Didier Lejeune (SCC) : « De plus en plus de projets globaux de transformation naissent chez les ETI »

En écho au dernier dîner de la rédaction d’Alliancy, le mag, qui a interrogé la capacité des entreprises de tailles intermédiaires françaises (ETI) à être des « champions de la transformation numérique », Didier Lejeune, directeur général pour la France de SCC, premier groupe informatique privé d’Europe, livre sa vision des enjeux spécifiques qu’ont ces entreprises et les réponses qu’il est possible d’y apporter.

Didier Lejeune, Directeur général SCC France

Didier Lejeune, Directeur général SCC France

Alliancy. Quelles sont les caractéristiques particulières des ETI françaises qui peuvent avoir un impact sur leur transformation numérique ?

Didier Lejeune. Une entreprise de taille intermédiaire est par nature plus dynamique et plus agile qu’un grand groupe. Elle est également en prise beaucoup plus directe avec son marché, là où les entreprises de plus grande taille seront souvent sur des actions à moyen terme, très structurées. L’ETI en tant que structure plus légère, n’a cependant pas le droit à l’erreur sur ses actions et notamment ses axes de transformation, au risque d’avoir à subir des conséquences économiques directes. Un autre aspect est que ces entreprises, souvent familiales, se sont très fortement internationalisées ces dernières années. Cela a de nombreuses conséquences sur la vision qu’elles ont de leur transformation.

Cette taille intermédiaire est-elle une force ou une faiblesse quand on est confronté aux enjeux numériques ?

Didier Lejeune. Le fait de pouvoir s’appuyer sur des cycles courts de décisions rapides, de mises en pratique immédiates de ce qui a été décidé, est incontestablement une grande force pour les ETI ; du fait des changements tout aussi rapides de contexte et de technologies auxquelles toutes les entreprises doivent faire face. Leur ancrage dans le business quotidien leur évite par ailleurs souvent de trop se perdre dans des faux combats ou des retards de décisions inhérents à des organisations plus structurées

A l’inverse, il est tout aussi évident que les ETI sont en première ligne en ce qui concerne le manque de compétences adéquates pour opérer tous les aspects variés que doit prendre leur transformation. Il ne leur est tout simplement pas possible d’investir sur tous les sujets concernés ou de se doter d’expertises à la fois sur les aspects techniques et organisationnels, qui prennent rapidement une ampleur importante quand on commence à tirer le fil.

Est-ce que les dirigeants d’ETI sont aujourd’hui au clair sur ces avantages et les écueils à éviter ?

Didier Lejeune. Le marché français accuse toujours un léger décalage en termes de maturité par rapport au Royaume-Uni ou à l’Europe du Nord par exemple. Cependant, une énorme prise de conscience s’est opérée depuis 2 ans. L’idée qu’il faut absolument se projeter vers le futur et des transformations importantes, même si pour le moment de nombreux indicateurs sont au beau fixe, a fait son chemin. Selon les secteurs, cela se traduit différemment, mais nous voyons de plus en plus de projets globaux de transformation naître dans les ETI, ce qui est le signe qu’une vision transversale, stratégique, commence à être déroulée.

Cette vision stratégique naissante est-elle en accord avec leur réalité technique actuelle, qui va être le socle de la plupart de leurs transformations ?

Didier Lejeune. Nous constatons un fort besoin de réconciliation à ce niveau. Beaucoup d’ETI ne savent pas comment faire quand est abordée la question de l’architecture IT et des compétences liées, qui doivent permettre de traduire concrètement les nouveaux modèles, les nouveaux services, qu’elles veulent proposer. Elles sont donc demandeuses d’une trajectoire qui va permettre de faire évoluer leur système existant sans rupture, vers une informatique bimodale qui intègrera aussi des aspects beaucoup plus innovants, agiles, cloud… tout en répondant à des sujets complexes comme la sécurité par exemple.

Au final, quelle doit être leur priorité en 2017 ?

Didier Lejeune. Centrer leurs efforts sur leur cœur de métier, sur lequel elles vont pouvoir être tout à fait certaines d’apporter une valeur supplémentaire à leurs clients en se transformant. Pour le reste, il sera plus pratique de se faire aider et de déléguer, car il ne sera tout simplement pas possible de traiter efficacement tous les sujets de son propre chef, en interne. 

Nous sommes chez SCC culturellement très proche de ces enjeux, car avec 2000 collaborateurs et 1,14 milliard de chiffre d’affaires en France, nous sommes nous-mêmes une ETI : nous comprenons donc bien quels vont être les besoins mais aussi les points de tension, par exemple en termes organisationnels, pour des structures de taille intermédiaire en pleine transformation. C’est un peu différent de ce qu’offrent les géants du conseil et de l’IT, pour qui les ETI sont des clients comme les autres… De notre côté, nous sommes particulièrement attentifs aux détails sur la dimension contractuelle qui vont permettre le meilleur accompagnement sur ces enjeux complexes. De même, face à la variété des besoins et des capacités d’investissements, nous avons une activité en interne, dédiée au financement de la transformation – un sujet critique pour ces acteurs. Se transformer n’est pas qu’une histoire de nouveaux outils technologiques.

 

Consultez aussi le diaporama Débat de la rédaction « Peut-on faire des ETI françaises les prochaines championnes de la transformation numérique ».