Dans l’univers de la tech française, octobre est moins synonyme de feuilles qui rougissent et tombent que de coups de projecteur toujours plus ambitieux sur le marché de la cybersécurité. De nombreux responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) se retrouvent traditionnellement à Monaco pour assister aux rencontres très business des Assises de la Sécurité et des Systèmes d’Information, mais c’est aussi et surtout l’occasion d’un important travail d’influence, à travers le Cybermois. L’événement, créé en 2012 par l’ENISA, l’agence cyber européenne, s’appuie sur toutes les initiatives d’un écosystème dynamique pour faire en sorte que la cybersécurité ne soit plus perçue comme un sujet purement technique et réservé aux experts. Cette sensibilisation citoyenne d’ampleur est à saluer, car elle encourage aussi les entreprises, les administrations et les collectivités à agir. La France peut s’enorgueillir d’un écosystème cyber, à la fois public et privé, d’une grande richesse et diversité. Mais en la matière, impossible de se reposer sur ses lauriers : les défis restent nombreux. Faire briller la cyber hexagonale est un travail de long terme.
Enfin des campagnes de communication ambitieuses
La déclinaison nationale du Mois européen de la cybersécurité, le Cybermois, est pilotée par Cybermalveillance.gouv.fr. Chaque année, c’est un agenda assez dense qui se joue donc en octobre. L’édition 2025 ne fait pas exception, elle qui met en avant son « CyberTour de France » porté par les Campus Cyber régionaux et leurs partenaires locaux, mais aussi la campagne de communication « Histoire de Cyber » qui revisite des faits historiques emblématiques pour parler de cybersécurité. Le soutien de France Messagerie, de Culture Presse et de SNDP auprès de 15 000 marchands de presse ainsi que la mobilisation de toutes les maisons France services du territoire doit contribuer à toucher le public le plus large possible. Dans les années 2010, de nombreux experts cyber appelaient de leurs vœux des campagnes publicitaires d’ampleur « juste avant le journal télévisé de 20h » pour marquer les esprits. À l’époque, un tel souhait semblait bien lointain : dans la réalité, avec de telles campagnes de publicité, nous y sommes presque et c’est une excellente nouvelle. Selon le dernier baromètre sur la perception cyber des Français mené par Cybermalveillance.gouv.fr, 58% des Français estiment d’ailleurs être suffisamment informés sur les risques liés à l’utilisation d’internet et 33% considèrent leur niveau de connaissance comme bon ou très bon. Des chiffres en progression.
Un écosystème à forte valeur
Ces efforts concertés expliquent aussi pourquoi la France occupe une position solide et distinctive sur la scène internationale de la cybersécurité. Elle dispose d’une stratégie nationale intégrée avec des investissements poussés dans le cadre de France 2030, de prises de conscience fortes en matière de souveraineté numérique, d’une diplomatie cyber active… mais également d’un écosystème industriel et technologique robuste. Outre plusieurs grands groupes liés à la Défense, l’Hexagone dispose également d’un important tissu de PME expertes, qui ont récemment encore pu être mises en avant lors du rendez-vous annuel de l’association Hexatrust, qui en regroupe un nombre important. De plus, en termes d’investissement de R&D, la France se distingue par une forte coordination public-privé et une orientation nette vers les sujets de souveraineté numérique. Ces dernières années, le marché a d’ailleurs mieux résisté que d’autres face aux problématiques d’assèchement de levées de fonds des start-up.
Tenir la barre dans la tempête
Toutefois, les tensions sous-jacentes sont bien présentes. Des entreprises emblématiques du secteur, comme Thetris, ont par exemple vu leurs ambitions être remises en question après plusieurs années de croissance, avec à la clé le licenciement d’un quart des effectifs et un changement de gouvernance décidé par les actionnaires. De son côté, le Campus Cyber « lieu totem de la cybersécurité française » lancé en 2020 à l’initiative d’Emmanuel Macron, est obligé d’adapter son modèle pour trouver son équilibre financier, tout en continuant d’inspirer des déclinaisons régionales qui pourraient avoir un caractère unique en Europe. Nommé au printemps, le nouveau président Joffrey Célestin Urbain est rejoint depuis quelques jours par Farida Poulain au poste de directrice générale. Sa « capacité à accompagner la croissance des start-ups et à faire émerger de nouveaux champions », selon le Campus Cyber, sera mise à forte contribution pour pérenniser les investissements déjà réalisés et parier sur l’avenir.
Le Cybermois est donc bien l’occasion pour la France non seulement de parler au grand public, mais aussi de montrer que l’écosystème est capable de franchir un cap, alors que les tempêtes géopolitiques et économiques ne sont pas près de s’estomper. À regarder la scène hexagonale, on constate que de nombreux ingrédients sont là. Les prochains mois montreront si la belle dynamique des dernières années parvient à dépasser les incertitudes, pour atteindre des synergies payantes. En la matière, la tenue le 2 octobre de Cyberéco, évènement coordonné par le Campus Cyber en partenariat avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), la Chambre de Commerce et d’Industrie Paris Île-de-France, le Conseil Régional d’Île-de-France, CYBIAH (Cyber & IA Hub), et PariSanté Campus, a été un bon départ.
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