La France s’allie à Matrix pour consolider son indépendance numérique

 

La DINUM devient le premier État à soutenir officiellement la Fondation Matrix.org, qui porte le protocole open source utilisé par Tchap. Un geste politique et technologique fort pour affirmer la souveraineté numérique française et bâtir des communs européens durables.

 

Plutôt qu’un énième partenariat avec un géant américain, la France investit dans une ligne de code. En scellant un accord avec la Fondation Matrix.org, gardienne du protocole libre qui alimente la messagerie sécurisée Tchap, la Direction interministérielle du numérique (DINUM) envoie un message clair : l’autonomie numérique passera par les communs, pas par les licences propriétaires. Annoncé à la conférence Matrix de Strasbourg, ce soutien fait de la France le premier État à financer directement la fondation. “Matrix est une brique essentielle pour bâtir des services de communication sécurisés et souverains”, souligne Stéphanie Schaer, directrice interministérielle du numérique. “Ce partenariat marque un investissement de long terme dans l’écosystème européen.”

 

Matrix, l’alternative ouverte aux messageries fermées

 

Le protocole Matrix permet à des organisations distinctes de communiquer sans dépendre de plateformes privées. Son architecture décentralisée et transparente garantit la sécurité des échanges tout en préservant la souveraineté des données. C’est cette technologie qu’utilise Tchap, la messagerie interne de l’État, déployée depuis la circulaire du 25 juillet 2023.

En rejoignant la gouvernance du protocole, la DINUM entend contribuer à son évolution technique, en lien avec d’autres pays utilisateurs, tels que l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et le Luxembourg. L’objectif : assurer la pérennité d’un standard européen de communication sécurisée et soutenir une politique d’investissement durable dans l’open source.

Pour Amandine Le Pape, cofondatrice de la Fondation Matrix.org, “il est rare de voir un État soutenir concrètement un commun numérique qu’il utilise. Nous espérons que cette démarche inspirera d’autres pays européens à passer à l’action.”

 

Une administration qui code sa souveraineté

 

Derrière cette décision politique, la DINUM contribue déjà activement au développement du code de Matrix. Ses ingénieurs travaillent sur l’optimisation de l’algorithme Sliding Sync, pour améliorer la performance et l’expérience utilisateur, et sur la conception d’une “border gateway”, outil destiné à renforcer la sécurité des échanges interadministrations. Ces contributions seront présentées à l’Open Source Experience de Paris et au FOSDEM de Bruxelles début 2026. L’État y prendra la parole non plus comme régulateur, mais comme acteur technique du commun qu’il défend. Loin du discours incantatoire sur la souveraineté numérique, la DINUM agit là où tout commence : dans le dépôt GitHub d’un projet open source.