Xavier Niel relance 42 à Paris, sans céder au mirage IA

 

Dix ans après sa création, l’école 42, fondée par Xavier Niel, a inauguré ce jeudi son campus rénové de 9 000 m² dans le 17e arrondissement de Paris. Un retour aux sources pour une école confrontée à une IA qui rebat les cartes du code.

 

Le code change, mais 42 reste droit dans ses lignes. Ce jeudi, l’école 42 rouvre les portes de son bâtiment historique entièrement réhabilité, dans le nord-ouest parisien. Neuf mille mètres carrés pour incarner un virage sans rupture : dix ans après sa création, l’établissement voulu par Xavier Niel continue de défendre une pédagogie autonome, exigeante et résolument non conventionnelle. Une manière de répondre à l’irruption de l’intelligence artificielle sans basculer dans l’opportunisme. À l’image de ses locaux, l’école revendique une modernisation en continuité. Derrière les cloisons refaites du NOC 42, les principes restent les mêmes : pair-à-pair, évaluation entre étudiants, absence de cours magistraux. Ici, on entre sans CV, sans diplômes, mais pas sans résistance à l’effort. Et l’IA ne change pas cette matrice, non, elle en souligne plutôt la pertinence, selon la direction.

 

L’IA ne remplace pas l’abstraction

 

Alors que les agents conversationnels automatisent déjà les tâches les plus basiques du développement, 42 ne modifie pas son socle : les étudiants plongent toujours dans le langage C dès leur entrée, via la célèbre “piscine” de 26 jours. L’enjeu : leur apprendre à raisonner, pas à répliquer. Car, selon Sophie Vigier, directrice générale, “c’est ce qui n’est pas automatisable qui devient différenciant”. Si 42 propose désormais des parcours en IA, cybersécurité ou cloud, elle ne cède pas à la mode des formations prompt-centric. L’idée n’est pas de former des consommateurs d’outils, mais des profils capables de les concevoir et de les maîtriser. Ici, l’IA s’étudie depuis sa racine algorithmique. Pas depuis l’interface. À l’heure où le code s’écrit à coups de modèles génératifs, 42 fait le pari inverse : miser sur des cerveaux qui savent encore penser sans assistance.