Vsora veut imposer une puce IA européenne face aux géants américains

 

L’entreprise française Vsora lève 40 millions d’euros pour produire dès 2025 une puce d’intelligence artificielle pour concurrencer celles de Nvidia et AMD.

 

Dans le secteur des GPU, largement dominé par les géants américains comme Nvidia, une entreprise française entend bousculer l’ordre établi. Vsora, basée à Meudon-la-Forêt (92), vient de lever 40 millions d’euros pour lancer, dès cette année, la production de sa puce Jotunn8 (J8), dédiée à l’inférence en intelligence artificielle : un segment crucial pour les applications comme l’IA générative, la conduite autonome ou encore la robotique. Soutenue par Otium, Omnes Capital, Adélie Capital et le Fonds du Conseil Européen de l’Innovation, la startup ambitionne d’établir un nouveau standard mondial. Alors que le marché de l’inférence IA est en pleine explosion, Vsora entend se positionner comme une alternative européenne. Le marché, estimé à 124 milliards de dollars en 2025, pourrait atteindre 255 milliards d’ici 2030. C’est dans ce contexte que la puce Jotunn8 (J8) a été développée : elle serait capable d’atteindre plus de trois fois les performances des solutions actuelles tout en consommant deux fois moins d’énergie. Un atout de taille, à l’heure où les enjeux énergétiques et de rentabilité par requête deviennent critiques pour les géants du numérique.

 

Garantir la souveraineté technologique européenne

 

La J8 repose sur une architecture de type chiplet, conçue spécifiquement pour l’inférence, à la différence des puces classiques, optimisées pour l’entraînement des modèles. Avec ce financement, Vsora veut non seulement lancer la production de sa puce en 2025, mais aussi préparer son industrialisation à grande échelle. L’entreprise a déjà établi des partenariats avec des fabricants de rang mondial pour accéder aux technologies les plus avancées. Le fondateur Khaled Maalej affirme vouloir garantir « la souveraineté technologique européenne » et créer une alternative crédible face aux États-Unis et à l’Asie. Les investisseurs, eux, y voient un pari stratégique. « Vsora représente une opportunité unique pour la France et l’Europe », souligne Gaspard de Veyrac, principal chez Otium, qui met en avant le potentiel industriel et technologique de la startup. À travers cette levée de fonds, c’est tout un écosystème européen de la deeptech qui se structure autour d’un enjeu crucial : maîtriser l’intelligence artificielle de demain.