Un été chargé d’annonces sur l’IA

 

Des départs, des arrivées, des changements de réglementations et des investissements ont rythmé la saison estivale de l’IA en 2025. Retour sur les actualités qu’il ne fallait pas manquer pendant vos congés.

 

Les derniers changements sur le marché de l’intelligence artificielle sont toujours parmi les principaux points à suivre pour les entreprises en transformation. Et en la matière, l’actualité n’a pas pris de pause durant l’été. Alliancy vous propose un bilan des informations sur l’IA qu’il ne fallait pas manquer ces deux derniers mois.

 

OpenAI sonne le branle-bas de combat

 

Cocorico ! Une Française est devenue la numéro 2 d’OpenAI. Originaire de Sète, Fidji Simo prend la tête des applications d’OpenAI après avoir passé toute sa carrière dans la Silicon Valley, notamment chez Facebook (Meta). Elle a quitté, ce lundi 18 août, la direction d’Instacart pour rejoindre son nouveau poste aux côtés de Sam Altman, qui déclare de son côté : « Je resterai PDG d’OpenAI, mais dans cette nouvelle configuration, je pourrai me concentrer davantage sur la recherche, le calcul et la sécurité. Ces aspects sont essentiels à l’approche de la superintelligence. »

 

Ce dernier a également marqué l’actualité cet été avec le lancement, peu réussi, de ChatGPT 5, le 7 août 2025. La suppression du menu permettant de choisir entre les différents modèles d’IA n’a pas plu aux utilisateurs, impactés dans leur travail ou à titre personnel. De plus, le nouveau modèle a été décrit comme plus lent et moins créatif. Face aux critiques, Sam Altman a invoqué des problèmes techniques et a réintégré provisoirement ChatGPT 4o, tout en annonçant la préparation de ChatGPT 6. Cette prochaine génération de modèle sera notamment dotée d’une meilleure mémoire, offrant aux utilisateurs une plus grande continuité d’usage.

 

Un revers pour xAI et Google

 

Du côté d’Elon Musk, on compte les pertes. L’entreprise xAI a vu son cofondateur, Igor Babuschkin, prendre le large le 13 août. Celui-ci a annoncé quitter la start-up d’intelligence artificielle pour créer une structure d’investissement (Babuschkin Ventures), spécialisée dans le financement de la recherche sur la sécurité de l’IA et de jeunes pousses développant cette technologie. Igor Babuschkin n’est d’ailleurs pas le seul à s’être retiré de ses fonctions au sein de xAI. Plus tôt dans le mois, Robert Keele, le responsable juridique de xAI, a également choisi de démissionner.

Ce même 13 août, c’est la start-up américaine Perplexity qui a fait parler d’elle en proposant de racheter Chrome pour la somme de 34,5 milliards de dollars. L’entreprise Google pourrait en effet être obligée de vendre son navigateur après avoir été condamnée pour abus de position dominante dans la recherche en ligne. La décision du juge américain est attendue pour fin août. De son côté, Perplexity, connu pour son assistant d’IA combiné à un moteur de recherche, promet d’investir massivement dans le moteur de recherche, avec l’aide de plusieurs grands fonds intéressés par l’offre.

 

Intel et Mistral attirent les milliards

 

D’autres investissements massifs ont été dévoilé durant l’été. L’emblématique entreprise japonaise de Masayoshi Son, SoftBank a annoncé, ce 19 août, un investissement de deux milliards de dollars dans le fabricant américain de puces Intel, en difficulté depuis plus d’un an. Le fondeur conclut par ailleurs des discussions avec l’administration Trump au sujet d’une prise de participation d’environ 10 %, ce qui ferait des États-Unis son premier actionnaire.

De notre côté de l’Atlantique, depuis plus d’un mois, les discussions vont également bon train concernant la prochaine levée de fonds de la start-up Mistral AI, qui sera soutenue en partie par le fonds émirien MGX. Le financement, estimé à 1 milliard de dollars, pourrait permettre à la pépite française de franchir le cap symbolique des 10 milliards de valorisation et des 100 millions de revenus d’ici la fin de l’année. À titre de comparaison, l’américain OpenAI a annoncé début août avoir levé 8,4 milliards de dollars.

 

S’adapter aux nouvelles réglementations

 

Après avoir été autorisée par le gouvernement américain à reprendre la vente de puces graphiques en Chine, Nvidia s’est lancé, ce 19 août 2025, dans la conception d’une nouvelle puce pour le marché chinois. Plus puissante que la H20, actuellement autorisée à la vente, la B30A sera calibrée selon les seuils américains et s’appuiera sur la dernière innovation de Nvidia, l’architecture Blackwell. En échange de cette autorisation, le géant des semi-conducteurs s’engage à verser à Washington 15 % de ses revenus sur la vente de puces IA à la Chine. Une première.

À une échelle plus large, c’est toute l’Union européenne qui a dû faire face à la deuxième échéance de mise en œuvre de l’IA Act en août. La loi européenne sur l’IA était déjà entrée en application le 2 février 2025 et s’est renforcée le 2 août, puisqu’elle concerne désormais les modèles d’IA à usage général. Dorénavant, les concepteurs de modèles doivent être capables de fournir aux autorités une documentation technique sur l’architecture de leurs programmes, ainsi que sur les données servant à les entraîner. La loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 7 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise. Celles-ci seront attribuées par une nouvelle instance : l’Office de l’IA de l’UE. Du côté national, les Vingt-Sept doivent désigner au plus vite des autorités supervisant la bonne application des règles. En France, cette tâche reviendra à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et au Défenseur des droits. D’autres mesures arriveront dans les prochaines années, puisque le calendrier de mise en œuvre de l’IA Act s’échelonne jusqu’au mois d’août 2027.

 

WeTransfer perd la confiance tandis que la France la promeut

 

L’été a également été l’occasion de frictions autour des réglementations existantes et des ambitions de certaines entreprises technologiques bien en vue. Le changement des conditions d’utilisation de WeTransfer a ainsi provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, le 15 juillet 2025. La plateforme dédiée à l’envoi de photos et de vidéos prévoyait d’utiliser les fichiers envoyés par ses utilisateurs pour « améliorer les performances des modèles d’apprentissage automatique ». Si la situation s’est conclue par un rétropédalage complet de l’entreprise néerlandaise, il s’agit là d’un exemple concret d’un phénomène d’exploitation de l’IA qui sera, à ne pas douter, très surveillé à l’avenir.

L’importance de désigner des solutions de confiance se fait en effet plus que jamais ressentir. La France s’est d’ailleurs emparée du sujet en désignant, ce 6 août 2025, la start-up Ekologgia pour intégrer le catalogue national des solutions d’IA destinées aux administrations publiques. Grâce à cette initiative lancée lors du Sommet pour l’IA, la sphère publique pourra utiliser Docapi, un moteur d’IA capable d’analyser, générer et structurer des documents complexes. La recherche d’alternatives françaises et européennes en matière d’intelligence artificielle devraient encore alimenter les prochains mois pour les organisations publiques comme privées.