Overtooling : quand les outils de sécurité deviennent eux-mêmes un risque

 

À force d’empiler les outils de cybersécurité comme des applis qu’on n’utilise jamais, les entreprises transforment leur SI en usine à gaz. Et si la meilleure défense, c’était d’abord de faire un peu de ménage ?

 

En cybersécurité, les entreprises veulent toujours plus de protection. Chaque nouvelle menace entraîne son nouvel antidote : SIEM, EDR, XDR, SOC externalisé, scanner de vulnérabilités, pare-feu nouvelle génération, etc. Et la liste s’allonge sans fin. Résultat : les DSI et RSSI jonglent avec des dizaines de tableaux de bord, d’alertes et de consoles. Le tout censé renforcer la défense… mais qui, dans les faits, produit parfois l’inverse.

Cet « overtooling » devient un vrai problème : trop d’outils, trop peu de cohérence. Chaque logiciel a son langage, ses métriques, ses faux positifs. Le temps passé à corréler et interpréter dépasse parfois celui consacré à agir. Or, dans une attaque, ce n’est pas l’outil le plus sophistiqué qui fait la différence, mais la capacité à réagir vite et clairement.

Il y a une ironie cruelle : vouloir protéger à tout prix peut finir par fragiliser. Comme une forteresse criblée de portes blindées mais dont personne n’a la clé unique. La sécurité n’est pas une collection d’armes, c’est une stratégie. Et dans un monde où les ressources humaines et budgétaires sont limitées, la véritable maturité n’est pas d’accumuler, mais de choisir, d’intégrer, de simplifier.

Aux dirigeants comme aux informaticiens, cette tentation d’en rajouter un de plus devrait servir d’avertissement : en cybersécurité, la surabondance est parfois un risque aussi grand que la pénurie.