Portrait – Alain Mendiburu de SFR Business Team – Le jeu des alliances

Si quelqu’un croit en l’avenir du cloud, c’est bien Alain Mendiburu, le responsable des partenariats stratégiques à la direction Cloud et Services de SFR Business Team.

A lire dans Alliancy la mag : le jeu des Alliances, avec Alain Mendiburu

Alain Mendiburu, responsable des partenariats stratégiques à la direction Cloud et Services de SFR Business Team – © photo : Olivier Roux

Numergy est le fruit d’une alliance entre SFR, Bull et la Caisse des dépôts à destination des entreprises. Les trois partenaires s’apprêtent à mettre sur la table 225 millions d’euros pour offrir une solution sécurisée d’un cloud à la française, à vocation européenne. Ils ne veulent pas laisser le champ libre aux seuls Américains.

Bref, une forme d’énergie numérique, comme les pouvoirs publics ont impulsé naguère une énergie nucléaire. « Cette alliance permettra de répondre aux besoins d’informatique mutualisée de l’ensemble des acteurs privés et publics. Le client disposera d’une “route sûre”, le réseau, et d’un “parking” sécurisé, les serveurs Numergy. A lui de choisir sa “voiture”, les applications, et de se concentrer surtout sur ce qu’il veut en faire ! »,explique Alain Mendiburu.

Les besoins des entreprises varient selon leur taille. « Pour les petites PME, nous devenons en quelque sorte leur DSI [direction des systèmes d’information]. Pour les moyennes et grandes entreprises, nous accompagnons la mutation du métier de DSI. Les organisations peuvent se concentrer sur l’intégration du numérique pour améliorer leur business, que ce soit pour développer de nouvelles activités ou améliorer leur productivité. Et SFR peut accompagner leurs opérations sur le plan mondial grâce à nos partenariats », défend le responsable.

Moteur, mais pas dominateur

D’ici à 2015, autant dire demain, 15 % des entreprises auront passé leur informatique en cloud. Le grand public s’y est déjà mis, c’est le contraire des évolutions précédentes de l’informatique, qui partaient des entreprises pour se diffuser vers le grand public. Là, les particuliers, sous l’influence d’Apple, ont montré la voie. De même, SFR Business Team travaille à la mise au point d’une sorte de Facebook de l’entreprise : un outil de communication unifié qui fusionnerait tous les types d’échanges dans l’entreprise, comme Zuckerberg l’a fait pour les individus. Vous aurez sur le même portail le mail, la messagerie instantanée, les logiciels de gestion de ressources humaines ou les outils de gestion de la relation client (CRM).

Les opérateurs de télécoms veulent donc reprendre la main, a fortiori en Europe où le marché est hyperéclaté. Depuis plusieurs années, ils ont dû partager les profits avec les fabricants de terminaux (Apple, Google, Microsoft, Amazon). Et la relation client avec les producteurs de contenus. Aujourd’hui, leur salut est dans des alliances à géométrie variable, comme l’illustre Numergy, dont ils peuvent être moteurs s’ils acceptent de ne pas être dominateurs.

Cette alliance entre professionnels de l’informatique et des télécoms montre la fluctuation des frontières entre les métiers. Et l’impératif d’être prêt à s’adapter : « Le monde de demain se construit comme un monde de “coopétition”, poursuit-il. Nous sommes autant en concurrence frontale, qu’en partenariat. C’est un Meccano qui évolue selon les projets d’innovation et la demande de nos clients. Nous leur disons : “Nous ne savons pas tout faire seul, mais nos partenariats permettent de répondre à tous vos besoins.” »

Aujourd’hui, on a multiplié les écrans : PC, téléphones, tablettes, et va arriver la télévision connectée. Mais ce sont des écrans sans mémoire. On accédera donc, en temps réel, par tout réseau (fixe, mobile, fibre) et n’importe quel écran (y compris des objets connectés) à des informations stockées sur des serveurs et des fermes de serveurs.

Retour vers le futur

Les opérateurs et les informaticiens, hier frères ennemis, se rapprochent. On va vers la multiplication des objets à la fois communicants et intelligents. Et pour concevoir des objets communicants, il faut que l’informatique soit présente dès la conception du produit. Le champ est très vaste, rien que dans l’univers de la maison… Cela demande simplement que tout marche quand on tourne le bouton : l’électricité, la mobilité et l’informatique. Et que ces machines ne s’embarrassent pas avec des mémoires trop lourdes. « Le cloud, explique Alain Mendiburu, qui participe à l’aventure SFR depuis 1997, après avoir été de l’autre côté de la barrière comme acheteur informatique chez Michelin, c’est un peu le retour aux débuts de l’informatique, où un acteur comme IBM offrait à ses clients une solution mainframe bout en bout [centres serveurs, réseaux locaux et écrans], ou que de grandes entreprises possédaient leurs propres supercalculateurs. Entre-temps, le monde s’est ouvert avec l’arrivée du PC, qui a cassé ce modèle avec des capacités de mémoire et de traitement autonomes. Les nouveaux usages en mobilité font de cette ouverture une vraie révolution avec la nécessité de solutions complètes permettant d’accéder à tout moment, depuis partout et avec n’importe quel écran, à ses données. Vous voyez, le monde informatique est une éternelle réinvention ! » 

 

Alain Mendiburu est responsable des partenariats stratégiques à la direction Cloud et Services de SFR Business Team.

Itinéraire :
Formation : 3e cycle Sup de Co Bordeaux
1988-1997 : Michelin
Contrôle de gestion, puis fonction achats matières premières, puis achats informatiques (logiciels, matériels, prestations).
Depuis 1997, chez SFR Business Team
1997-2007 : achats
2007-2012 : marketing avec, entre autres, le montage de plateformes de contenus, et partenariats (notamment avec Johnny Hallyday).
Depuis 2012 : en charge du Cloud Service.