#SalonIndustrie2016 – Tahar Melliti (Alliance pour l’Industrie du Futur) « Embarquer les PME et ETI »

L’Alliance pour l’Industrie du Futur a été mise en place mi-2015 pour piloter le programme clé de la Nouvelle France industrielle destinée à relancer l’économie française. Son directeur, Tahar Melliti, fait le point sur l’avancée de sa mission.

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« Il y a une massification des aides, il faut que les entreprises s’en saisissent » Tahar Melliti, directeur de l’Alliance pour l’Industrie du Futur

Alliancy, le mag. Quelles sont les grandes lignes de votre mission ?

Tahar Melliti. La mission de l’Alliance est avant tout de fédérer, accélérer et transformer. Fédérer, car nous devons favoriser les rencontres et amener des acteurs qui ne se connaissaient pas à travailler ensemble. Nous devons agir vite, car il faut bien reconnaître que notre industrie fout le camp. Et transformer, car il s’agit bien de transformation en profondeur des process, mais aussi des mentalités : il nous faut accompagner la digitalisation de nos entreprises et au-delà, de l’ensemble de notre écosystème, c’est tout le sens de la transition engagée par le gouvernement de l’Usine du Futur vers l’Industrie du futur, pour faire de la France un leader du renouveau industriel mondial.

Quelles sont les premières actions mises en œuvre ?

Il nous fallait déjà mobiliser les énergies. C’est chose faite. L’Alliance regroupe les deux chefs de file du programme Industrie du futur – Bernard Charlès de Dassault Systèmes et Frédéric Sanchez de Fives –, l’Association des Régions françaises, les syndicats de salariés et les organisations professionnelles (dont Syntec Numérique et l’UIMM), le Conseil national de l’industrie et quelques grands noms du secteur, parmi lesquels Denis Ranque (Airbus), Guy Maugis (Bosch) ou Philippe Darmayan (ArcelorMittal), choisi pour présider l’association… et de nouveaux adhérents continuent d’affluer.

L’objectif est d’embarquer un maximum de PME et d’ETI dans la dynamique de transformation que nous souhaitons impulser. Nous avons présenté au Midest, le salon de la sous-traitance, un Guide pratique de l’usine du futur*. Une telle usine ne se définit pas comme un modèle unique, mais plutôt comme un processus d’amélioration continue. Fruit de plusieurs mois de travail, cet ouvrage s’adresse aux patrons de PME et d’ETI, avec des fiches techniques très détaillées pour donner des clés. Il s’agit d’un véritable référentiel de bonnes pratiques.

Et pour l’accompagnement opérationnel des entreprises ?

Il y a une massification des aides, il faut que les entreprises s’en saisissent. L’objectif a été clairement annoncé : le plan Industrie du Futur a pour ambition d’accompagner au moins 2 000 PME et ETI françaises d’ici à 2017 à s’engager dans la modernisation et à investir dans le numérique. Déjà 730 entreprises ont été identifiées en France pour bénéficier, dans un premier temps, de diagnostics, grâce à un pool de près de 500 experts. Cette action est relayée partout en France, via l’association des Régions françaises. Certaines avaient d’ailleurs déjà anticipé avec des plans régionaux « Usine du Futur ». C’est le cas en Aquitaine ou en Midi-Pyrénées. Il s’agit aussi d’amplifier une dynamique déjà engagée dans le cadre des premières actions conduites au titre de l’Usine du Futur, dont le Prêt numérique avec une enveloppe de 300 millions d’euros, qui a déjà bénéficié à 374 entreprises, ou le Prêt robotique avec également 300 millions d’euros, pour lequel 132 dossiers ont déjà été retenus pour 80,5 millions d’euros.

Sept leviers prioritaires ont aussi été identifiés, dont la cobotique, la fabrication additive, ou le contrôle non-destructif, pour structurer de nouveaux appels à projets pour des programmes de R&D visant à proposer des solutions nouvelles dans un délai de trois à cinq ans. Nous prévoyons également de labelliser une quinzaine de sites pilotes en France, appelées à devenir de véritables vitrines technologiques de l’Industrie du futur. Plusieurs sites font actuellement l’objet d’expertise et deux premiers devraient être labellisés dans le courant du mois de décembre.

Où en est le volet formation ?

Nous devons, en effet, accompagner le changement à la source. La transformation de notre industrie passe par de nouveaux métiers, de nouvelles compétences et donc de nouvelles formations. Dans un premier temps, nous cherchons à identifier des formations déjà existantes, ou des briques de cursus, qui pourraient être labellisés. Nous souhaitons aussi encourager la création de masters « Industrie du Futur ». Une chaire spécialisée sur l’industrie du futur devrait voir le jour dès la rentrée prochaine dans le giron de l’Institut Mines-Télécom et d’autres projets sont lancés, telle qu’une académie franco-allemande. Les premières lettres d’intention sont parties. Arts et Métiers ParisTech et l’université de Munich ont déjà manifesté leur intérêt. 

* Téléchargeable sur http://industriedufutur.fim.net

Retrouvez l’intégralité de notre dossier « Usine du futur »