Cher oncle d’Amérique…

Les présidents socialistes aiment la Silicon Valley ! Le déplacement, courant février, de François Hollande aux Etats-Unis était le premier d’un président français depuis le voyage de François Mitterrand, en mars 1984. Ils avaient le même programme : favoriser l’émergence de start-up !

Un sujet éminemment crucial pour notre pays. Même s’il affiche quelques belles success stories. Je ne citerai en exemple que Criteo. Au moment de son entrée au Nasdaq le 30 octobre dernier, le spécialiste de la publicité ciblée sur Internet, était valorisé à 1,7 milliard d’euros (à lire dans notre prochain numéro à paraître mi-mars). Pour autant, en trente ans, la France n’a pas créé un seul « champion français » de la taille d’un Facebook, Twitter, Google et consorts…

Dans la Silicon Valley, à San Francisco, François Hollande a inauguré le French Tech Hub, l’un des deux incubateurs destinés à accueillir des entreprises françaises innovantes. Une façon d’ouvrir notre écosystème à l’international, en lui permettant de se mesurer et de rivaliser avec les meilleurs dans la « guerre » actuelle. Car, la France – tout comme l’Europe – doit bien comprendre l’importance de la création de champions « internationaux » – et des financements que cela suppose – pour relancer la croissance économique.

C’est d’ailleurs avec les magnats américains du Net qu’a dîné le président. Le sujet le plus épineux n’a pas été abordé : l’optimisation fiscale, soit la tentation qu’ont certains – concurrents de nos entreprises – de s’installer là où les impôts font moins mal… A l’image d’un Yahoo! qui a annoncé la délocalisation en Irlande de ses services de facturation, jusqu’ici hébergés en France et en Suisse notamment. Pour le chef de l’Etat, « chacun doit être dans les mêmes situations de concurrence, y compris sur le plan fiscal ». Il faut donc agir ! Plusieurs de ces groupes feraient l’objet d’une procédure qui se chiffrerait en milliard d’euros.

A ce jeu, difficile de promouvoir outre-Atlantique l’esprit d’innovation à la française, porté par le tout nouveau réseau French Tech hexagonal de Fleur Pellerin. De même, on ne peut que s’inquiéter du mouvement des taxis contre les services d’Uber ; la mise à l’index d’Amazon ou de Google par le ministère de la Culture ou le french bashing continu des médias britanniques et américains… « Pour favoriser la création de start-up, il ne suffit pas de communication autour de mesures fiscales, mais d’un vrai message politique et positif sur l’innovation. […] Cela pourrait créer des vocations chez les jeunes », déclarait Guillaume Decugis, fondateur et président de la plate-forme de curation Scoop.It, à nos confrères du Nouvel Observateur.

Mais il vaut toujours mieux aller sur place pour comprendre ce monde qui naît.