Generali prépare ses wallets pour l’ère eIDAS 2

 

Generali a testé trois mois le wallet Kipmi de BeYs sur emprunteur, PER et prévoyance. 78 % d’acceptation et des gains de temps en agence. Dans le couloir du réglement eIDAS 2, l’assureur cale sa trajectoire sur 2027 pour accepter les wallets à l’entrée des espaces clients.

 

2027 arrive plus vite qu’un code PIN mal saisi et ce calendrier ne relève pas du marketing. Generali a choisi d’anticiper l’échéance du règlement eIDAS 2 (Electronic IDentification, Authentication and trust Services), entré en vigueur en mai 2024 et effectif dès 2027, en confrontant le wallet à la souscription réelle. Le règlement européen compte poser les bases d’une identité numérique européenne unique, sécurisée et sous contrôle des citoyens, via un portefeuille (EUDIwallet) utilisable dans toute l’Union européenne. « Nous avons proposé Kipmi à une centaine de clients sur trois produits. 78 % l’ont utilisé » rapporte Jean Remond, AI Leader de Generali France. En point de vente, « des gains de temps très précis dans la collecte d’informations et de documents » ont recentré le rendez-vous sur le conseil. Les refus observés tiennent surtout à un faible usage du smartphone. Le test vise la bascule attendue après 2026 quand les États livreront un socle certifié et interopérable puis en 2027 quand l’acceptation des wallets deviendra obligatoire pour se connecter aux espaces clients. Autrement dit, mesurer aujourd’hui un geste qui sera demain la norme.

 

Du document à l’attribut

 

Le changement n’est pas cosmétique. eIDAS 2 pousse à sortir du tout document au profit d’attributs vérifiés et minimaux qui se partagent à la demande. « Vous ne partagez pas votre date de naissance. Vous partagez l’attribut ‘je suis majeur’ » illustre Bruno Buffenoir, directeur général du pôle Confiance Numérique de BeYs. Le modèle décentralisé remet l’usager au centre avec consentement en temps réel, traçabilité et révocabilité. La boussole reste la lutte contre la fraude et l’ambition publique vise 80 % de citoyens équipés à l’horizon 2030. Côté métiers, l’équation se clarifie avec moins de reconnaissance optique de caractères (OCR) et de contrôles lourds plus d’orchestration d’attributs certifiés. Côté business, l’effet attendu se lit en conformité outillée en coûts de vérification en baisse et en parcours qui respirent là où l’empilement de justificatifs plombe la conversion.

 

 

Preuves d’usage côté terrain

 

Sur le terrain la mécanique est lisible et tangible. Côté agence, l’onboarding devient séquentiel et prouvable avec l’identité issue du wallet : IBAN qualifié fourni par la banque, signature électronique du contrat puis archivage dans le coffre. « cela a vraiment fluidifié le parcours », souligne Jean Remond. Côté client, des gestes simples valident le modèle décentralisé avec badge d’accès en QR code stocké dans le wallet, preuve de majorité sans dévoiler l’identité ou diplôme certifié reçu depuis l’université et réutilisé lors d’une candidature interne. On n’envoie plus des copies qui se perdent, on expose des preuves réutilisables qui laissent une trace claire ce qui assainit la chaîne de traitement et limite le support. L’acceptabilité mesurée durant le pilote confirme l’intuition avec des clients sensibles à la maîtrise du partage et à la révocabilité.

 

Déploiement sans big bang

 

Pour tenir le tempo eIDAS sans casser l’existant, Generali découpe le chantier. « On ne peut pas tout révolutionner d’un coup », prévient Jean Remond. Premier volet, accepter les wallets pour la connexion aux espaces clients avec un cadrage d’identification qui peut intégrer du KYC (Know Your Customer) pour être prêt dès fin 2026 et aligné sur l’échéance 2027. Deuxième volet, industrialiser des cas d’usage à forte valeur comme la souscription bout en bout, la déclaration de sinistre et la vie du contrat avec une priorisation bouclée au S1 2026 puis un lancement au S2 2026. Côté SI, on passe du pipeline de PDFs à un bus d’attributs certifiés branché sur les systèmes existants. BeYs fournit la plateforme et un Integration Hub pour pousser les processus dans le wallet ou en web durant la phase hybride. Côté sécurité, « rien n’est jamais complètement inviolable. Le wallet s’appuie sur PIN et biométrie tels que définis par la norme », rappelle Bruno Buffenoir. Le décentralisé relève la barrière d’entrée pour les attaquants et BeYs opère des datacenters souverains dont deux à Clermont Ferrand avec des travaux engagés sur le post quantique pour les données hors périmètre wallet.

 

Économie et extension sectorielle

 

D’un point de vue réglementaire, la brique identité régalienne est gratuite pour le citoyen ainsi qu’une signature qualifiée à des fins non professionnelles. La valeur se crée au-dessus, dans l’orchestration des parcours et les services de confiance consommés à l’usage. « Il y a un modèle à la consommation de services au quotidien. Nous investissons pour délivrer un wallet à vie conforme aux engagements réglementaires », indique Bruno Buffenoir. Enfin, en termes de ROI, l’équation mélange coûts documentaires et anti-fraude en baisse, support réduit et meilleure conversion sur les étapes clés. Les mécanismes testés chez un assureur se transposent sans peine en santé pour prouver une éligibilité, en énergie pour l’accès à des sites sensibles ou encore en banque pour accélérer le KYC. 2027, on s’identifie par wallet ou on ne s’identifie pas. Le reste se jugera en deux mots : preuves vérifiables.