Cybermois 2025 : les jeunes, premières victimes des menaces en ligne

 

Le 2ᵉ baromètre Ipsos pour Cybermalveillance.gouv.fr révèle que les 18-34 ans, très exposés aux fraudes et aux piratages, réagissent encore trop peu. À l’occasion du Cybermois, du 1ᵉʳ au 31 octobre, une vaste mobilisation nationale veut renforcer la prévention des le plus jeune âge.

 

Hyperconnectée, la jeunesse française se découvre aujourd’hui en première ligne d’une guerre numérique qu’elle croyait maîtriser. Selon le deuxième baromètre Ipsos pour Cybermalveillance.gouv.fr, présenté le 11 septembre, les 18-34 ans se disent confiants dans leurs compétences digitales, mais ils sont aussi les premières victimes d’escroqueries en ligne. Près de 29 % d’entre eux ont reçu un faux appel bancaire et 20 % ont subi un piratage de compte, des taux bien supérieurs à ceux des 55-75 ans (respectivement 8 % et 7 %). Pourtant, seuls 17 % préviennent leur banque ou leur fournisseur, contre 34 % chez leurs aînés. « Trop peu de Français savent comment réagir. Il faut sensibiliser dès le plus jeune âge pour instaurer des réflexes durables”, insiste Jérôme Notin, directeur général de Cybermalveillance.gouv.fr. Cette vulnérabilité n’est pas qu’une question de naïveté : elle tient à une méfiance vis-à-vis des institutions, une tendance à l’auto-prise en charge, voire à l’inaction. Une faille majeure, alors que les cybercriminels affinent leurs méthodes et capitalisent sur les fuites massives de données pour multiplier les attaques ciblées.

 

Une maturité numérique en trompe l’œil

 

L’étude 2025 nuance toutefois des progrès notables : 58 % des internautes se disent mieux informés des risques liés à Internet, 55 % utilisent désormais des mots de passe complexes et uniques et 68 % vérifient avant d’acheter en ligne. Une maturité croissante, mais qui ne protège pas les publics les plus exposés. Les plus jeunes, convaincus de leur agilité numérique, sont paradoxalement ceux qui prennent le moins de précautions quand il s’agit de signaler un incident ou d’alerter les autorités compétentes. En arrière-plan, les usages massifs des réseaux sociaux, du e-commerce et du streaming créent des zones d’exposition inédites. Les tentatives d’hameçonnage touchent désormais 6 Français sur 10, et 13 % de ceux qui ont subi une fraude déclarent avoir perdu de l’argent. Entre piratage de comptes, usurpation d’identité et escroqueries aux faux placements, les arnaques exploitent les failles comportementales autant que techniques.

 

Un Cybermois sous le signe de la mobilisation

 

Pour répondre à ce défi, la 13ᵉ édition du Cybermois (1ᵉʳ-31 octobre) met la prévention au cœur de son programme. Plus de 1 300 partenaires, collectivités, entreprises, associations et ministères, se joignent à Cybermalveillance.gouv.fr pour organiser des centaines d’événements. Nouveauté majeure : un CyberTour de France avec cinq grandes étapes régionales, dont le coup d’envoi à Rennes, pour valoriser les initiatives locales et rendre la cybersécurité accessible à tous. L’objectif est clair : “Il faut que le Cybermois nous échappe”, martèlent les organisateurs, appelant les acteurs territoriaux à s’approprier la démarche. Dans un contexte de budget contraint, 120 000 € de moins en 2025 qu’en 2024, Cybermalveillance.gouv.fr parie sur l’effet réseau pour amplifier l’impact : médiateurs numériques, maisons France Services (2 600 sur le territoire) et enseignants sont appelés à relayer les messages de prévention.

 

De la prévention à l’action collective

 

Le défi reste immense : transformer une prise de conscience diffuse en pratiques quotidiennes. Car si les chiffres révèlent une progression de la maturité numérique, ils soulignent aussi une tendance préoccupante : l’écart grandissant entre la connaissance des menaces et la réaction face aux attaques. Les cybercriminels, eux, n’attendent pas. “La cybersécurité doit devenir une priorité sociétale, au-delà du seul mois d’octobre”, conclut Jérôme Notin. La 13ᵉ édition du Cybermois veut installer cette urgence dans le temps long. Une condition sine qua non pour éviter que la génération la plus connectée ne reste, paradoxalement, la plus vulnérable.