La Revue Nationale Stratégique 2025 place les entreprises technologiques et industrielles au cœur de l’effort de défense. À l’horizon 2030, elles devront soutenir un écosystème souverain en cybersécurité, intelligence artificielle, spatial, quantique et production duale.
Le prochain conflit ne se mènera pas seulement sur des champs de bataille, mais dans vos serveurs, vos labos et vos chaînes d’approvisionnement. Publiée le 14 juillet par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale à la demande du président de la République, la nouvelle Revue nationale stratégique 2025 (RNS) redéfinit les priorités françaises de défense à l’horizon 2030. Pour les entreprises technologiques, industrielles et numériques, elle marque un tournant : elles deviennent des acteurs à part entière de la souveraineté nationale. Cybersécurité, IA, spatial, quantique, supply chain, l’État attend désormais des directions générales, des DSI, des RSSI et des CTO qu’ils prennent toute leur place dans un environnement marqué par une conflictualité hybride permanente. À la clé, des opportunités d’investissement, de développement, mais aussi de responsabilisation accrue dans un contexte de fragmentation géoéconomique.
Les RSSI en première ligne
Face à une menace “désinhibée, systémique et ciblée”, selon les mots de Vincent Strubel, directeur général de l’ANSSI, la cybersécurité devient un pilier stratégique pour l’État. “La France pose le constat d’un contexte géopolitique et sécuritaire fortement dégradé, qui a des répercussions évidentes dans le cyberespace”, écrit-il sur LinkedIn. Pour y faire face, les entreprises doivent renforcer leur niveau de résilience, en lien avec la directive NIS 2, en élargissant leur réseau de partenaires publics et privés. L’autonomie de décision et la maîtrise des technologies critiques sont désormais vues comme un levier de souveraineté. Le directeur général de l’ANSSI alerte aussi sur la nécessité de “maintenir notre autonomie de décision et d’action, en affirmant les règles du jeu auprès des fournisseurs du numérique”. En d’autres termes : les choix technologiques des RSSI et DSI sont devenus des décisions stratégiques de sécurité nationale.
Une course industrielle stratégique pour l’IA et le quantique
La guerre en Ukraine a montré que l’IA n’est plus un gadget, mais une capacité opérationnelle de guerre. Ciblage assisté, analyse du renseignement, décision tactique : les cas d’usage se multiplient et se rapprochent du monde civil. Le rapport de l’État appelle donc à structurer une filière européenne de l’IA et du quantique, à la fois pour des raisons d’autonomie stratégique et de compétitivité. Pour les DSI, CTO et responsables R&D, cela signifie une accélération des investissements en recherche et en industrialisation, mais aussi une attention nouvelle à la régulation et à l’interopérabilité. L’ambition affichée est claire : faire émerger des champions européens capables de rivaliser avec les GAFAM et les conglomérats chinois sur des briques critiques, notamment en défense, spatial et communication sécurisée.
Vers une base industrielle agile et souveraine
Au cœur de la RNS, l’État appelle à une « révolution capacitaire » de son industrie de défense et de ses partenaires technologiques. Concrètement, cela signifie que les décideurs industriels doivent engager une réorganisation profonde de la production, des délais, de la flexibilité, en réponse à une logique de montée en puissance rapide. Le ministère des Armées veut des cycles courts, des innovations duales (civile/militaire) et des partenaires capables de répondre à des besoins évolutifs, notamment en cas de crise. Pour les directions générales, c’est une invitation, ou une injonction, à intégrer la sécurité et la défense dans la stratégie d’entreprise : de la cybersécurité à la supply chain, en passant par la gestion des talents ou la compliance. L’agilité ne sera plus un luxe, mais une condition de survie dans un monde plus fragmenté.
L’autonomie stratégique ne se décrète pas, elle se construit
“Tout cela ne sera possible qu’en relevant le défi le plus structurant, celui des compétences”, résume Vincent Strubel sur le défi à venir. La RNS, quant à elle, appelle à une mobilisation de l’ensemble de l’écosystème : entreprises, startups, écoles, laboratoires. Les dirigeants sont invités à revoir leurs dépendances critiques, à participer à l’effort d’innovation souveraine et à s’intégrer dans les coalitions industrielles. Cela passera par des choix structurants, tels que le cloud souverain, l’IA européenne, composants critiques, coopération avec la Défense. La prochaine stratégie nationale de cybersécurité, attendue dans les mois à venir, détaillera les axes de ce chantier. Mais, pour les entreprises du numérique, le message est clair : leur rôle n’est plus périphérique mais central. La souveraineté ne se décrète pas, elle se construit collectivement, dans les architectures, dans les clouds, dans les lignes de code, comme dans les lignes de production.
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