Face à l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle, le groupe Lefebvre Dalloz a mené une enquête à l’échelle européenne pour interroger son impact sur les métiers juridiques.
Si l’IA ne remplace pas les juristes, elle transforme profondément leur pratique, rendant indispensable une régulation claire, une souveraineté technologique maîtrisée et une responsabilisation des professionnels dans son usage. Pour répondre aux inquiétudes et aux affirmations alarmistes, le groupe Lefebvre Dalloz a traversé cinq pays européens et échangé avec une vingtaine d’experts à ce sujet. Ces rencontres ont donné naissance à un documentaire de 52 minutes. Écrit par Sumi Saint-Auguste avec le concours de Pierre Gomy, le film est disponible sur la chaîne YouTube du groupe.
Une accélération qui ne suit pas la régulation
Avec l’évolution exponentielle des nouvelles technologies et du développement de l’IA, les secteurs sont enclins à se demander en quoi cette transformation numérique va les toucher. En particulier pour les domaines sensibles tels que le droit. Des révolutions, le monde en a connu, mais l’apparition de l’intelligence artificielle résonne autrement. Son développement, d’une rapidité inédite, contraint institutions et individus à s’adapter dans l’urgence. Une dynamique qui, en soi, augmente les risques. Puissante, l’IA ne remplace pas (encore) l’humain, mais son évolution échappe pour l’instant à un cadre juridique et sociétal solide, puisque sa régulation ne suit pas sa vitesse de déploiement. De ce fait, des interrogations voient le jour, comme pour Sam Von Ostroom, CEO GmbH : “Qui va garantir les droits fondamentaux dans l’ère numérique ? Quelles questions surgissent à ce sujet et qui se charge de veiller à ce que l’humain reste au centre ? »
Une volonté de souveraineté
Souhaitée par de nombreux acteurs, la souveraineté reste difficile à concrétiser. Pour Michaël Benesty, directeur R&D chez Lefebvre Dalloz, « ce discours politique omniprésent, qui prétend qu’il serait possible d’exercer une souveraineté pleine et entière, relève sans doute d’une certaine naïveté. Il ne correspond assurément pas à la réalité actuelle. “Malgré tout, l’Europe cherche à défendre ses valeurs démocratiques à travers la régulation, à l’inverse de certains modèles, comme aux Etats-Unis. Edoardo Raffiota, avocat italien, défend cette idée qu’”aux États-Unis, la technologie est largement guidée par la logique du marché, parfois au détriment de certains droits fondamentaux, comme la protection de la vie privée, centrale dans la tradition juridique européenne.” En effet, la question de la maîtrise des données reste centrale. Dans un secteur aussi sensible que le droit, les données européennes sont encore souvent hébergées par des entreprises non-européennes, mettant en péril le contrôle des infrastructures et la protection des citoyens. Si une souveraineté technologique totale semble illusoire Lefebvre Dalloz choisit d’agir concrètement, en développant leur propre solution d’intelligence artificielle, GenIA-l. Le documentaire se conclut ainsi par une formule qui résume cette ambition européenne : « Éthique, rigueur, connaissance et maîtrise pour un cadre européen réussi. Qualité, fiabilité, transparence, et primauté de l’intelligence humaine sur la machine : une IA humaniste. »
Augmenter la cognititvité et responsabiliser son usage
L’IA ne remplace pas l’humain, mais modifie ses manières de travailler. Dans le domaine juridique, le travail est “déplacé” et non remplacé. Les experts sont clairs : l’IA aide en amont (notamment dans les recherches, les collectes d’informations ou encore la gestion administrative) permettant ainsi d’avoir plus de temps pour une analyse de fond du dossier. Surtout, les métiers du droit riment avec interprétation. De fait, l’humain reste irremplaçable dans l’intuition, l’éthique, la compréhension du contexte et la capacité à poser des questions pertinentes. L’IA, elle, se contente de délivrer des informations. C’est à l’homme d’être sûr de ce que lui propose l’IA, d’être capable de réfléchir et d’en juger le contenu, notamment sur sa pertinence et sa fiabilité. Ainsi, la collaboration homme/machine doit être équilibrée, sinon l’IA risque de devenir un outil trop flatteur, trop directif, qui affaiblit l’esprit critique et à ce moment-là, l’IA devient un véritable risque. En d’autres termes, il est crucial de former à la vérification des sources et à la responsabilité d’un bon usage, notamment pour les juristes.
Le film est visible dans son intégralité derrière ce lien
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