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Yann LeCun (Facebook) : « Partnership on AI : arrivée d’une directrice exécutive et de nouveaux membres ! »

A l’occasion de la Rencontre Inria-Industrie sur « les données et leurs applications », Yann LeCun, directeur de Facebook AI Research (Fair) et professeur à New York University (NYU) nous a donné son avis sur la dynamique française autour de l’intelligence artificielle, par rapport à ce qui se joue au niveau mondial.

Yann Le Cun -

Yann Le Cun – CC Flickr O’Reilly

Alliancy. Comment voyez-vous la recherche française en IA, dans l’industrie notamment, par rapport à ce qui se fait ailleurs ?

Yann LeCun. La plus grande partie des recherches que l’on fait chez Facebook n’est pas répandue en France. On en voit un peu dans les start-up et chez quelques grands de l’aéronautique ou de la finance, mais majoritairement, les groupes appliquent des technologies développées ailleurs, pas obligatoirement à la pointe de la recherche en IA. Jusqu’au milieu des années 1990, on voyait des choses vraiment très avancées dans certains laboratoires français, mais tout ceci n’existe plus dans le monde d’ailleurs depuis les années 2000.

Un de mes conseils est qu’ils doivent devenir plus ambitieux, prendre des risques et pratiquer la recherche ouverte. Certains groupes le font, notamment américains comme Google, Facebook ou Microsoft, dont le succès est surtout lié au déploiement de services. La recherche est moins ouverte chez Apple ou Amazon, qui sont des groupes plus tournés vers les produits. Mais ce qu’il faut voir aujourd’hui, c’est que l’avantage compétitif est d’abord sur le time-to-market…

On parle beaucoup de la French Tech, du potentiel français en matière d’innovation… Quelle vision en avez-vous ?

Yann LeCun. Il y a un vrai potentiel en France, grâce à la qualité des personnes, des formations. Mais la lourdeur du paysage légal et financier pèse, même si cela évolue… Les fonds levés aux Etats-Unis n’ont rien à voir avec ce qui se fait ici.

Pour revenir à la recherche, c’est un domaine mondial. Les jeunes veulent des environnements où développer leurs idées et où ils aiment vivre. Chez Facebook, nous sommes très ouverts ! Les chercheurs peuvent échanger, publier leurs travaux. C’est important pour la compagnie et pour notre image.

Vous avez initié, courant 2016, « Partnership on AI », l’alliance* entre Facebook, Google, Amazon, IBM et Microsoft, dont le but est de « garantir que les technologies d’IA bénéficient au plus grand nombre ». Où en êtes-vous ?

Yann LeCun. Il a fallu du temps, notamment pour finaliser les statuts de la structure entre les membres fondateurs [Apple en fait également partie depuis janvier 2017, NDLR]. Aujourd’hui, d’autres membres nous ont rejoints. Des industriels comme SAP ou Sony, mais aussi des organisations gouvernementales (Unesco…), des laboratoires universitaires qui travaillent soit sur l’IA ou sur les impacts sociétaux de l’IA (Element AI, Affectiva…)…, mais aussi des cabinets comme Accenture ou McKinsey. Des discussions sont en cours avec l’Inria par exemple. Terah Lyons, issue du Gouvernement Obama, vient enfin d’être nommée directrice exécutive de l’association.

La semaine prochaine, je serai deux jours à Berlin à ce sujet, pour rencontrer Ralf Herbrich, le directeur du centre de recherche en machine learning d’Amazon et membre fondateur. Notre objectif est de monter des groupes de travail sur différents thèmes pour ériger des recommandations, par exemple pour les start-up qui travaillent sur l’IA. On veut proposer des guidelines… à différents acteurs. Il est important d’éduquer le public et de traiter les vrais/faux dangers de l’IA.

« Partnership on Artificial Intelligence to Benefit People and Society » (Partenariat pour l’Intelligence Artificielle au Bénéfice des Citoyens et de la Société)

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