par les investissements d’avenir) renforcent les moyens d’action de Systematic. Relancer la compétitivité française ne sera pas une mince affaire.

Archos, précurseur sur le marché des baladeurs audio/vidéos, est désormais spécialistes des tablettes Internet (photo)

Dans ce combat, le pôle francilien arrive en première ligne. Parce qu’il rassemble toutes les têtes de ponts des grandes filières industrielles françaises, de l’automobile et des transports (Renault, PSA, Valeo…), de l’aéronautique et de la défense (EADS, Thales, Safran…), de l’énergie (EDF, Air liquide, GDF Suez…), de la sécurité et du numérique (Gemalto, Oberthur…) et des télécommunications (Alcatel-Lucent, Orange…), ainsi que les plus grands noms de la recherche et de la formation. « Nous sommes “par construction” et en raison notamment de notre implantation en Ile-de-France, le pôle français qui rassemble le plus grand nombre de partenaires », rappelle Jean-Luc Beylat. Systematic Paris-Région est aussi l’un des soixante-douze pôles de compétitivité français les mieux notés dans les évaluations gouvernementales. Il est aussi le seul, avec le pôle grenoblois Minalogic, à avoir été labellisé « Cluster Organisation Management Excellence Gold Label ». Ceci l’installe dans le gotha des pôles européens et lui confère de quoi jouer un rôle de leader dans le redressement de la compétitivité de l’industrie française…

 

* Rapport L’innovation : un enjeu majeur pour la France. Dynamiser la croissance des entreprises innovantes, par Jean-Luc Beylat et Pierre Tambourin.

 

Le pôle en bref
Plus de 700 partenaires : 125 grands groupes, 430 PME, 25 ETI, 80 laboratoires de recherche/établissement d’enseignement supérieur, 20 investisseurs privés dans 8 domaines : automobile et transports ; confiance numérique et sécurité ; gestion intelligente de l’énergie ; télécoms ; logiciels libres ; outils de conception et développement de systèmes ; TIC et santé ; TIC et ville durable.
Un secrétariat permanent d’une vingtaine de personnes, à Saint-Aubin près de Saclay (Essonne), doté d’un budget de 3 millions d’euros.

 

373 projets lancés depuis sa création en 2005
Neuf nouveaux projets de R&D collaboratifs, financés par le Fonds unique interministériel (FUI), viennent de rejoindre l’escarcelle de Systematic. Avec 373 projets lancés depuis sa création en 2005 (2 milliards d’euros investis), la machine est bien huilée. « C’est le résultat d’un processus de sélection qui se veut le plus constructif possible, en aidant les entreprises, notamment les PME, à définir et à monter au mieux leurs projets », indique Dominique Potier, directeur recherche et technologie du pôle.
Ces projets se classent en deux catégories. « Ceux qui débouchent sur la mise sur le marché d’un produit, un ou deux ans après la fin des recherches… », explique-t-il. Parmi les succès : la caméra de surveillance de HGH Systèmes Infrarouges, la tablette d’Archos, le robot chirurgical mobile de GE Medical Systems, l’ERP de Nexedi ou encore le logiciel de vérification de couverture de tests d’AdaCore, deux produits réalisés en logiciel libre… « …et les projets structurants pour toute une filière, destinés à rassembler des acteurs autour d’une norme ou d’un standard » comme Fame2 et Pops dans le calcul haute performance ; Autosar et E’motive pour définir la plate-forme numérique de l’automobile et le système d’aide à la conduite de demain ; ou encore Mobisic pour le développement d’un système de gestion de crise. « Ces projets de communauté génèrent une forte activité BtoB », conclut-il, tout en précisant que « standardiser les smart grids » sera l’un des objectifs de la nouvelle thématique sur la gestion intelligente de l’énergie.

 

Cet article est extrait du n°3 d’Alliancy le mag – Découvrir l’intégralité du magazine

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