La Cour des comptes trace sa feuille de route pour l’IA en France : un rapport, publié le 19 novembre 2025, propose de structurer la politique publique via un secrétariat interministériel. Objectif : aider les entreprises à dépasser le paradoxe de l’IA et à créer de la valeur grâce à des cas d’usages métiers.
450. C’est le nombre de pages que la Cour des comptes a accordé à la stratégie nationale française sur l’IA. Dévoilé le 19 novembre 2025, le rapport comprend des propositions opérationnelles pour consolider la diffusion de l’IA dans l’économie. En clair, il est attendu des entreprises françaises qu’elles gagnent en compétitivité grâce à un renforcement de la politique publique sur l’intelligence artificielle. Celle-ci devrait être pilotée par un secrétariat général interministériel qu’il faudra constituer, a conseillé la Cour des comptes. Sur les cinq prochaines années, ce nouvel organe hypothétique aura pour mission d’accompagner la massification de l’adoption de cas d’usages par les entreprises françaises, le tout en promouvant le développement d’une offre logicielle performante associée aux clouds souverains.
Le paradoxe français
Sur la manière de faire, les détails manquent encore. D’autant plus que les entreprises françaises souffrent d’un mal : le paradoxe de l’IA. Alors que 80 % des entreprises françaises affirment avoir déployé de l’intelligence artificielle, moins de 20 % d’entre elles observent un impact financier positif. De quoi effrayer les plus frileux. “Les PME et les ETI ont peur de l’IA, n’ont pas les moyens de l’intégrer, certains se disent que ce n’est pas pour eux”, a expliqué Emmanuelle Hoffman, ancienne députée de Paris ayant travaillé sur ce rapport. L’obstacle à l’entrée que constituent les coûts de fonctionnement de l’intelligence artificielle générative est non négligeable comparé à d’autres technologies, selon Stéphane Bout, directeur associé senior du cabinet de conseil QuantumBlack. Celui-ci donne un ratio multiplié par dix. D’où l’importance d’y trouver son compte, c’est-à-dire une valeur chiffrée, générée par une productivité accrue.
Une productivité diffuse
Et d’où la déconvenue engendrée par le paradoxe de l’IA. QuantumBlack s’est d’ailleurs penché sur la question en réalisant une étude nommée Seizing the Agentic AI Advantage. “Lorsqu’on soulève le capot, nous observons que la majorité des cas d’usages déployés sur la période 2022-2025 sont horizontaux”, a pointé Stéphane Bout. Par ce terme, il évoque des outils mis à la disposition de l’ensemble des collaborateurs. Synthèse de documents, traduction, classement de mails… ces outils bureautiques à la valeur ajoutée indéniable ne permettent qu’une “productivité diffuse”, selon le directeur associé senior. “Ce n’est pas une productivité que vous allez retrouver sous la forme d’économies dans le coût de fonctionnement de l’entreprise”, a ajouté Stéphane Bout.
Le potentiel des usages verticaux
Les gains mesurables existent bel et bien… dans les cas d’usages verticaux. Lorsque l’IA est utilisée pour optimiser des processus métiers et lorsque les cas d’usages sont créés avec les professionnels amenés à l’utiliser, le potentiel de création de valeur est plus grand. L’Oréal confirme cette tendance avec son titre d’entreprise européenne la plus innovante décerné par Fortune. L’entreprise dédiée à la beauté a choisi de se concentrer sur peu de cas d’usages à fort potentiel, en opposition à une “usine à POC”, a raconté Stéphane Lannuzel, Global Technology SVP du groupe français. L’un d’eux concerne l’optimisation des moyens marketing. Quelle bannière choisir, quel mot-clé acheter sur Google… autant de questions confiées à une IA qui propose par la suite des simulations, laissant le choix final à l’équipe humaine.
Une stratégie complète
Si, du côté des entreprises, il suffit de se pencher sur les cas d’usages verticaux pour trouver de la valeur, la stratégie française sur l’IA ne peut pas se contenter de ces applications. La Cour des comptes pointe aussi du doigt la nécessaire transformation des administrations, ou encore le transfert de la recherche vers le développement industriel. Elle n’oublie pas non plus le cheval de bataille de l’écosystème numérique : le recours à la commande publique. “Pour faciliter l’accès de la commande publique aux entreprises et startups françaises, nous recommandons un guichet unique à Bercy”, a détaillé Emmanuelle Hoffman. Face aux détracteurs craignant la fin de la libre concurrence, l’avocate répond : “la préférence européenne dans les marchés est réclamée, à propositions et qualifications égales, pour ne pas tomber dans le protectionnisme”.
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