Celles et ceux qui transforment le service public
Jean-Baptiste Courouble DSI de l’Urssaf et coordinateur « cloud souverain » de la sphère sociale Linkedin

Ancien officier de Marine Marchande chez CGM, Jean-Baptiste Courouble a gardé de cette expérience du pragmatisme, de la patience et de l’humilité. Depuis 2012, il est DSI de l’Urssaf Caisse Nationale, qu’il a rejoint en 1996, et œuvre à la transformation profonde d’une des missions de service public les plus mal comprises des Français, en « cassant l’image » associée aux grandes organisations publiques.

Surtout, fort de cette longue expérience au cœur de la sphère sociale, il coordonne les études et travaux qui doivent conduire à la création d’un cloud souverain commun à toutes les organisations de cet écosystème si spécifique à la France (Urssaf, Assurance maladie, Assurance retraite, MSA…). Les premières expérimentations structurantes, attendues en 2023, doivent préparer un avenir cloud « mutualisé et hybridable » pour le système social français.

 

 

Pour un numérique « porteur de sens » !

 

Dans le cadre de nos 10 ans, nous avons invité ces « 100 personnalités » à prendre la parole, en nous partageant leurs visions, idées ou initiatives pour un numérique porteur de sens. Voici le retour à nos trois questions…

 

1. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ces dix dernières années dans la digitalisation de l’économie ?  

Sur le plan de l’individu, la digitalisation a radicalement transformé les modes de consommation. On assiste de manière brutale à la chute de piliers au cœur du quotidien des individus au 20ème siècle. Le support physique a laissé place au support dématérialisé ou streamé. C’est la fin du disque, de la télévision traditionnelle, du courrier papier… Mais ces dernières années ont accéléré la transformation en rendant déjà obsolètes les technologies des années 1990-2000. Ce qui me frappe c’est l’adaptation du comportement humain ultra-rapide à ces nouveaux modes de consommation.  

Sur le plan de l’entreprise, si la transformation est plus lente, la crise Covid a marqué un tournant très net dans l’adoption des pratiques de digitalisation. L’évolution des technologies fondamentales (réseau, stockage, calcul) a permis le développement des usages (Cloud, IA, Big Data, API). Paradoxalement, les comportements en entreprise sont plus longs à faire évoluer que les comportements individuels dans la sphère privée. C’est donc là qu’est le véritable enjeu : Accélérer les transformations de processus et d’organisation. Le deuxième point concerne la capacité à réellement rentabiliser les investissements. Tout devient « Legacy » au bout de quelques mois, quelques années. Comment garder un cap ? en sachant discerner les transformations fondamentales versus les transformations markéting et faire vivre dans le temps les choix réalisés et souvent remis en cause dans des cycles très courts. Le foisonnement de la digitalisation a de quoi faire perdre son latin à l’usager final. C’est pourtant une cohérence globale qu’il réclame légitimement.  
 

2. Auriez-vous une idée d’action concrète pour faire bouger les lignes et rendre le numérique plus « responsable » (au sens porteur de sens) ?   

 

Le « Dites-le nous une fois » et l’inclusion numérique doivent être une réalité et non un concept. Ils doivent être au service des publics et contribuer à la rationalisation des offres, la mutualisation des solutions et donc des infrastructures. La notion de plateformisation de l’économie et des services publics ira nécessairement dans le sens de la simplification mais aussi de la sobriété et du numérique responsable. 

 

3. Dans ce domaine, vous êtes-vous fixé un engagement pour anticiper un avenir positif ?  

 

La création d’un Cloud souverain communautaire est un engagement que je prends pour la sphère sociale. Il est le levier de la transformation, d’une trajectoire vers un numérique plus responsable, et d’un apport de valeur pour nos métiers et nos usagers. Je souhaite sans l’imposer, susciter une adhésion permettant la réussite de ce projet et l’enthousiasme des contributeurs. 

Qui sont les 100 personnalités, innovateurs et esprits marquants, qui donnent du sens au numérique et qui, par leurs réalisations, idées, choix ou actions… contribuent à une société plus efficiente, plus résiliente, plus juste, plus durable ? C’est la question que s’est posée, et qu’a posé la rédaction d’Alliancy mi-2022 à sa communauté dans le cadre de la préparation de ses 10 ans. Retour sur cette démarche particulière.

Chez Alliancy, nous croyons que la maturité du secteur sur la transformation de notre société et de nos organisations par le numérique est aujourd’hui mâture pour apporter des réponses différentes à l’épineuse question : « Quel numérique voulons-nous (vraiment) pour demain ? »

Dans cette liste que nous dévoilons, il ne s’agit donc pas seulement de celles et ceux pour qui le fait de transformer notre société par la technologie va de soi (parce que rien n’entrave la marche du progrès et de l’innovation), mais plutôt de celles et ceux qui, par leurs idées, leur choix, leurs décisions et actions contribuent à une société plus équitable et apaisée à tous les niveaux…

Certain.e.s ont déjà des activités bien installées et une réputation à l’avenant, d’autres sont beaucoup moins connus et débutants, mais tous nous ont suffisamment marqué pour avoir envie de parier sur eux pour un avenir commun.