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Comment impliquer les financiers dans la transition écologique

Le think tank The Shift Project propose des pistes concrètes pour intégrer les enjeux écologiques dans les formations en finance, grâce à l’implication de plus de 150 professionnels de l’enseignement supérieur, de la gestion et de la finance.

Après les étudiants en gestion, The Shift Project s’attaque aux étudiants du secteur de la finance avec un rapport intitulé « ClimatSup Finance – Former une finance au service de la transition ».

Le think tank rappelle que la transition écologique requiert des financements massifs. Rien que pour la décarbonation, il serait nécessaire d’investir en France autour de 100 milliards d’euros par an d’ici 2030 selon l’Ademe. Les besoins de financement sont très divers : décarbonation des procédés industriels, isolation des bâtiments, protection des espèces, etc. Or, seuls 5 % des formations en finance intègrent les enjeux écologiques, selon The Shift Project qui a analysé 1 400 parcours de formation en France.

Un socle de connaissances et de compétences de 320 heures minimum

Les professionnels de la finance doivent comprendre les contraintes physiques et leurs implications pour leurs métiers. The Shift Project a défini un socle de connaissances et de compétences à destination des enseignants et responsables pédagogiques. Il décrit les connaissances et compétences à intégrer dans les cours obligatoires enseignant les fondamentaux de la gestion, comprenant la finance (165 heures). Il est complété d’un socle spécifique à la « finance » qui décrit les connaissances et compétences à enseigner aux étudiants et professionnels de la finance en plus du socle commun (156 heures).

Les acteurs de la finance doivent ainsi développer des connaissances et compétences spécifiques, comme connaître les limites des mécanismes utilisés par la finance pour prendre en compte les enjeux écologiques (finance verte, ESG…), comprendre les contributions nécessaires de la finance à la transition écologique (financer l’atténuation des impacts des organisations sur l’environnement, améliorer la résilience de l’économie réelle face aux crises à venir, ne pas aggraver les déséquilibres écosystémiques…), comprendre les modalités de prise en compte des enjeux écologiques par les autorités de régulation et institutions monétaires (politiques monétaires ciblant des objectifs climatiques, prise en compte des enjeux écologiques par les autorités de régulation…).

Prospective : 12 évolutions potentielles à prendre en considération

Dans une démarche prospective, le rapport passe également en revue 12 évolutions potentielles de la finance sous l’effet de l’urgence écologique. Ces évolutions décrivent des événements choisis ou subis qui pourraient advenir et entrainer un changement significatif du fonctionnement de la finance et de ses métiers. Cette réflexion prospective vise à aider les directeurs de programme et enseignants à identifier les connaissances et compétences à développer chez les professionnels pour qu’ils soient en mesure de répondre aux défis auxquels ils pourraient être confrontés.

Parmi les évolutions à considérer se trouvent l’arrêt de la focalisation sur l’objectif de croissance du PIB et les changements de pratiques engendrés par le risque de récessions à répétition. L’évolution des missions des banques centrales en faveur du financement de la transition écologique est également évoquée, par exemple en intégrant le principe de double matérialité à leur doctrine (le principe de double matérialité consistant à étudier les impacts de l’environnement sur l’entreprise et réciproquement).

Du côté réglementaire, The Shift Project souligne notamment la prise en compte des risques climatiques physiques, de transition et de responsabilité dans le devoir fiduciaire, permettant au gestionnaire d’actifs de prioriser les enjeux écologiques à la rentabilité court-terme des placements. Le rapport met également en avant la généralisation de méthodes permettant de prendre en compte les impacts écologiques, par exemple la comptabilité en triple capital (financier, humain, environnemental) sous l’effet d’évolutions normatives.

3 % du budget de fonctionnement des établissements à mobiliser pendant trois ans au minimum

Les directions et présidences d’établissements d’enseignement supérieur sont invitées à se former et à former l’ensemble de leur personnel, tout en redéfinissant leur stratégie d’établissement pour intégrer les enjeux écologiques avec ambition et cohérence dans les enseignements, la recherche, le campus, les pratiques et la gouvernance.

Cela nécessite de mobiliser des moyens humains et financiers en adéquation avec les transformations à mener : 3% du budget de fonctionnement pendant 3 ans au moins. Les directions et présidences devront par ailleurs s’assurer que les professeurs n’aient pas de conflit d’intérêts entre leurs enseignements et leur activité professionnelle. S’ils existent, il faudra les afficher publiquement.

Quant aux organismes spécialisés dans les accréditations et classements, ils devront selon The Shift Project accorder aux enjeux écologiques un poids supérieur à tous les autres critères dans leurs évaluations, définir précisément les enjeux écologiques tels qu’ils seront évalués, en plaçant les limites planétaires au centre, valoriser l’intégration des enjeux écologiques dans tous les enseignements, et évaluer quantitativement et qualitativement l’impact des actions menées.

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