Ce 1er juillet marque le lancement officiel du plan « Osez l’IA » de Clara Chappaz censé impulser un tournant stratégique. Objectif : accélérer l’adoption de l’intelligence artificielle dans les entreprises françaises, tout en valorisant des solutions souveraines. 200 millions d’euros sont mobilisés.
“L’IA transforme déjà notre quotidien, mais elle intimide encore trop. Ce plan, c’est la réponse aux freins, la réponse à l’inaction”, a déclaré sans détour Clara Chappaz en guise d’ouverture pour le lancement du plan, “Osez l’IA”, dévoilé ce mardi premier juillet au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souverainete Industrielle et Numerique. Derrière ce slogan incitatif, “Osez l’IA”, la volonté est claire : faire de l’adoption de l’intelligence artificielle un levier d’indépendance technologique pour l’économie. 200 millions d’euros sont mis sur la table pour amorcer ce chantier. Un effort salutaire mais tardif. Pendant que les États-Unis et la Chine industrialisent l’IA à marche forcée, la France se réveille, tardivement, pour répondre à un retard abyssal. La French Tech aime rappeler que le pays brille par sa recherche, ses talents et ses pépites technologiques. Avec 14 médaillés Fields, des chercheurs français chez OpenAI ou Mistral, et un millier de start-ups dans l’IA, l’écosystème existe. Et pourtant, sur le terrain, l’adoption reste marginale. Seuls 13 % des PME et 8 % des TPE ont recours à l’IA aujourd’hui. Le constat est sans appel : une partie de l’économie reste à la traîne. La fracture est béante entre les discours d’excellence et la réalité du terrain. “Nous avons les cerveaux, mais pas encore la culture”, a reconnu Clara Chappaz lors de son intervention. Un aveu aussi franc que rare dans un écosystème trop souvent tenté par l’autosatisfaction.
Une stratégie d’adoption massive
Le plan repose sur trois piliers : sensibiliser, former, financer. L’objectif est ambitieux. D’ici 2030, 100 % des grandes entreprises, 80 % des PME/ETI et 50 % des TPE devront avoir intégré une solution IA dans leurs processus. Un volontarisme chiffré qui se ressemble à une course contre la montre. Le déploiement repose sur des relais puissants : un réseau de 300 ambassadeurs IA mobilisés dans tous les secteurs et territoires, une Académie de l’IA (plateforme gratuite de formation destinée à tous les niveaux) et près de 5 000 diagnostics Data-IA cofinancés pour aider les PME à se lancer. L’accompagnement se veut concret, opérationnel, directement connecté aux besoins du terrain. Au cœur du plan, la souveraineté technologique est un axe structurant. Un fonds de 100 millions d’euros financera des projets de rupture via l’appel à projet « Pionniers de l’IA » de France 2030. En parallèle, dix entreprises proposant des solutions clés en main ont été sélectionnées dans le cadre du programme « Usages IA générative », avec des cas d’usage réplicables dans des secteurs stratégiques comme la santé, le droit ou l’industrie. “Ce plan vise à rendre visibles les solutions françaises. On veut les mettre en relation avec les entreprises et les faire émerger partout sur le territoire”, affirme Théophile Caban, conseiller IA.
Une mobilisation multisectorielle et interministérielle
Le lancement à Bercy n’avait rien d’un simple événement tech. Il s’est transformé en démonstration de force politique, signe que le gouvernement entend faire de l’IA un levier stratégique transversal. Clara Chappaz, Ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique était entouré de sept autres ministres : Éric Lombard, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Marc Ferracci à l’Industrie et à l’Énergie, Nathalie Delattre au Tourisme, Françoise Gatel à la Ruralité, Yannick Neuder à la Santé, Véronique Louwagie au Commerce et à l’Économie sociale et solidaire, et Astrid Panosyan-Bouvet au Travail. Chaque portefeuille ministériel est concerné : agriculture de précision, médecine augmentée, efficacité énergétique, promotion touristique, services publics locaux… Cette approche multisectorielle, si elle est menée sérieusement, peut devenir un catalyseur. Encore faut-il éviter l’écueil d’un saupoudrage où chacun prêche pour sa paroisse, sans vision commune. Éric Lombard l’a rappelé avec gravité : “Ce n’est pas une mode, ce n’est pas une option. L’IA est le cœur de la compétitivité de demain.” Son appel au sursaut contraste avec des années de relative inaction sur le sujet.
Une réponse systémique et collective
L’une des forces du plan tient dans son approche collective. Tous les ministères économiques sont embarqués, en lien avec les acteurs de terrain comme les CCI, la French Tech, Bpifrance ou encore Make.org. Ce maillage vise à couvrir tous les territoires et secteurs d’activité pour maximiser l’impact. L’enjeu dépasse les gains de productivité immédiats. Il s’agit aussi de repenser les processus, d’imaginer de nouveaux modèles organisationnels et de ne pas rester dépendants des plateformes étrangères. “Je parlais récemment avec un agriculteur à Quimper qui utilise l’IA pour mieux ventiler ses serres, et un patron de PME à Tours qui l’emploie pour simplifier sa facturation. Ce ne sont pas des cas d’école. Ce sont des preuves que l’IA peut s’adapter à toutes les réalités”, relève Clara Chappaz. Mais pour y parvenir à grande échelle, il faudra dépasser les effets de vitrine et instaurer une véritable culture de l’expérimentation et de l’adoption technologique dans les territoires. “L’IA n’est pas pour demain, elle est pour maintenant. Et elle doit être française aussi”, martèle Pierre Bouillon. Avec ce plan, l’État envoie un signal fort : il ne suffit plus d’être à la pointe de la recherche ou de soutenir les licornes. « Osez l’IA » marque ainsi le début d’un chantier beaucoup plus vaste : celui d’une Europe qui choisit, produit et diffuse ses propres outils technologiques. En matière d’IA, la souveraineté ne se décrète pas, elle se construit.
Tech In Sport
Green Tech Leaders
Alliancy Elevate
International
Nominations
Politique publique



