Celles et ceux qui se battent pour leurs idées
Delphine Remy-Boutang Présidente-fondatrice de the Bureau et de la Journée de la Femme Digitale Linkedin

 

Titulaire d’un MBA en business international, Delphine Remy-Boutang a démarré sa carrière chez Euro RSCG, avant d’enchaîner les responsabilités chez IBM. Elle prend son envol entrepreneurial en 2011, créant à Londres et Paris the Bureau, une agence de conseil stratégique en social media.

Très investie dans la valorisation des talents féminins, au sein d’un monde IT longtemps hermétique à la mixité, elle lance en 2013 la Journée de la Femme Digitale. Implantée en Europe et en Afrique, la JFD est tout à la fois un accélérateur de projets portés par des femmes, un club de dirigeantes, un prix et une fondation – les Margaret – récompensant la créativité. En 10 ans, la JFD a formé 6 000 talents et accéléré 500 start-up.

 

 

Pour un numérique « porteur de sens » !

 

Dans le cadre de nos 10 ans, nous avons invité ces « 100 personnalités » à prendre la parole, en nous partageant leurs visions, idées ou initiatives pour un numérique porteur de sens. Voici le retour à nos trois questions…

 

1. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces dix dernières années dans la digitalisation de l’économie ? 

 

Il y a plus de 10 ans, je fondais la Journée de la Femme Digitale (JFD) avec l’ambition de révéler l’énergie et le talent des femmes entrepreneures de la Tech, encore invisibles. Depuis, nous avons participé à changer les choses grâce à nos programmes d’accélération de croissance, le Prix les Margaret, le mouvement des Chemises Blanches, le JFD Club, le JFD Manifeste, notre livre “Elles changent le monde” ou encore nos études annuelles.  

Nous avons accéléré la croissance de plus de 500 start-ups en Europe et en Afrique, et comptons une communauté de 50 000 membres, véritable référence pour celles qui pensent et font l’avenir. Ces femmes font désormais partie des personnalités clés de l’écosystème tech, qui transforme en profondeur tous les secteurs et nos modes de vie.  

En dépit de ces avancées majeures, les femmes entrepreneures de la tech restent tout de même, encore une fois, reléguées au second plan.  

Nous devons apporter les moyens à tous de donner du sens à cette révolution qui impacte nos économies et nos sociétés. De faire découvrir au plus grand nombre le potentiel économique et social du numérique. En janvier 2022, la France atteignait son objectif de 25 licornes avec 3 ans d’avance et ne comptait qu’une seule femme co-fondatrice parmi elles. Conséquence d’une violence économique subie par ces entrepreneures, sous fond de biais sociétaux dans un écosystème d’investisseurs dominé par les hommes. Ces investisseurs financent davantage des fondateurs qui leur ressemblent : hommes, blancs, venant des mêmes écoles ou cursus, etc.  

Lorsque seuls 12 % des fonds levés sont alloués aux start-ups fondées ou co-fondées par des femmes, elles perçoivent en moyenne 4 fois moins de financement que les hommes. Et ce, bien que leurs start-ups soient plus rentables (78 centimes de ROI par dollar investi) que celles des hommes (31 centimes par dollar investi). 

 

2. Auriez-vous une idée d’action concrète pour faire bouger les lignes et rendre le numérique plus « responsable » (au sens porteur de sens) ?  

 

J’ai la conviction que la solution passe par un double choc : sociétal et législatif, pour corriger ces inégalités et donner une chance égale aux femmes entrepreneures. Il nous faut orienter plus d’investissements vers les femmes entrepreneures qui portent, elles aussi, des solutions technologiques au service de nos sociétés et de l’environnement. 

Pour cela, je propose 3 actions concrètes : 

  • Un plafond de financement pour les entreprises qui ne comptent aucune femme parmi leurs co-fondateurs.  
  • Pour financer une entreprise à plus d’un million d’euros, les fonds d’investissement devront exiger la parité au sein du board. 
  • Mettre en place un observatoire international sur les entreprises tech fondées par des femmes. 

 

3. Dans ce domaine, vous êtes-vous fixé un engagement pour anticiper un avenir positif ? 

 

Parce que la diversité de genre n’est pas seulement un enjeu d’égalité, mais aussi un enjeu de performance et un levier de croissance décisif pour notre futur, je m’engage à répondre aux besoins de financement d’entrepreneures de la tech qui créent de la valeur, des emplois et préparent l’avenir. J’ai lancé ma société d’investissement indépendante en venture capital pour financer des entreprises tech fondées ou co-fondées par des femmes.  Né d’une volonté et d’une ambition fortes d’accélérer le parcours d’entrepreneures pour faire émerger une nouvelle génération de leaders. Je réponds à leurs enjeux de développement en les accompagnant dans l’accélération de leurs croissances à travers un mode de financement combinant : apport en capital et création d’un capital notoriété. 

1  Source : Boston Consulting Group 

Qui sont les 100 personnalités, innovateurs et esprits marquants, qui donnent du sens au numérique et qui, par leurs réalisations, idées, choix ou actions… contribuent à une société plus efficiente, plus résiliente, plus juste, plus durable ? C’est la question que s’est posée, et qu’a posé la rédaction d’Alliancy mi-2022 à sa communauté dans le cadre de la préparation de ses 10 ans. Retour sur cette démarche particulière.

Chez Alliancy, nous croyons que la maturité du secteur sur la transformation de notre société et de nos organisations par le numérique est aujourd’hui mâture pour apporter des réponses différentes à l’épineuse question : « Quel numérique voulons-nous (vraiment) pour demain ? »

Dans cette liste que nous dévoilons, il ne s’agit donc pas seulement de celles et ceux pour qui le fait de transformer notre société par la technologie va de soi (parce que rien n’entrave la marche du progrès et de l’innovation), mais plutôt de celles et ceux qui, par leurs idées, leur choix, leurs décisions et actions contribuent à une société plus équitable et apaisée à tous les niveaux…

Certain.e.s ont déjà des activités bien installées et une réputation à l’avenant, d’autres sont beaucoup moins connus et débutants, mais tous nous ont suffisamment marqué pour avoir envie de parier sur eux pour un avenir commun.