Il aurait été agréable d’écrire cet édito sur les actualités structurantes de l’écosystème numérique, car chaque semaine apporte son lot de nouveautés technologiques aux impacts potentiellement considérables pour les organisations. Malheureusement, il nous est impossible d’ignorer l’actualité politique affligeante qui a marqué les derniers jours : le bal français de l’instabilité gouvernementale a atteint un niveau de tragédie inédit. Nous avons déjà eu l’occasion d’écrire sur les conséquences pour les entreprises de ces incertitudes engendrées par l’indécision et les querelles politiciennes. Mais cette semaine a, plus que jamais, prouvé que la barre du navire France est tenue par des aveugles, chacun voulant tirer le gouvernail à soi, au détriment de l’intérêt général. Cette situation révèle un mal français plus profond : le désarroi qui s’installe lorsque les réponses ne viennent pas de l’État. De quoi inciter chacun à prendre directement son destin en main pour ne pas subir les conséquences de l’attentisme actuel sur nos transformations numériques.
Ephémère ministre du Numérique
Les nombreuses traces du chaos politique n’ont pas été difficiles à voir cette semaine. Du côté de la rédaction, nous avons ainsi pu constater que nous étions formellement invités, lundi matin, à la passation de pouvoir en faveur de la (alors) nouvelle ministre du Numérique, Naïma Moutchou… alors même que nous assistions en direct à l’annonce de l’explosion en vol du gouvernement sur les chaînes d’infos en continu. Preuve s’il en est que les cabinets ministériels et leurs conseillers de presse naviguent à l’aveugle. Les journalistes n’ont donc même pas eu le temps de s’interroger sur la pertinence du profil de la députée du Val d’Oise, issue du parti Horizons, à ce poste : avocate de formation et sans atomes crochus avec l’écosystème numérique, ou sur son rang protocolaire, plus élevé que prévu. Circulez, il n’y avait déjà plus rien à voir.
Blocage de la vision de long terme
Le crash gouvernemental en direct aura par ailleurs achevé de désinhiber les acteurs politiques de tout bord, plus prompts à espérer tirer leur épingle du jeu qu’à adopter une posture de responsabilité et de compromis. Face à une assemblée fragmentée l’an dernier, on nous avait décrit l’impérative nécessité de développer cette culture de la conciliation parlementaire, pratiquée par certains de nos voisins européens. C’est raté. Et ce raté a conduit à la rupture. Dans le meilleur des cas, l’action publique ne pourra compter que sur un budget au rabais. Les grandes décisions et les investissements de long terme pour capitaliser sur les atouts français en matière d’IA, de quantique, de cybersécurité… resteront perdues dans les limbes.
Réinventer l’action collective
Sans présager du scénario qui se jouera dans les prochains jours, il est évident qu’il n’y a guère de salut à attendre d’un futur gouvernement coincé dans une situation profondément bancale. Et pourtant, réflexe français, on se prend toujours à espérer un réveil salvateur des dirigeants politiques. C’est que l’on s’est habitué à être rassuré par cette « capacité d’action supérieure » face aux complexités du monde. Ce biais est particulièrement visible sur les questions du numérique. La réglementation et l’action institutionnelle sont perçues comme les points clés permettant d’avancer sur les sujets : IA, dépendances technologiques, RSE, etc. Les exemples sont légion. Avec la situation actuelle, difficile d’avoir un signal plus fort sur la nécessité de se désensibiliser, de ne pas attendre l’État pour agir, et de créer urgemment d’autres axes d’actions collectives volontaires… car là-haut, le bal des aveugles pourrait encore durer longtemps.
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